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Safia Vendome est une youtubeuse, blogueuse et influenceuse de 26 ans. Sa nouvelle chaîne, ouverte en avril, compte déjà plus de 370 000 abonnés, tandis que son compte Instagram rassemble plus de 715 000 fidèles. La jeune femme, à la tête de son entreprise depuis 2014, est une pro de la communication et du marketing. Entretien.

Pouvez-vous me raconter votre parcours avant Youtube?

J’ai fait mon entrée sur Youtube en 2012. Au même moment, je débutais un master en marketing et communication. Au départ, cette chaîne de vidéos, ouverte avec une amie, c’était avant tout pour me distraire, pour le fun. Et je regardais déjà des youtubeuses beauté depuis longtemps, elles m'intriguaient. J’aime ce côté partage au sein d’une communauté. 

Notre chaîne a grossi rapidement, à mesure que notre passion grandissait. En 2014, à la fin de mon master, s’est posée la question de la suite… Arrêter Youtube pour me consacrer à un métier dans la com événementielle ? Ou le contraire ? La réponse est apparu comme évidence. J’ai pris le risque de refuser le CDI qu’on me proposait pour me consacrer à Youtube à temps plein.

Depuis le mois d’avril 2016, j’ai ouvert ma chaîne personnelle Youtube, Safia Vendome.

 

 

Quelle définition donnez-vous de votre activité professionnelle?

Mon métier, c’est de la création. Être dans une dynamique de création tous les jours pour animer une communauté sans jamais tomber dans une routine. Imaginer des choses nouvelles, surprendre, c’est un challenge quotidien. A côté, il y a également tous les aspects administratifs et business - je gère ma propre entreprise -, mais ce n’est pas le coeur de mon activité.

Au niveau du terme à employer, j’utilise «youtubeuse», mais c’est réducteur, car je crée pour bien d’autres plateformes (Instagram, Snapchat et surtout mon blog). J’emploie aussi «blogueuse», c’est un mot assez clair et que le grand public connaît. Et puis il y a le terme «influenceuse», il correspond bien, dans le sens où je guide en effet une communauté dans certaines directions, mais il est un peu abstrait et le grand public n’est pas encore averti.

Au niveau du modèle économique de mon activité, d’un côté, je suis partenaire Youtube, je monétise les vues sur mes vidéos, de l’autre j’organise des opérations avec des marques.

A la fois auteure, vidéaste, animatrice, monteuse, conceptrice-rédactrice, community manager, actrice, mannequin… Comment on gère une telle organisation?

Grâce à l’application Agenda (rires). Je suis une pro des plannings et des listes pour atteindre mes objectifs de chaque journée et savoir où je vais heure par heure. Mon calendrier de vidéos est ainsi prévu au moins un mois à l’avance, afin d'anticiper les tournages (lieux, achats de matériel…). Tout ce qui relève de la communication - relation avec les marques, toutes les personnes avec qui je travaille - doit également être pensé en amont. Si au début, une chaîne Youtube peut être gérée avec légèreté, dès que cela devient professionnel, il n’y a plus aucune place à l’improvisation.

Plus concrètement, je travaille avec deux personnes, afin de me concentrer au maximum sur la création. Ainsi, mon compagnon, Guilhem Nellim, qui est photographe à son compte, m’assiste sur toute la partie tournage et photo, et aussi sur toute la partie contrat. C’est moi qui répond aux mails sur la partie création, puis il prend la main. J’ai aussi récemment recruté une personne qui participe à la partie événementielle et à l'organisation des jeux et concours.

 

 

Une photo publiée par Safia (@safiavendome) le 16 Août 2016 à 5h30 PDT

 

Est-ce que votre formation de com et marketing est justement utile?

Oui, cela m’a beaucoup aidé, surtout au début, d’autant que j’ai étudié la communication digitale. A plus forte raison, le fait d’avoir des études supérieures m’a donné une certaine maturité, une rigueur, dans ma relation avec les marques mais également avec mes abonnés. Ensuite, c’est la pratique et les tests, qui m’ont tout appris.

Suivez-vous de près les données analytiques de vos réseaux sociaux?

Oui. Mon audience est composée de jeunes de 17 et 30 ans, elle est un peu plus âgée que la moyenne du life style sur Youtube. C’est important de savoir ce qui marche ou pas, de savoir quels sont les médias forts du moment. Du reste, j’échange beaucoup avec d’autres influenceurs pour vérifier s’ils ont les mêmes ressentis sur ces tendances.

Pour exemple, Facebook n’est plus un réseau fort pour les jeunes. C’est devenu la messagerie où échanger avec sa famille. Il reste un carrefour pour rester connecté à l’actu. Mais pour suivre des marques et des influenceurs nous allons plutôt nous rendre sur Instagram, sur Snapchat… Twitter est le réseau social parfait pour être en interaction directe avec les gens.

 

Le vlog AVEC @Iberia au Costa Rica est en liiigne https://t.co/tLIGc5k7H8 #iberiamayors pic.twitter.com/Fskl1GNrRd

— Safia Vendome (@SafiaVendome) 20 octobre 2016

 

Comment s’organise la relation avec les marques?

Je travaille soit avec les agences, soit avec les annonceurs directement. La relation avec ces derniers est de plus en plus facile, ils ont bien compris l’enjeu. Ils font appel à nous pour un savoir-faire et des connaissances qu’ils n’ont pas nécessairement. C’est vraiment de la collaboration pour que chacun se tire vers le haut. J’ai rarement l’impression d’être méprisée, et quand cela se produit je quitte immédiatement la coopération. Du reste, la confiance doit aller dans les deux sens, je suis très transparente avec les marques et leur donne un maximum d’informations pour qu’elles voient que rien n’est fait au hasard.

Comment définissez-vous votre ligne éditoriale? Comment expliquez-vous votre univers aux marques?

Je m’oriente vers des sujets de plus en plus éthiques et responsables, que ce soit dans le domaine de l’alimentation, de la qualité des produits, le bien être, la responsabilité sociale, etc… Après, ma ligne éditoriale est définie par qui je suis. Comme pour tout blogueur, nous nous exprimons par rapport à des sensibilités propres, c’est différent d’un média traditionnel.

Avec les marques, c’est donc au cas par cas. Certains produits correspondent à ma démarche, parce qu’ils sont responsables, green, cruelty free ou dans une dynamique zéro déchet… Avec certains, c’est plus compliqué. Alors cela passe par une phase de discussion avec la marque, je leur explique ce que j’aime promouvoir, que les gens me connaissent précisément pour cet engagement. Il est important pour moi que toute opération comporte cette petite touche responsable, pour faire avancer les bonnes causes. Je suis parfois surprise au cours de cette discussion de découvrir que certaines marques partagent la même vision et qu’il est possible de trouver des terrains de convergence.

Quels sont vos projets pour l’avenir?

Tout va tellement vite dans ce métier qu’il est difficile de se projeter au-delà d'un an. On fait tellement de choses différentes et on rencontre tellement de monde qu’il est difficile de choisir une seule voie. J’ai récemment refondu tout mon blog car j’avais besoin de revenir à quelque chose de plus vrai, de plus profond. J’ai actuellement la sensation que Youtube est en train de changer, comme si tout était devenu très superficiel. A l’instar de nombreux youtubeurs, je me dis parfois que tout ceci est éphémère, et qu’il faudra un jour que nous décidions quoi faire de notre notoriété. Peut-être aussi qu’à long terme j’éprouverais le besoin de retrouver un quotidien plus serein, moins sur le devant de la scène.

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