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AGENCE. David Raichman, directeur de la création d’OgilvyOne, fut l'un des premiers «creative technologists» en agence. Philosophe et scientifique de formation, il a le goût des parcours hybrides. Capucine Cousin @Capucine_Cousin

Parmi ses projets du moment, il y a la start-up Catopsys qui a dévoilé Immersis au CES de Las Vegas, une solution immersive de projection panoramique consacrée aux jeux vidéo, accompagnée par Ogilvy. David Raichman, 38 ans, directeur de la création d’Ogilvy One et directeur d’Ogilvy Lab, est un de ces profils hybrides qu’adorent les agences: geek revendiqué, scientifique et philosophe de formation. Il fut un des premiers «creative technologists», un de ces métiers en vogue dans les agences, toujours en veille sur les technologies du moment, tels les casques Oculus Rift, dont ils imaginent les usages de demain.

Ce fils d'une prof d’informatique a «commencé à programmer à 7 ans sur un ordinateur MO5, puis [il a] tchaté sur IRC». Il rêve d’être physicien, fera des masters de physique fondamentale puis de philosophie, avant d'entamer une thèse sur les interactions homme-machine puis de suivre une formation en design sonore. Là, premier gros virage: en 2004, il rejoint la start-up Hyptique, spécialisée dans la création numérique pour des musées et des marques. «Par sa formation, il savait aller très vite dans l’abstrait, dégager un système à partir d’un cas concret, être dans la prospective et dans le détail», salue Sylvie Daumal, directrice de l’agence digitale AF 83, qui l’a alors côtoyé.

Chez Hyptique, David Raichman touche au domaine émergent du «UX design» (conception de sites web pour une expérience utilisateur optimale). 2008, le voilà «interaction designer» chez Ogilvy One. «Les marques voulaient des trucs sociaux, des sites, ce qu’un directeur artistique ne pouvait faire», raconte-t-il. «Quand je l’ai recruté, il arrivait à créer des nouvelles expériences. Et il engageait des gens aux profils différents, pas issus d’agences et du marketing. Il faisait partie des premiers creative technologists en France», se souvient Frédéric Bonn, aujourd'hui directeur de création en charge du digital chez JWT New York.

Manage-toi toi même.

Chez Ogilvy, David Raichman apprend à travailler de manière transversale, «en lien avec le planning stratégique sur les aspects usages digitaux et ergonomie des sites». Parallèlement, la culture start-up commence à émerger dans les agences. Le réseau Ogilvy se dote de ses premiers accélérateurs de start-up, les Labs. David Raichman lance celui de Paris en 2012. Aujourd'hui, il manage une cinquantaine de personnes chez Ogilvy One.

«Au départ, j’avais du mal à déléguer, raconte-t-il. J’étais perçu comme un hystérique du détail, exigeant, en mode rouleau compresseur. J’ai appris à être plus souple, et à l’écoute. La manière dont on se manage soi-même reflète souvent comment on veut manager. Il faut tirer parti de ce que les gens savent faire.» «C’est un leader charismatique, enthousiaste, il a une vision qu’il sait partager», souligne Sylvie Daumal. «Il est très sûr de lui, manque peut-être parfois un peu de recul», sourit Frédéric Bonn.

Autre impératif, éviter le piège du créatif starisé. «On doit être collégial. L’idée vient non d’untel mais de l’équipe», précise David Raichman. Ses nouvelles recrues sont souvent des profils internationaux, diplômés de Strate College, Eindhoven (Amsterdam) et des Gobelins. «Elles doivent être polyvalentes: en 3D, impression 3D, motion design… S’intéresser aux technologies, et en même temps aux marques, au-delà de la publicité.»

Parcours

 

8 juillet 1976. Naissance à Paris

Septembre 2004. Interaction designer chez Hyptique

Janvier 2007. Donne des cours à temps partiel, à l'école des Gobelins

Mars 2008. Arrive chez Ogilvy One

Mai 2011. Directeur UX Design

Juillet 2012. Directeur de création et directeur Ogilvy Lab.

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