Mine de rien, Charles Egly, dirigeant de Prêt d’union, est en train de dynamiter le secteur le plus réglementé de France: la banque. Et il va vite.

«J’étais programmé pour bosser dans un grand groupe, avec un rythme de croissance raisonnable et je me retrouve à la tête d’une entreprise qui veut doubler de taille tous les ans», sourit Charles Egly, 35 ans, diplômé d’HEC. Après six années en banque d’affaires chez BNP Paribas, il a cofondé en 2009 la plateforme de crédit entre particuliers Prêt d'union (www.Pret-dunion.fr). L’arme de cet entrepreneur pour «Uberiser» le secteur bancaire et instiller ce grain de folie à ses équipes: les prophéties autoréalisatrices. «Il nous répète en permanence que l’on va révolutionner la banque, que l’on va mettre un coup de pied dans la fourmilière…», dit Thomas Beylot, directeur marketing de Prêt d’union.

Il faut dire que le manager de Prêt d’union et son associé Geoffroy Guigou, ancien d’HEC et de McKinsey, ont dû surmonter de sacrés obstacles: en particulier obtenir les précieux agréments de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) et l’AMF (Autorité des marchés financiers) avant de pouvoir se lancer comme organisme de crédit. Cela leur a pris deux ans. «S’attaquer à un monopole ou à un oligopole, c’est compliqué mais il y a des places à se faire, explique Charles Egly. Aujourd’hui nous sommes les seuls à détenir ces agréments pour les crédits entre particuliers.» L’entreprise, qui a levé 18 millions d’euros depuis le début, compte notamment dans ses actionnaires le groupe Schibsted (Le Bon coin, 20 minutes).

Craquer le marché.

Dans l’open-space de Prêt d’union, sis au-dessus de l’Aquaboulevard de Paris (XVe arrondissement), les 70 salariés doivent être prêts au grand plongeon quotidien: «Le volume de production de crédits est passé de 11 millions d’euros en 2012 à 80 millions en 2014», note Charles Egly. Et il y aura 30 embauches cette année (production de prêts, informatique, marketing…) pour atteindre la centaine de salariés. Quand il recrute, le manager cherche des moines-soldats de la croissance en ligne: «Pour “craquer” un marché, un secteur, il faut que ce soit une obsession. L’hypercroissance ça secoue, il faut l’aimer, la chérir. Cela demande beaucoup d’énergie, d’être prêt à faire des horaires à rallonge.» 

Et là encore, la foi peut être un atout important: «Il croit sans faille à son projet et c’est comme ça qu’il séduit des talents, et du coup il attire aussi des gens positifs, relève Pierre-Antoine Dusoulier, président de Saxo banque, associé chez Prêt d’union. Cet enthousiasme à tout crin - et la naïveté associée -, peuvent être aussi une limite: cela a pu lui jouer des tours quand il a dû lever des fonds.»

Son mode de management est adapté à l’hypercroissance: «Charles sait ce qu’il veut, il est toujours clair et direct dans ses consignes, d’ailleurs il n’emploie que des phrases simples (sujet, verbe, complément)», confirme Thomas Beylot, le directeur marketing. Mais le président du directoire n’est pas du genre à perdre du temps à faire du micro-management, à repasser derrière ses collaborateurs pour changer trois virgules. Et fonctionne avec les six membres de son Comex, en mode commando: «Je ne me sens pas de lien hiérarchique avec eux, c’est  surtout de la discussion et de l’interaction stratégique et technique», explique Charles Egly. Enfin chez Prêt d’union, tout le monde est logé à la même enseigne (même ordinateur, bureau et fauteuil). Il n’y a pas si longtemps, les deux fondateurs se tassaient encore dans le petit appartement de 40 mètres carrés de Charles, pour inventer Prêt d’union.

Parcours

 

1979. Naissance à Strasbourg.

2003. Diplômé d’HEC.

2003. Chez BNP Paribas : analyste private equity, puis asset management, et structureur en dérivés de crédit.

2009. Création de Prêt d’union.  

2011. Lève 4,8 millions d’euros. Prêt d’union obtient l’agrément d’établissement de crédit et prestataire de services d’investissement délivré par l’ACPR et l’AMF (autorités des marchés financiers).

Lance officiellement l’activité de Prêt d’Union.

2012. Lève 3,3 millions d’euros.

2013. Levée de 10 millions d’euros, avec comme principal investisseur Schibsted (Le bon Coin).

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