Agences et annonceurs cherchent tous les mêmes profils : des professionnels capables de les accompagner dans des innovations de rupture. Sept conseils pour coller à ces demandes.

«Les notions d’innovation de rupture et de disruption sont omniprésentes et au cœur des problématiques actuellement, et même pour les non-digitaux, tous les professionnels sont amenés à intégrer ces compétences-là, à accompagner la transformation de l’entreprise dans ses process, dans ses outils», constate Daniel Hansberger, directeur chez Clémentine, cabinet de recrutement, spécialisé dans le digital. Grands groupes, start-up ou agences, tous rivalisent sur le terrain de l’innovation. Une question de survie. Et tous cherchent à intégrer les profils disruptifs qui vont leur permettre de passer ce cap. «Quand on recrute ce type de talents c’est pour porter des projets très importants», dit Henri Danzin, directeur associé d'Oyez, agence de digitalisation de points de ventes, qui compte une vingtaine de salariés et prévoit une cinquantaine de recrutements d’ici début 2016. Comment donner une dimension disruptive à son CV: voilà dix conseils pour y parvenir.  

 

1- Créez une rubrique: «Echecs»

Savoir faire face à un échec, le surmonter et en tirer des enseignements. Le fonctionnement même du digital et sa logique de «beta-testing» relative la notion d’échec, et valorise l’amélioration permanente. «Exemple: un publicitaire qui saura tirer les leçons de l’échec d’une campagne et expliquer la façon dont il a rebondi et modifié ses pratiques», souligne Sylvia Di Pasquale, rédactrice en chef de Cadremploi et Keljob. 

 

2 – Parlez projets et résultats

«On ne recrute plus tellement des gens en fonction de leur parcours mais plutôt de leurs derniers projets, de leurs compétences, et personnalité, précise Anne-Céline Lejeune, dirigeante du cabinet ACL Partners. Il faut donc détailler ces projets, le rôle que l’on a joué et les résultats obtenus.»

 

3– Prouvez que vous êtes «adaptable»

Si votre dernière formation dans votre CV remonte à plus de dix ans, il y a peu de chances que votre profil attire l’œil d’un recruteur. L'essor des Mooc (massive open online course) offre des solutions pour se former. Si vous avez suivi des cours sur un Mooc ou des formations courtes, mettez-les avant sur votre CV. Le nec plus ultra, selon les recruteurs, étant d’avoir des notions de «coding».

Etre adaptable, c’est aussi avoir l’intelligence de faire évoluer son CV, explique Nicolas D’Hueppe, éditeur d’applications de divertissement, Cellfish (150 salariés, 25 recrutements en 2015): «J’apprécie quand un candidat modifie son CV, entre deux entretiens avec nous, cela montre qu’il a tenu compte de notre échange.»

 

4 –Valorisez vos expériences hors-cadre

«Avoir des activités extra-pro: animer une boutique en ligne, avoir un rôle clé dans une association professionnelle, animer des formations… voilà autant de preuves que vous avez un profil disruptif», insiste Daniel Hansberger, de Clémentine. Le directeur associé de l’agence Oyez, Henri Danzin, est sur la même ligne: «J’ai huit musiciens parmi mes développeurs et je leur ai installé un studio, c’est important pour moi qu’ils aient une autre activité.»

 

5 – Affichez vos compétences d’entrepreneur

«L’entrepreneuriat commence à être reconnu, valorisé, note le directeur de Clémentine. Il faut savoir en parler. Les entreprises ont besoin d’entrepreneurs qui sachent créer de nouvelles activités, qui n’ont pas peur de prendre des risques, ont des méthodologies pour résoudre des problèmes…». Et l’énergie positive qui va avec.

 

6 – Montrez que la croissance rapide ne vous effraie pas

«Une personne disruptive à mes yeux, est avant tout quelqu’un qui est capable de gérer une croissance rapide, d’y faire face, note Charles Egly, président de Prêt d’union. Cette expérience peut très bien avoir été menée dans un grand groupe: quelqu’un qui a monté une cellule et l’a fait grossir, passer de 2 à 50 personnes.»

 

7 – Engagez la conversation avec votre futur employeur

Vous pouvez aussi être disruptif dans votre manière de contacter les entreprises, suggère Anne-Céline Lejeune, d’ACL Partners: «De plus en plus de grandes entreprises ne répondent qu’aux candidats qui rentrent sur leurs réseaux sociaux. Pourquoi ne pas nouer le dialogue avec des opérationnels sur leurs pages: Linkedin, Twitter, Facebook…». Olivier Fecherolle, directeur de la stratégie et du développement de Viadeo enchérit:«Nous venons de lancer un Badge “Rencontrons-nous” sur les profils de tous nos membres, afin de faciliter les échanges dans la vraie vie. Une bonne manière d’être disruptif.»  

Disruption, comment la définir?

Dans la publicité, le terme a été défini par Jean-Marie Dru (aujourd’hui chairman de TBWA worldwide) dans son ouvrage Disruption (Village mondial, 1997): c’est«l’art de se poser les meilleures questions, en remettant en débat les conventions et en décortiquant les préjugés qui empêchent l’émergence d’idées visionnaires.» TBWA en a fait une méthodologie de travail et organise des «disruption day» pour ses clients.

 

Dans les nouvelles technologies, l'Américain Clayton Christensen, professeur à Harvard, pape de l'innovation disruptive, expliquait le concept dans La Tribune (le 10 mars 2014): «Cela désigne un changement de concept pour les clients sur un marché. L'innovation disruptive, c'est pourtant avant tout une façon de définir le processus de transformation d'un marché. Elle se manifeste par un accès massif et simple à des produits et services auparavant peu accessibles ou coûteux... La disruption change un marché non pas avec un meilleur produit - c'est le rôle de l'innovation pure -, mais en l'ouvrant au plus grand nombre.» 

 

Avis d'expert : Peut-on être très disruptif sur la forme ?

Sylvia Di Pasquale, rédactrice en chef de Cadremploi et Keljob

«C’est bien d’être original mais le but est quand même de décrocher un entretien. Et la majorité des recruteurs n’a que très peu de temps pour regarder un CV: bien souvent moins d’une minute. Il y a eu plusieurs tentatives récentes qui ont eu plus ou moins de succès.

Pas de succès direct pour Bertrand Noirhomme, jeune diplômé en marketing, qui avait envoyé, en 2012, une galette des rois à Facebook avec une fève-CV et un lien vers son profil professionnel. S’il n’a pas été embauché chez Facebook, il a décroché pas mal d’entretiens et travaille aujourd’hui comme gestionnaire de projet web.

Rien ne vaut une candidature ciblée! Et si en plus elle est originale, tous les ingrédients sont réunis pour en faire une belle idée créative. Pour attirer l’attention d’un éventuel employeur, Hannah Hugues, une jeune graphiste britannique, a eu l’idée d’envoyer une candidature sur-mesure à l’agence londonienne Sherry Design Studios. Avec son CV en forme de fléchette dont la pointe est en fait une clé USB, Hannah a visé juste: elle a même repris le slogan de, “Creativity means nothing if it doesn’t hit the target” («La créativité ne signifie rien si elle n’atteint pas sa cible»), ainsi que le logo pour habiller la boîte et le CV-fléchette. Un bon exemple de CV original avec un concept vraiment abouti. Hannah Hugues a décroché un job.  

En revanche faites toujours tester l’idée avant: une agence de communication toulousaine, Very well, a reçu, en avril 2014, une lettre de motivation rédigée sur une petite culotte, le candidat avait ponctué son texte par: “Il faut être culotté dans la vie!” Un flop.» 

 

 

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