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Le lancement de Facebook at work, la version professionnelle du réseau social, est de nature à intéresser ses entreprises pour ses commodités d'usage. Mais il y a aussi des freins à son adoption.

Le 18 novembre,  lors d'une conférence de CCM Benchmark intitulée «Intranet, RSE et transformation digitale», Laurent Gaudichaud, directeur de la communication de Suez Environnement, s'interrogeait sur les millions d'euros dépensés par les entreprises dans les réseaux sociaux d'entreprise (RSE) alors même que, dans un grand groupe comme le sien, Facebook s'est imposé comme interface collaborative pour communiquer et échanger en interne dans des pays comme le Maroc ou la Chine, où l'on se méfie des réseaux internes propriétaires. En 2013, selon Gartner, 70% des grandes entreprises avaient déployé un RSE, mais seules 10% lui attribuaient un impact positif.

Facebook a probablement entendu ces réserves, puisqu'il vient d'annoncer en test le lancement de Facebook at Work, qui se veut une réponse aux besoins des PME comme des grands groupes. «Tandis que nous luttons tous contre la surcharge d'informations, confie Lars Rasmussen, engineering director de Facebook at Work, les sociétés de toute taille ont besoin de travailler en équipes de façon plus rapide, plus simple et plus aisée. Il s'agit de partager de l'information à l'intérieur de l'entreprise afin de favoriser les collaborations et de l'amener à se mouvoir rapidement pour réaliser les choses.»  

Testé sur quelques partenaires aux Etats-Unis, Facebook at work va être proposé dans un univers du travail où le réseau social existant, qui mêle vie personnelle et contacts utiles, n’est pas toujours bien vu. «Les perspectives ouvertes par l’outil sont intéressantes, note Philippe Contet, DRH de la ville de Mulhouse. Mais Facebook devra modifier en profondeur son image de réseau festif pour établir une image pro.» Dominique Cardon, sociologue à Orange Labs, rappelle pourtant qu’il n’y a pas nécessairement perte de productivité: «Facebook apporte de la respiration et de la sociabilité entre collègues.» Mais enfin, mieux vaut un compte «pro» – ce qui est prévu – pour rassurer les DRH. Fil d’actualité pro, chats individuels ou de groupe, invitations à des événements… L’interface ressemblera beaucoup à Facebook. «De la même façon que nous connectons les gens, nous voulons connecter des collègues en leur fournissant des outils accessibles qu'ils ont déjà probablement utilisés (news feed, groups, messages, events) pour la collaboration et le partage d'information dans l'entreprise», ajoute Lars Rasmussen.

Problèmes de mesures.

Facebook at Work ne vise pas a concurrencer Linked In ou Viadeo, qui aident les professionnels à construire leur réseau. C'est un outil centré sur le partage et le collaboratif à l'intérieur des boîtes. Anthony Poncier, directeur social business à MSL Group (Publicis Consultants), reste néanmoins dubitatif. «Facebook arrive dans un secteur très concurrentiel où les entreprises proposent beaucoup de solutions inspirées de son design et liées aux processus de travail, dit-il. Facebook at Work intéressera sans doute plus les PME qui n’ont pas les moyens de se payer un RSE. Mais ce n’est pas parce que les sociétés ont des pages Facebook que les salariés interagissent dessus. Gartner a montré que 80% des projets collaboratifs qui sont centrés sur l’outil sont des échecs. La dimension culturelle et managériale est fondamentale. Quelle sera la vision portée par le top management?»

A l’entendre, le tort des technologies – à l’instar de Yammer (Microsoft) ou Catter (Salesforce) – est ainsi de se projeter dans l’entreprise sans en mesurer les cultures managériales. D’autant que les questions liées à la confidentialité des données sont de nature à échauder bien des DSI. Facebook répond qu’il utilisera ses systèmes de sécurisation de la donnée liée au «machine learning» et au chiffrement pour protéger les comptes des employés. Il promet même «des certifications de sécurité de niveau entreprise», argue Lars Rasmussen.

Facebook peut, en tout cas, compter sur une bonne image dans l’univers des start-up. Via un login, il aide à créer gratuitement des applis offrant des expériences personnalisées et nomades aux clients, de l’ordinateur au mobile. «85% des top apps utilisent ce mode d’identification. Nous apportons aux entrepreneurs un outil pour construire leur stratégie, aiguiller leur business avec de la vraie donnée et pour gagner en audience», assure Julien Lesaichère, responsable de la plateforme mobile de Facebook. Bla Bla Car ou Pretty Simple en ont profité. La fonction Facebook Start met aussi à disposition des lanceurs d’applis une vingtaine de services gratuits qui vont de la gestion RH à la localisation de données en passant par la traduction de documents ou des outils de campagne de pub. De quoi intéresser les plus petits…

 

 

3 questions à Ludovic Hureaux, fondateur d'Attractive World

 

Vous avez créé Shapr, un réseau social pour les professionnels fondé sur l'idée du lien de confiance. Comment cela fonctionne-t-il ?

 

Nous avons levé 5,3 millions d'euros auprès d'investisseurs privés en partant d'un constat : souvent la mise en relation est le fruit du hasard. L'idée de Shapr est d'amener beaucoup de rencontres décisives dans votre carrière. Nous limitons ces contacts utiles à cinquante par défaut. Avec l'idée que le gens qui sont dans ce réseau de confiance auront directement accès aux 50 contacts de vos 50 contacts sélectionnés, soit potentiellement 2500 personnes.

 

Vous vous êtes lancé en janvier en France, après les États-Unis. Quels secteurs visez-vous ?

 

C'est sans limite. Quel que soit l'industrie ou le service, vous avez besoin d'un réseau pour trouver un nouveau job, chercher des partenaires ou des fournisseurs. Linkedin et Viadeo sont complémentaire de Shapr qui permet la rencontre à travers un cercle de confiance restreint. 

 

Est-ce aussi un réseau d'échange à l'intérieur de l'entreprise comme Facebook at work ?

 

On l'espère. Facebook at work sera utilisé pour collaborer dans l’entreprise, faire passer des documents, etc. Nous, c’est pour y rencontrer de nouvelles personnes. C'est un outil très puissant dans les groupes pour permettre un accès direct entre les équipes et les départements. On peut l'utiliser pour collaborer avec d'autres au sein d'une entreprise ou à l'extérieur (professions libérales, free-lance, auto-entrepreneurs). Nous avons un potentiel de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs. 

3 questions à Ludovic Hureaux, fondateur d'Attractive World

 

Vous avez créé Shapr, un réseau social pour les professionnels fondé sur l'idée du lien de confiance. Comment cela fonctionne-t-il ?

Nous avons levé 5,3 millions d'euros auprès d'investisseurs privés en partant d'un constat : souvent la mise en relation est le fruit du hasard. L'idée de Shapr est d'amener beaucoup de rencontres décisives dans votre carrière. Nous limitons ces contacts utiles à cinquante par défaut. Avec l'idée que le gens qui sont dans ce réseau de confiance auront directement accès aux 50 contacts de vos 50 contacts sélectionnés, soit potentiellement 2500 personnes.

 

Vous vous êtes lancé en janvier en France, après les États-Unis. Quels secteurs visez-vous ?

C'est sans limite. Quel que soit l'industrie ou le service, vous avez besoin d'un réseau pour trouver un nouveau job, chercher des partenaires ou des fournisseurs. Linkedin et Viadeo sont complémentaire de Shapr qui permet la rencontre à travers un cercle de confiance restreint. 

 

Est-ce aussi un réseau d'échange à l'intérieur de l'entreprise comme Facebook at work ?

On l'espère. Facebook at work sera utilisé pour collaborer dans l’entreprise, faire passer des documents, etc. Nous, c’est pour y rencontrer de nouvelles personnes. C'est un outil très puissant dans les groupes pour permettre un accès direct entre les équipes et les départements. On peut l'utiliser pour collaborer avec d'autres au sein d'une entreprise ou à l'extérieur (professions libérales, free-lance, auto-entrepreneurs). Nous avons un potentiel de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs. 

 

 

Des emplois indirects générés par Facebook

 

S’il est une firme qui adoptera tout de suite Facebook at work, c’est Facebook lui-même et ses 9 200 salariés (+45% en un an). Toutefois, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à adopter l’écosystème de ce géant de l’internet. Sur la foi d’une estimation de Deloitte, Facebook se flatte d’avoir généré en 2014 la création de 78 000 emplois indirects en France (contre 22 000 en 2011) dans les secteurs du logiciel, des applications ou du marketing. PME, start-up , éditeurs, développeurs ou agences médias (Havas, Publicis…) utilisent Facebook comme un outil de travail. 36 000 emplois auraient été créés grâce à l'impact «marketing» du réseau social, 27 000 dans les applications mobiles et 16 000 «à travers la contribution de Facebook à la demande d'appareils connectés».

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