Loïc Soubeyrand est le directeur de la stratégie de Teads, une société spécialiste de la publicité vidéo qu’il a fondée avec deux associés en 2011. Elle emploie aujourd’hui 320 personnes dans le monde.

«Je n’ai pas changé, assure Loïc Soubeyrand, ma vie a changé mais pas moi.» A l’origine avec deux collaborateurs d’une start-up créée en 2011, il est aujourd’hui le directeur de la stratégie d’une société embauchant 320 personnes dans 15 pays. Entretemps Teads, sa société, a réalisé une première levée de fonds, de 4 millions d’euros, une fusion avec l’un des spécialistes de la publicité vidéo, E-Buzzing, puis une deuxième levée de fonds, de 24 millions d’euros cette fois. La prochaine étape est l’introduction en bourse à New York.

Teads est restée basée à Montpellier, ville d’origine de Loïc Soubeyrand, qui en garde un léger accent. Le chiffre d’affaires s’est élevé en 2014 à 76 millions d’euros, en croissance de 65%. Elle doit ce succès à l’invention d’un format publicitaire vidéo, l’in-read, qu’elle vend aujourd’hui à 500 médias, parmi lesquels Le Monde, TF1, The Financial Times ou encore The Washington Post.

«Je crois qu’on a complètement préservé cet esprit start-up, toujours à fond», explique pourtant Loïc Soubeyrand. Ce qui n’a pas changé selon lui, c’est le cœur de son métier et ce qu’il aime le plus: la nécessité d’innover. Car si on le prend souvent pour David Guetta, lui se verrait plus volontiers Steve Jobs. «Pas très original comme modèle, admet-il, ce que j’aime chez lui, c'est qu’il voyait les choses en grand». Même si, comme le DJ Français, il prend chaque semaine l’avion pour rendre visite à ses antennes à l’étranger.

Patron confident

A 28 ans, soit la moyenne d’âge des salariés de Teads, Loïc Soubeyrand ne se trouve jamais «jeune». Dans la société, il paraît même être le plus sage. «C’est quelqu’un de calme, très ordonné, confirme Olivier Reynaud, cofondateur de Teads qui le côtoie depuis sept ans, il ne se précipite pas et parfois on aimerait même qu’il aille plus vite!» «J’aime prendre le temps de recueillir les avis», se justifie Loïc Soubeyrand, qui affirme connaître les prénoms de la cinquantaine de salariés qui travaillent avec lui à Montpellier.

Loin d’être austère, «il a son style, son franc-parler, observe Olivier Reynaud, il dit quand ça va pas mais n’hésite pas à dire que “c’est génial!” ou qu’il “surkiffe”». «Avant l’interview, il jouait à Fifa avec quelques collègues», glisse encore Olivier Reynaud.

Loïc Soubeyrand refuse pour autant l’appellation de «patron copain»: «plutôt patron confident parce qu’on peut me dire des choses personnelles», raconte-t-il. Il dit toutefois travailler à une meilleure communication interne car «j’entends les gens dire que je suis absent», et veut systématiser l’organisation de grandes réunions du département innovation, une fois tous les deux mois.

A l'euro près

Il s’inspire beaucoup des méthodes de Pierre Chappaz, directeur d'E-buzzing et aujourd’hui directeur exécutif de Teads. «Je me forme en écoutant, car je n’ai jamais eu de patron», explique-t-il. Loïc Soubeyrand est en effet entrepreneur depuis ses 19 ans. Alors en étude de gestion à l’IUT de Montpellier, il fondait entre deux cours Flash 2 Night, un réseau de photographes de soirées qui vend ensuite les clichés sur internet. Si l’entreprise n’a pas été un franc succès, elle lui a permis de découvrir les joies du business model et de la gestion, et mené vers une collaboration avec Olivier Reynaud, avec qui il a fondé Teads avec Loïc Jaurès.

Il garde de ces expériences le souci de la gestion à l’euro près. Cet amateur de design suit avec attention le réaménagement des bureaux de Montpellier. «Il connaît au centime près le prix de la déco à 14,90 euros!», le taquine Olivier Reynaud.

2 mars 1986 : Naissance à Montpellier
2004 : Entre à l’IUT de gestion de Montpellier
2005 : Crée Flash 2 Night
2009 : Diplômé d’un master 2 contrôle de gestion à Montpellier 1
Juin 2011 : Création officielle de Teads
2013 : Levée de fonds de 4 millions d’euros
2014 : Fusion de Teads avec Ebuzzing
2015 : Levée de fonds de 24 millions d’euros

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