Evénement
A l’occasion des journées portes ouvertes «Start-up Assembly», 40 étudiants de l’ENA ont pu aller dans six start-up. Reportage.

Jeudi 28 mai, 40 étudiants de l’ENA (Ecole nationale d’administration) étaient en visite dans des start-up parisiennes, dans le cadre de la «Start-up Assembly», sorte d’opération portes ouvertes dans 500 start-up de France, avec plus de 1 000 offres d’emploi à pourvoir.

Au programme pour ces énarques, une immersion chez  Blablacar, Capitaine Train, Leetchi, Mauna Kea Technologies, Kiss Kiss Bank Bank ou encore A Little Market. Avec, à chaque fois, une présentation et une séance de questions-réponses entre les étudiants et un représentant de l’entreprise. Un choc des cultures intéressant entre des énarques, souvent en costume gris, sur le point de rejoindre les ministères et grandes administrations, et des dirigeants de start-up, en jeans-baskets, qui bataillent souvent contre l’Etat pour développer leur activité.

Ainsi, chez Blablacar, les questions ont fusé parmi les étudiants durant près d’une demi-heure: «Comment l’Etat devrait-il s'organiser pour simplifier votre développement?», «Quelle est votre stratégie à l’international?», «Quel est votre niveau de marges sur les courses?» Au point que Laure Wagner, directrice de la communication corporate de Blablacar, ne savait plus où donner de la tête.

«Créer un écosystème favorable»

C’est Marc-Arthur Gauthey, organisateur de l’événement «Start-up Assembly», qui a eu cette idée: «J’ai contacté Nathalie Loiseau, directrice de l’ENA, et je lui proposé ces visites. Elle a tout de suite été emballée et a soumis l'idée à ses étudiants de deuxième année. La moitié de la promotion, 80 personnes, a fait le déplacement, se félicite-t-il. Je suis persuadé que cette découverte de l’innovation est indispensable pour ces futurs fonctionnaires.»

Parmi les 40 étudiants de l’ENA présents se trouvait Jean-Baptiste, 27 ans, qui se destine au ministère de l’Economie: «Cela nous aide à réfléchir à la façon de créer un écosystème favorable aux start-up, nous confronte à la réalité. Je trouve cela bien qu’il y ait cette circulation entre l’Etat et les entreprises. Mais il faut aussi se méfier des idées reçues sur l’Etat. Nous avons récemment assisté à une conférence d’Henri Verdier, directeur d’Etalab, sur l’open data et, dans ce domaine par exemple, l’Etat est moins en retard que certaines grandes entreprises.»

«Enarques numériques»

Cette rencontre est totalement bénéfique, selon Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, qui avait fait le déplacement: «Il y a un enjeu culturel de transformation numérique pour l’administration. Moi-même, je veux être entourée d’énarques numériques et les étudiants de l’ENA sont les futurs “start-uppers” de l’Etat. D’ailleurs, on pourrait imposer que le stage obligatoire en entreprise se fasse systématiquement dans une start-up.» Autre intérêt, selon la secrétaire d’Etat: «Les patrons de start-up peuvent contribuer à instiller une culture du risque dans les institutions publiques.»

Pour sa part, Elodie, 31 ans, qui se destine à devenir préfète, retiendra autre chose de ces visites: «Les start-up sont “punchies” et assez douées pour se vendre, à l’inverse de l’Etat, qui agit beaucoup mais a du mal à communiquer. Il faut réussir à faire connaître ce que l’on fait.»

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