Emmanuel Alix (L'Equipe), approche directe

Ne pas se précipiter pour se concentrer sur les usages. Face au rythme effréné qu’impose le numérique, Emmanuel Alix tempère. «Il y a quelques années, il fallait se positionner très vite dès qu’une nouveauté sortait. Aujourd’hui que le média est plus installé, nous attendons de voir s’il y a des usages avant d’y aller», assure le manager de 37 ans, nommé en novembre dernier directeur du pôle numérique de L’Equipe.

Sa mission? Poursuivre le développement numérique du quotidien sportif (5,6 millions de visiteurs uniques sur ordinateur en novembre, selon Médiamétrie-Netratings) mais aussi innover. Après l’accélération de sa stratégie premium ces 18 derniers mois, lui permettant de passer de 10 000 à 50 000 abonnés numériques, L’Equipe prépare une offre du soir payante sur mobile pour avril, à quelques semaines de l’Euro de football. «Nous ne sommes pas là pour que les choses soient juste belles, il faut être efficace pour le lecteur. Le service qui perdurera sera celui qui apportera le bon contenu», insiste Emmanuel Alix, entré à L’Equipe comme chef de projet web.

C’est ainsi que, faute d’usage, le quotidien sportif a renoncé à son édition numérique déstructurée pour ne garder que le PDF. C’est également pour répondre aux usages que L’Equipe a lancé l’été dernier l’application mobile Mercato, qui agrège une multitude de sources traitant du marché des transferts dans le football. «Pour des projets qui ne demandent pas beaucoup d'investissements, c'est bien de faire les choses rapidement», modère le dirigeant.

Emmenez-moi

Au quotidien, Emmanuel Alix défend un management assez direct, une approche pragmatique et attend de ses équipes qu’elles jouent collectif. «Lors d'un entretien d’embauche, je regarde comment le candidat se comporte collectivement, quelle est sa capacité à faire accepter une idée. Etre capable d’emmener les gens avec qui on travaille est clé dans ce qu’on fait», explique-t-il, lui qui travaille en étroite collaboration avec la rédaction du titre.

«C’est quelqu’un qui a la fermeté et la poigne indispensables pour mener à bien des projets digitaux. Alors que tout le monde a toujours plein d’avis sur le digital, lui sait ce qu’il veut et il arrive à défendre son point de vue, même s’il doit encore s’affiner un peu», se rappelle Xavier Spender, PDG de L'Equipe 24/24 jusqu’en juillet 2015. «Emmanuel Alix est souple d’esprit et assez direct. Il peut paraître dur pour certains, mais il sait ce qu’il veut, ce qui n’est pas simple face à des gens qui, eux, ne le savent pas toujours», renchérit Jérôme Cazadieu, directeur de la rédaction.

Un rêve d'homme

Parisien d’origine, Emmanuel Alix dirige une vingtaine de personnes, essentiellement des chefs de projet et des équipes marketing. Moyenne d’âge: 30 ans, quasi-exclusivement des hommes, passionnés de sport, pour qui travailler à L’Equipe est un rêve. «Nous avons assez peu de turn-over, ce qui peut poser problème car ça manque parfois de sang neuf», regrette Emmanuel Alix. D’où son intérêt pour des profils différents, passés par le secteur du e-commerce ou des start-up. Prochaine étape, renforcer encore la complémentarité entre les différents supports. C’est dans cette logique que le directeur général du journal, Cyril Linette, a décidé d’unifier sous la marque L’Equipe la chaîne L’Equipe 21 et le site Lequipe.fr, avec «le web à la croisée des chemins», indique Emmanuel Alix. Sur tous les supports, L’Equipe joue collectif.