Digital manager
Après France Télévisions, Laurent Frisch pilote la stratégie numérique de Radio France. Fervent adepte de la méthode agile, il mêle au quotidien pédagogie et autonomisation de ses équipes.

L’arrogance est un vilain défaut. Pour Laurent Frisch, c’est même «le premier péché capital» pour qui travaille dans le numérique. «Régulièrement, des personnes qui ne sont pas dans ce secteur nous font découvrir des choses que nous ne connaissons pas. Cela appelle à l’humilité permanente, c'est clé dans nos postures managériales», estime celui qui a quitté France Télévisions pour Radio France il y a un peu plus d’un an. C’est dans cette logique qu’il a commencé par rebaptiser la direction des nouveaux médias direction du numérique, tout un symbole. «Le terme nouveaux médias sous-entend que nous, nous savons et les autres pas, alors que nous fabriquons tous le même média», insiste le directeur du numérique.

Sa mission à Radio France: accompagner ce nouveau rapport du média radio à son public qu’impose la généralisation d’internet. «Le numérique ne doit pas être vu comme un champ de diversifications mais comme un changement de modèle. C’est important que tous les salariés aient conscience de ce qui est en train de se passer et de comment ça peut les toucher au quotidien», souligne le directeur. Depuis janvier, il a par exemple mis en place des «cafés du numérique», où les quelque 4 500 salariés de Radio France sont invités, une fois par mois, à s’informer et échanger sur les projets numériques du groupe, comme les webradios de Fip ou le nouveau site de France Culture.

Pour chacun de ces projets, Laurent Frisch utilise des méthodes agiles, une approche courante dans les start-up, moins à Radio France, et qui se matérialise par un mur de Post-it multicolores qui évolue selon l’état d’avancement des tâches. «La méthode agile peut être très perturbante pour les managers: toutes les décisions quotidiennes leur échappent. Mon rôle est de donner une vision, ce n’est pas à moi de la traduire en actions. En revanche, je suis là pour mettre en place les conditions de cette prise de responsabilité par les collaborateurs», martèle-t-il.

Approche non violente

Dans le cas de la refonte du site de France Bleu par exemple, qui a été mise en ligne en septembre 2015, le dirigeant a commencé par réunir au sein d’un groupe de travail les différentes parties, à commencer par les journalistes de la radio. «Le site est né de cette démarche de co-construction et non comme un objet conçu de façon isolée par la direction numérique», se rappelle Laurent Frisch.

«C’est quelqu’un qui a une manière très franche et très humaine d’aborder les problèmes; il n’y a pas de violence dans son approche. Il a aussi une capacité de pédagogie qui fait que c’est simple de comprendre où il veut aller», explique Christophe Israël, responsable du numérique de France Inter, dont le site évoluera au printemps. «Il passe beaucoup de temps à mettre en place la délégation et prête beaucoup d’attention au rôle de chacun. Il a aussi cette petite touche anglo-saxonne pince-sans-rire qui lui permet de détendre l’ambiance dans des réunions importantes», ajoute Florent Latrive, délégué aux nouveaux médias chez France Culture.

Après Fip, Laurent Frisch travaille à la création de webradios pour France Musique. «Dans les télécoms [où il a travaillé pendant onze ans, ndlr], c’est l’offre des opérateurs qui structure le marché. Dans les médias, c’est l’usage, ce qui oblige à penser différemment, y compris en termes de management», analyse Laurent Frisch.

Son parcours

1974. Naissance à Paris.

1997. Diplômé de l’Ecole Polytechnique puis de Telecom Paris Tech.

1999. Entre chez Orange.

2011. Directeur de France Télévisions éditions numériques.

2015. Directeur du numérique de Radio France.

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