Réseaux sociaux
Le réseau social professionnel Slack est la plateforme d’échange de prédilection des start-up et agences digitales. Un vrai succès qui pourrait éclipser l’email…

Le coup de pub parfait! Il y a quelques mois les équipes de la NASA ont utilisé Slack pour communiquer entre elles, pendant un vol spatial. La start-up qui a créé un réseau social d’entreprise nouvelle génération n’en avait pas besoin. Les start-up raffolent de son outil, les sociétés high-tech l’adoptent massivement et les équipes numériques des groupes en sont friandes… Slack est en train de réussir dans les réseaux sociaux d’entreprise, un domaine où beaucoup se sont cassé les dents: Bluekiwi et tant d’autres… Alors, quelles sont les armes de Slack pour s’imposer comme une plateforme collaborative enfin efficace? Cet outil va-t-il tuer l’e-mail?

Les exemples d’entreprises ayant adopté Slack ne manquent pas: les équipes numériques de Radio France, l’agence digitale Extrême Sensio, la start-up Bluelinea ou encore le spécialiste du marketing mobile Mozoo... Premier intérêt de l’outil: il désengorge les boîtes e-mails. Comme les échanges professionnels et les discussions sur les projets se déroulent dans le cadre la plateforme, le volume d'e-mails baisse réellement. «On l’utilise aussi bien pour des échanges plus légers que pour des discussions formelles, et cela a l’avantage de faire disparaitre les boucles d'e-mails interminables, où tout le monde se répond», constate Lucas Danjean, directeur général de l’agence Extrême Sensio.  

Le président du directoire de Bluelinea, opérateur d’objets et services connectés consacrés à la santé et aux seniors, a aussi choisi Slack dans cette optique: «L’idée était de limiter l’usage des e-mails en interne parce que cela durcit le dialogue social. Depuis six mois, Slack nous sert à la fois à échanger sur des sujets légers, et à plancher sur des projets, en créant des salles de réunions virtuelles.» Résultat chez Bluelinea, les messages des clients ne sont plus totalement noyés et quand le patron se fend d’un e-mail, les salariés savent que le sujet est vraiment important.

Tri sélectif

Eradiquer totalement les e-mails internes, c’est le rêve de Jules Minvielle, le président de Mozoo (spécialiste du marketing mobile), qui a intégré Slack depuis presque un an. A France 24, Sylvain Attal, directeur adjoint de France 24, chargé des nouveaux médias constate aussi des gains de productivité grâce à ce réseau: «Cela remplace les e-mails et résout le problème d’avoir à trier les messages qui ne nous concernent pas.» Même constat à Radio France où l’adoption ne date que de quelques mois: «Cela nous a permis de réduire un peu le volume d'e-mails et cela remplace aussi d’autres outils comme Google drive, We transfer…, liste Laurent Frisch, directeur du numérique de Radio France. Et surtout cela nous sert dans les projets, au quotidien, cela a créé une vraie dynamique d’échanges.»

Généralement, les utilisateurs de Slack trouvent dans le réseau un vecteur de discussions informelles, et plus simples. Il faut dire que la plateforme a aussi recréé un univers très social et fun avec des emoticônes par exemple. Autre force de Slack: on peut créer des canaux différents en fonction des sujets: «Nous disposons d’une chaîne pour faire de la veille (partager des articles), et une autre pour organiser le suivi de nos projets…», explique Laurent Frisch. Et chacun peut s’abonner à la chaîne qu’il souhaite.  

Chez Mozoo, société spécialisée dans le marketing mobile, qui a des bureaux principalement à Paris et Londres, Slack fait partie du paysage et contribue à la culture d’entreprise: «Il y a une chaîne “achievement” (réalisations) sur laquelle chacun publie ses petites victoires: “Je viens de signer une campagne pour Universal” ou encore “je viens d’envoyer le premier bon de commande de ma vie”, et les autres commentent ou félicitent», détaille Jules Minvielle, le président de Mozoo.  

Chez Bluelinea, Slack permet aussi  de recréer du lien car l’entreprise est très éclatée géographiquement: son siège est à Elancourt (78), et elle compte six agences, en plus de son bureau parisien. Et le patron n’hésite pas à poster des photos de lui en déplacement… C’est donc aussi un outil de communication interne. Et un moyen de créer des communautés ouvertes vers l’extérieur de la société: «Il y a des usages pédagogiques qui peuvent être inter-entreprises, pour créer des communautés apprenantes au-delà des frontières de l’entreprise», pointe Jean-Noël Chaintreuil, fondateur du cabinet de conseil 231E47. Pour autant, l'outil n'échappe pas au droit à la déconnexion: chez Bluelinea, pour éviter toute forme d’addiction, Laurent Levasseur a décidé de couper l’accès à Slack de 20 heures à 8 heures du matin...  

Avis d’expert

 

«En deux clics on peut interagir» 

Jean-Noël Chaintreuil, fondateur du cabinet de conseil 231E47

 

Comment vous définiriez Slack?

Jean-Noël Chaintreuil. C’est un espace collaboratif et participatif, un réseau social d’entreprise (RSE) de nouvelle génération, avec une segmentation en canaux d’information. Comme sur Facebook, ces canaux peuvent être ouverts, restreints ou privés. Cela fait appel aux mêmes mécanismes que les réseaux sociaux actuels, très empreints de cette culture digitale: on peut y poster des emojis, des photos, des vidéos… Il est aussi possible de taguer les gens comme sur Facebook ou par exemple d'organiser des votes par emojis sur des sujets funs.

 

N’est-ce pas juste un phénomène de mode?

J.-N.C. Non, je ne pense pas. D’abord parce que c’est un outil qui fonctionne pour des métiers assez différents: design, informatique, conseil… Et puis ce n’est pas juste une plateforme mais il y a tout un écosystème, avec des innovations produit en permanence. Ce système est très ouvert, chacun peut l’améliorer. Moi je m’en sers aussi bien pour faire de la veille, du développement de produits, du suivi des clients, de l’e-commerce… Je peux suivre mes analytics directement dans Slack. J’ai ajouté un plug-in: résultat je suis averti dans Slack dès qu’un internaute interagit sur notre site web. En plus, cet outil est pensé pour le mobile: tout est consultable sur une page. En deux clics on peut interagir, changer de chaine d’un glissement de doigt à gauche ou à droite. Même si je ne suis pas sûr que les grands groupes l’adoptent.  

 

A retenir

Slack, c’était à l’origine une start-up de jeux vidéo, qui a décidé de lancer un réseau social professionnel, début 2014.

L’entreprise a levé 160 millions de dollars en avril 2015 et sa valorisation approche les 3 milliards de dollars.

La plateforme Slack compte 2 millions d’utilisateurs quotidiens, à peine plus de deux ans après son lancement (dont 500 000 utilisateurs payants).

Elle fonctionne sur un modèle freemium: les services de base sont gratuits et les options payantes. 

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