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A l’occasion du CES Asia, les entreprises françaises ont lancé une grande offensive avec le lancement officiel de la French Tech Shanghai et la visites d’entreprises pour une délégation de Croissance Plus… Reportage.

A Shanghai, le coq chante à midi! C’est à cette heure-là, le 11 mai, dans la banlieue de la mégalopole chinoise (24 millions d’habitants), que la French Tech est passée à l’offensive sur le CES (Consumer Electronic Show). Une paire de ciseaux à la main, le consul général de France, Axel Cruau et le président de la Consumer technology association, Gary Shapiro, découpent le ruban du pavillon French Tech, le seul représentant un pays. Ils lèvent le rideau sur dix-sept start-up (et scale-up) françaises regroupées derrière cet étendard. Parmi elles, il y a Phoceis, une start-up de 38 salariés, présente à Lille et Shanghai, qui crée des applications pour les mobiles et objets connectés. «Nous avons par exemple installé plus de 1000 “beacons” dans les panneaux interactifs JC Decaux, implantés dans les deux aéroports de Shanghai, il s’agit plus exactement de “Weacon”, puisqu’ils permettent d’interagir via le réseau social We Chat, précise Augustin Misoffe, DG Asie de Phoceis. En agitant leur smartphone devant les panneaux, les passants peuvent obtenir des coupons de réduction» (lire aussi P.). Pour Phoceis, le marché chinois se révèle stratégique: «Il est très intéressant et évolue très vite, aujourd’hui il est possible grâce à We Chat de payer son taxi, d’envoyer de l’argent, d’obtenir des coupons de réduction des marques…»

Au même moment, une délégation d’une vingtaine de dirigeants de l’association Croissance plus (qui regroupe 400 entreprises de croissance dont Blablacar, Parrot…), sillonne les allées du CES à la découverte du marché chinois. «Nous avons créé une antenne en Chine fin 2015 pour aider nos membres à s’implanter sur ce marché, explique Jean Rognetta, délégué général de Croissance Plus. Le développement des entreprises de croissance passe nécessairement par l’international.» Au programme, à Shanghai: des visites d’entreprises.

«Nouvelles technos, médias publicité... ce marché attire tout le monde»

Jeudi 12 main, sur le stand de la French Tech au CES Asia, le coq rouge, stylisé, continue de chanter: les visiteurs internationaux et chinois se pressent pour découvrir les pépites françaises. Et le consul général de France à Shanghai, Axel Cruau, bénit le lancement officiel de la French Tech: «La Chine, c’est un immense marché mais aussi un pays où il est dur d’implanter son entreprise, du coup on a besoin de se serrer les coudes entre Français, dit-il. Pour réussir à Shanghai, il faut être présent sur place; prendre le temps de comprendre cette culture des affaires, très différente. Même si globalement les sociétés françaises sont regardées et appréciées.» La réciproque est aussi vraie: «Le marché chinois attire tout le monde, les entreprises de nouvelles technologies, de la distribution, des médias, de la publicité… mais il est très concurrentiel, relève Stéphane Monsallier, directeur général de System in motion, et coordinateur de la French Tech dans la mégalopole. La French doit aider aider les entreprises déjà installées et en inciter d’autres à venir s’implanter, en leur offrant une plateforme, un premier point de contact et un réseau.» Si App Annie n’est pas présente au CES, son succès est cité en exemple par bon nombre d’entrepreneurs ici: «L’entreprise a été créée il y a six ans à Pékin, par Bertrand Schmitt, explique Thierry Guiot, directeur Europe du sud d’App Annie. Aujourd’hui nous sommes 450 salariés entre San Francisco et Pékin.» La société spécialisée dans le mobile «analytics» (applications) revendique la place de leader mondial sur ce créneau.

De l'énergie, du temps, de la trésorerie

Retour sur le stand French Tech: parmi les pépites prometteuses hexagonales, il y a Heatzy: «Nous avons créé un boîtier qui se connecte sur les radiateurs électriques, neufs ou anciens, et permet de les contrôler à distance via son smartphone, explique Nicolas Bonsignore, le fondateur de l’entreprise. Nous commercialisons deux produits, un peu différents, sur les marchés français et chinois. Le fait d’être sur le stand French Tech permet de donner plus de visibilité à ce lancement.» Dans la catégorie poids lourd de la French Tech, représentée ici, il y a Virtuos: géant du jeu vidéo qui compte plus de mille salariés, entre la Chine, le Vietnam et la France pour les studios d’animation… «C’est la première fois que la French Tech se regroupe et cela permet de montrer ce que l’on est capable de faire en termes de technologies», dit Gilles Langourieux, le PDG de Virtuos. Tous ces entrepreneurs ont conscience que réussir en Chine demande de l’énergie: «Pour réussir ici, il faut avoir du temps et donc de la trésorerie car le marché chinois est compliqué, prévient Benoît Raoult, président de Jumo Group (35 salariés). Et s’il y a actuellement un ralentissement de la croissance, c’est surtout vrai pour le secteur industriel, pas celui des services.»

Compléter son réseau de partenaires

Vendredi 13 mai, pendant que le stand French Tech continue de faire le plein au CES, les membres de la délégation Croissance plus multiplient les visites d’entreprises: après Fred & Farid Shanghaï, ils se rendent chez Dragon rouge. En face d’eux, trois dirigeants: Christophe Gamet, le DRH de l’Oréal China, Jean-Baptiste Danet, le président de Dragon rouge qui a aussi des bureaux ici (également vice-président de Croissance plus) et Olivier Chouvet, fondateur de Glamour Sales, un site de vente privée de marques de luxe, qu’il a revendu au géant chinois Ali Baba.

Dans la délégation Croissance plus, en visite en Chine, il y a ainsi Franck Moley, directeur général d’Hopscotch group (550 salariés à Paris, Dublin et Casablanca): «Nous avions déjà fait une incursion en Chine, il y a quatre ans avec l’ouverture d’un bureau à Pékin et Shanghai, Hongkong, pour voir, relate le manager. Nous n’avons gardé que l’antenne de Hongkong. Si nos clients nous demandent de les accompagner à l’international, aujourd’hui ce serait impossible de leur offrir tout l’éventail de services que nous proposons à Paris. Je suis à Shanghaï pour compléter notre réseau de partenaires professionnels: agences événementielles, RP, digital, traiteurs, prestataires techniques.»

La French Tech Shanghai compte déjà 170 membres

Vendredi soir, c’est déjà l’heure du démontage sur le stand French Tech du CES Asia. Le bilan est largement positif: car au-delà du stand au consumer electronic show, la French Tech a réussi à regrouper 170 membres, présentés dans son annuaire, et plus de 450 participants au sein de son groupe We Chat (principal réseau social ici). Parmi les membres de cette French Tech Shanghai, il y a ainsi Linkfluence (200 salariés dans le monde), l’éditeur du logiciel Radarly, qui collecte les informations sur le web et les réseaux sociaux: «Nous avons racheté une société en Chine l’an dernier, ce qui nous permet d’analyser les réseaux sociaux chinois, dit Hervé Simonin, président de Linkfluence. Cela devrait être un relais de croissance stratégique pour nous: l’objectif est que la Chine représente 20% de notre chiffre d’affaires d’ici à deux ans.» A ce rythme-là, le coq de la French Tech n’a pas fini de chanter à Shanghai…

L’Efap ouvre son MBA digital à Shanghai

Le 13 mai dernier l’EFAP (groupe EDH) a inauguré, en même temps que le CES Asia, son MBA digital marketing et business à Shanghaï. Une formation créée en partenariat avec l’école de commerce l’ESSCA, présente en Chine depuis dix ans, et le think-tank, le Hub Institute. En France, ce MBA créé en octobre 2015, est déjà déployé à Paris, Lille, Lyon, Bordeaux. «L’idée est d’établir un pont entre Paris et Shanghai, d’offrir aux étudiants le meilleur du digital européen et asiatique: 50% des cours seront assurés par des experts européens et 50% par des spécialistes du digital chinois, détaille Vincent Montet, directeur de ce MBA spécialisé. Cette double connaissance est indispensable pour coller aux besoins des entreprises européennes qui souhaitent aussi se développer en Chine et des géants chinois du digital (We Chat, Baidu, Alibaba) qui arrivent en Europe.» Au sein de l’équipe pédagogique de ce nouveau MBA, il y a Frédéric Raillard, cofondateur de Fred & Farid, Frank Desvignes, fondateur de l’Axa lab Asia et directeur de la transformation digitale Asie d’Axa, Emmanuel Vivier, président du Hub Institute, Muriel Blanc, directrice de la marque et du digital pour Somfy Asie… «Nous avons créé ce MBA en concertation avec les organisations professionnelles: ACSEL, UDA, IAB…», note Vincent Montet. De son côté, Frank Desvignes croit à cette cross-fertilisation: «Nous avons beaucoup à apprendre des géants chinois, qui sont très en avance sur le social, l’e-commerce et l’on a beaucoup à leur apporter en marketing digital, analytics…» Ce MBA full-time (à temps complet) ouvrira ses portes le 6 octobre prochain, et comptera une vingtaine d’étudiants.

 

L’Oréal Chine est engagé dans la guerre des talents

«Aujourd’hui, nos talents chinois ne nous quittent plus pour nos concurrents (P&G, Estée Lauder…) mais pour rejoindre des multinationales chinoises ou la nouvelle économie», explique Christophe Gamet, DRH de l’Oréal Chine (8000 collaborateurs et 700 recrutements par an dont 300 cadres), devant une délégation de Croissance plus. La guerre des talents est féroce en particulier sur les profils digitaux et marketing. «Ce soir je rencontre une candidate pour un poste de directrice digitale, je lui parlerai de l’environnement du poste et je n’évoquerai la rémunération qu’en dernier», sourit-il. En effet il y a une surenchère salariale. «Aujourd’hui si des entreprises chinoises me débauchent des talents et que je veux les faire revenir cinq ans après, je ne peux pas, poursuit le DRH. C’est impossible: leur salaire a doublé!» D’autant que la donne change: quelles que soient les entreprises il y a de plus en plus de chinois qui occupent des fonctions de management. «Et sur certaines métiers comme l’e-commerce, c’est impossible de prendre d’autres profils que des chinois car la pratique du e-commerce est radicalement différente ici», conclut le DRH.

 

ECS et Sup de web Shanghai, c’est parti !

Le groupe Mediaschool dispose d’un campus à Shanghai depuis février dernier. Il accueille des étudiants de 2ème et 3ème année de Bachelor de son école de communication, l'ECS et de son école du web, Sup de web. Les étudiants des campus français de ces deux écoles peuvent ainsi venir passer un semestre à Shanghai, où ils alternent cours, stages et découverte de la culture chinoise. Au programme également des voyages d’études, par exemple à Hangzhou, pour y découvrir Alibaba Group.

 

L’Efap ouvre son MBA digital à Shanghaï

 

Le 13 mai dernier l’EFAP (groupe EDH) a inauguré, en même temps que le CES Asia, son MBA digital marketing et business à Shanghaï. Une formation créée en partenariat avec l’école de commerce l’ESSCA, présente en Chine depuis dix ans, et le think-tank, le Hub Institute. En France, ce MBA créé en octobre 2015, est déjà déployé à Paris, Lille, Lyon, Bordeaux. « L’idée est d’établir un pont entre Paris et Shanghaï, d’offrir aux étudiants le meilleur du digital européen et asiatique : 50 % des cours seront assurés par des experts européens et 50 % par des spécialistes du digital chinois, détaille Vincent Montet, directeur de ce MBA spécialisé. Cette double connaissance est indispensable pour coller aux besoins des entreprises européennes qui souhaitent aussi se développer en Chine et des géants chinois du digital (We Chat, Baidu, Alibaba) qui arrivent en Europe ». Au sein de l’équipe pédagogique de ce nouveau MBA, il y a Frédéric Raillard, co-fondateur de Fred & Farid, Frank Desvignes, fondateur de l’Axa lab Asia et directeur de la transformation digitale Asie d’Axa, Emmanuel Vivier, président du Hub Institute, Muriel Blanc, directrice de la marque et du digital pour Somfy Asie… « Nous avons créé ce MBA en concertation avec les organisations professionnelles : ACSEL, UDA, IAB… », note Vincent Montet. De son côté, Frank Desvignes croit à cette cross-fertilisation : « nous avons beaucoup à apprendre des géants chinois, qui sont très en avance sur le social, l’e-commerce et l’on a beaucoup à leur apporter en marketing digital, analytics… » Ce MBA full-time (à temps complet) ouvrira ses portes le 6 octobre prochain, et comptera une vingtaine d’étudiants.

 

ECS et Sup de web Shanghaï, c’est parti !

Le groupe d’école de communication Mediaschool dispose d’un campus à Shanghaï depuis février dernier. Il accueille des étudiants des 2ème et 3ème années de Bachelor de son école de communication, l'ECS et de son école du web, Sup de web. Les étudiants des campus français de ces deux écoles peuvent ainsi venir passer un semestre à Shanghaï, où ils alternent cours, stages et découverte de la culture chinoise. Au programme également des voyages d’études, par exemple à Hangzhou, pour y découvrir Alibaba Group.

 

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