Emploi
Les recrutements se situent à un niveau élevé dans le marketing et la communication, tirés par la montée en puissance de trois expertises: data, social media et UX design… Illustration de cette embellie, quelque 500 postes sont à pourvoir dans les agences.

Des vents porteurs. Depuis le début de l’année, le marketing et la communication bénéficient de courants ascendants: 22% de hausse des offres d’emploi dans les métiers de la communication sur les douze derniers mois, selon l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), et 8% de progression dans les fonctions marketing. Le nom de ces vents porteurs? Data, réseaux sociaux et UX design. Autre évolution importante: les recrutements aujourd’hui correspondent à des décisions structurelles et de long terme. Cela correspond aussi à l'émergence de nouveaux métiers, comme le product owner, en charge de la conduite d'un projet agile, et la montée en puissance d’expertises, comme les spécialistes UX (expérience utilisateur) ou UI (design d’interfaces). «Optimiser l’UX entraîne un meilleur taux de transformation, d’où cette forte demande», explique Emmanuelle Ottavi, directrice exécutive de Fyte, cabinet de recrutement.

La data continue également de dynamiser les embauches, ainsi les besoins en datascientist restent importants. «Ils jouent un rôle clef dans l’efficacité de la business intelligence et du décisionnel», souligne Marc de Torquat, cofondateur et directeur général du cabinet Shefferd. Une tendance accrue du fait de la diffusion des DMP (data management platform). Les entreprises recherchent également des dataminers, capables de faire parler les données, et des datavisualists, qui rendent facilement compréhensibles les résultats des analyses.Autre tendance: «Les sociétés sont à la recherche de middle et top managers. C’est la conséquence de la croissance des effectifs déjà en place», explique Pierre Cannet, fondateur et PDG du cabinet Blue Search. Une effervescence qui se retrouve dans les plans de recrutements des acteurs de notre univers. Panorama.

Embauches dans les agences

Pour la dizaine de postes encore ouverts en 2016, BETC Digital recherche des consultants, chefs de projets, data-analysts, planneurs et spécialistes UX. Le plus difficile est de trouver des recrues polyvalentes, souligne Xavier Blairon, le directeur général: «Il faut pouvoir aborder les différents univers des clients, mais surtout maîtriser la mixité des technologies, qu’il s’agisse de la data, de la programmation, de l’UX ou de la gestion de projets.»

Parmi la quarantaine de nouvelles recrues annuelles chez Buzzman se trouvent des créatifs et planneurs digitaux ainsi que des commerciaux et des social media managers. Une démarche conforme à la nature de l’agence, estime Thomas Granger, vice-président: «Nous assistons à l’émergence de nouveaux métiers, comme le social media influencer, dans une profession globalement digitalisé. L’enjeu clé est la connaissance de l’écosystème dans son ensemble.»

Le groupe Dentsu Aegis Network réalise 150 à 200 recrutements chaque année. Pour Jean-Noël Thiollier, DRH de ce réseau, le digital est partout aujourd’hui: «Il faut savoir intégrer la totalité de l’offre, car les clients veulent un discours transverse. En presse, 30% de nos acheteurs acquièrent aussi du display.» À côté des spécialistes de la data, qui représentent 25% des recrutements, le digital concerne donc aussi les recrues chargées des achats (trading, programmatique) et les métiers en interface client. Tous, cependant, doivent avoir conscience d’un impératif, rappelle Jean-Noël Thiollier: «L’objectif de notre métier est de vendre.»L’agence digitale Disko prévoit 30 à 40 recrutements en 2016, dont des planneurs stratégiques, chefs de projets UX et développeurs.Avec une quinzaine de recrutements annuels pour le digital, Havas Paris met l’accent sur les chefs de projets, les social media strategists et les data-analysts, mais aussi les créatifs, les concepteurs, les web designer et les spécialistes UX, une dernière fonction si importante qu’elle a suscité la création d’un réseau international au sein du groupe. «Nous voulons développer une culture interne plus forte et plus pointue dans ce domaine», précise Fabrice Conrad, directeur général d'Havas Worldwide Paris.L’agence Human to Human recherche des creative technologists et des spécialistes social-media, en particulier des concepteurs-rédacteurs capables de faire émerger des idées.De son côté, Marcel a prévu de recruter de 40 à 50 spécialistes du digital dans l’année pour un large éventail de domaines, explique son coprésident Pascal Nessim: «Des spécialistes du social, mais aussi des développeurs, des chefs de projets et des spécialistes de la data capables de fournir des insights utiles aux créatifs.»Proximity BBDO a une dizaine de postes à pourvoir actuellement avec, là encore, une grande variété de fonctions (planner digital, chef de projet, web designer, UX, développeurs…). «Nous cherchons des profils qui ont une adaptabilité plus forte par rapport aux disciplines classiques, explique Emmanuel Devezeaux de Rancougne, son directeur général. Dans le digital, un chef de projet peut avoir à assumer la direction éditoriale.»Chez Razorfish (180 salariés, groupe Publicis), six postes sont actuellement ouverts: un consultant SEO, un chef de projet technique, un directeur de projet technique, un architecte logiciel confirmé, un développeur web confirmé et un UX designer senior.Parmi les onze recrutements (group account director, directeur de clientèle, consultants social media, engagement planneur, créatifs…) prévus en 2016 chez We are social, le plus difficile à conclure sera celui d’analyste social: «Ce sont des profils à la croisée du quanti et de la socio, explique Sandrine Plasseraud, fondatrice et présidente du bureau en France. Ils doivent maîtriser le digital, les chiffres et comprendre les comportements.»

Forte croissance des sociétés ad-tech et data

Sur la centaine de recrutements prévus en 2016 chez Criteo, 60% concernent la recherche et développement (site reliability engineering, algorithmes et plateformes, c’est-à-dire UX et interfaces). Compte tenu de la pénurie et des tests, puis des entretiens auxquels sont soumis les candidats, une embauche prende en moyenne 50 à 70 jours. «L’enjeu actuel est de détecter le profil capable de bouger et d’évoluer », souligne Romain Toffolon, responsable du recrutement pour la R&D.Digimind, spécialiste de l'e-réputation et du social media monitoring, table sur 50 nouvelles recrues en 2016, dont des profils marketing. «Nous cherchons des gens capables de créer du contenu et de la publicité en ligne, mais aussi d’animer des communautés et de comparer les retombées des campagnes», précise Patrice François, cofondateur et directeur associé.Fifty-five, qui vient d’ouvrir des bureaux à New York et Shanghai, prévoit une cinquantaine de recrutements pour l'année, en priorité concernant les consulting managers, practice leaders, pour gérer des projets importants, et data-analysts. «Notre activité principale est le marketing digital, la data, le CRM, la connaissance client et les programmes d’acquisition, à travers les réseaux sociaux, ainsi que le programmatique», détaille Mats Carduner, cofondateur et PDG.Le spécialiste de l'adserving et du tracking sur mobile S4M compte doubler ses effectifs actuels (100 personnes) avant la mi-2017. La moitié des nouvelles recrues seront des ingénieurs, développeurs et datascientists. Trouver les bonnes recrues relève de la gageure, déplore son fondateur et CEO, Christophe Collet: «Les rémunérations ont subi une forte inflation, mais avec la globalisation et la croissance de l’offre de formation, le recrutement devrait se normaliser d’ici trois à cinq ans.»En 2016, le spécialiste de la transformation digitale SQLI prévoit d’embaucher 600 personnes (consultants digitaux, UX designers, spécialistes e-commerce, développeurs et spécialistes data), recherchant plus particulièrement des seniors (entre 5 et 10 ans d’expérience). «Les projets digitaux sont de plus en plus complexes et nous devons bien comprendre le métier du client», explique Didier Fauque, son directeur général.Teads, spécialiste de la vidéo publicitaire en ligne, prévoit 70 recrutements dans l'année, dont 20 en France, et recherche des spécialistes data ainsi que des commerciaux. Là encore, l’expérience sera un plus, explique Sarah Graule, responsable de l’innovation: «Nous avons besoin de profils seniors pour encadrer les équipes mais aussi pour occuper des fonctions d’expertise technique, en particulier dans le programmatique.»

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