Formation
Sup de pub fête ses 30 ans, s’apprête à emménager sur un campus géant et se rapproche de Sup de création. Trois bonnes raisons d’interviewer Philippe Cattelat, le directeur de l’école.

Le groupe Inseec a racheté l’été dernier l’école lilloise Sup de Création (groupe Skema). Quel est votre projet?
Philippe Cattelat. Nous allons rapatrier Sup de création à Paris entre 2017 et 2018. Nous conservons le nom, le même format, c’est-à-dire des promotions de 30 étudiants et les deux filières actuelles, spécialisées dans les métiers créatifs (directeur artistique et concepteur-rédacteur). Sup de création restera un concurrent de Sup de Pub. À terme (d’ici à deux ans), nous allons fermer le campus de Lille. À Paris, dès l’an prochain, nous allons créer un premier cycle en BTS design graphique, et un bachelor en webdesign, applis mobiles et UX design (en alternance). Autre projet pour Sup de Création: nous allons ouvrir l’école sur l’international, en créant un master à Londres (en septembre 2017), à Berlin (en 2018). Nous allons également renforcer les liens entre Sup de création et le club des directeurs artistiques.

 

L’autre grand chantier, c’est le regroupement des écoles du groupe sur un campus géant…

P.C. Oui, en septembre 2017, Sup de pub quittera le 19ème arrondissement parisien pour s’installer sur le campus Eiffel dans le 15ème arrondissement. Ce dernier regroupe déjà deux écoles de commerce (École supérieure du commerce extérieur (ESCE) et European business school), ingénieurs (école centrale d’électronique), et donc de communication... Il comptera en tout 7 000 étudiants. Nous mettrons à leur disposition un «tech lab». Aujourd’hui, Sup de pub revendique le titre de premier établissement français formant aux métiers de la communication et de la création avec 2 700 étudiants, répartis sur trois campus: Paris, Lyon, Bordeaux. En 2006, Sup de pub ne comptait que 380 étudiants et c’était la plus petite école du groupe Inseec. Nous formons nos étudiants en quatre ou cinq ans, à travers quatorze filières différentes.

 

Comment formez-vous vos créatifs?

P.C. C’est difficile de fabriquer un bon créatif aujourd’hui. On lui demande plus de choses qu’avant: il doit imposer son idée, maîtriser un univers technique plus varié, être bon en vidéo, en digital. Il doit aussi savoir vendre sa création, trouver un client. À l’école, il est difficile de repérer ceux qui vont émerger, même si certains se révèlent lors des compétitions que nous organisons.

 

Quelles sont les filières les plus porteuses?

P.C. L’événementiel a beaucoup d’avenir car il a su se digitaliser, se scénariser. Nous avons aussi un master 2 en stratégies médias pour lequel il est difficile de trouver des étudiants, mais nous les plaçons très facilement à la fin: 100% d’entre eux sont embauchés en CDI par des agences ou régies médias. Même niveau d’insertion en data management, réseaux sociaux, e-commerce…

Sup de pub est structurée comme une agence avec les dix métiers qui y sont exercés. Au fur et à mesure de l’invention de nouveaux métiers, nous adaptons les filières. En revanche, la stratégie de marque reste un cours fondamental dans toutes les matières. Nous sommes pragmatiques: nous avons ainsi supprimé la filière relations presse il y a huit ans, parce que c’était une usine à chômage. Aujourd’hui, les RP sont est un métier de réseau, donc de séniors. Nos étudiants s’y forment dans les autres filières. Enfin, 10 à 12% de nos diplômés choisissent de travailler en start-up et de créer leur entreprise. Une part qui a triplé en cinq ans.

 

L’ad tech (les technologies publicitaires), c’est aussi un sujet sur lequel Sup de pub se positionne?

P.C. Nous avons créé depuis deux ans un master 2 en data management et marketing digital. Il s’agit de s’intéresser aux statistiques, bases de données comportementales, aux outils de mesure. Nous pouvons nous appuyer sur l’école d’ingénieurs du groupe, l’école supérieure d’électronique.

 

Mooc, e-learning… l’uberisation de l’enseignement est-elle en marche?

P.C. Le grand remplacement des cours en classe par l’e-learning ou les Mooc, je n’y crois pas. Ce ne sera pas le cas à 100%. Qu’il y ait des formules mélangées (sur place, à distance…), et que cela prenne de plus en plus d’importance, c’est évident. Ainsi l’école de Créa Genève (qui appartient aussi au groupe Inseec) prépare un nouveau produit en e-learning pour le secteur du marketing digital. Il est actuellement en beta-testing chez Nestlé et a été développé par l’agence Emakina Belgique. Ce dispositif de formation intra-entreprise, avec des programmes digitaux, sera présenté en janvier.

 

Sup de pub est-elle présente à l’international aujourd’hui?

P.C. Nous disposons de campus à Londres, Genève, San Francisco et Berlin (depuis l’an dernier). Nous avons lancé depuis septembre dernier un programme sur l’innovation à San Francisco: digital marketing & innovation management. Les étudiants créent une application ou un objet connecté, dans le cadre d’un master anglophone effectué pour moitié à Paris et à San Francisco.

 

Quelles filières sont les plus féminisées?

P.C. Tous les cursus sont majoritairement suivis par des étudiantes sauf les filières digitales et création. Il y a des sections presque exclusivement féminines comme le planning, l’événementiel, le commercial…

 

Vous allez ouvrir une filière en formation continue pour Sup de création…

P.C. En juin 2017, nous allons lancer l’activité formation professionnelle avec des cursus spécialisés pour les directeurs artistiques, concepteurs-rédacteurs… Par exemple en digital, animation, 3D, motion… Cela permettra à ces professionnels de remettre à jour leurs compétences avec des modules de deux ou trois jours. Nous ouvrirons aussi ces formations aux cadres qui pourront se former au design thinking par exemple.

 

Les fonds d’investissement s’intéressent aux écoles (Efap, Inseec…), comment expliquez-vous cet engouement ?

P.C. Parce que c’est une activité rentable, stable sur le long terme. D’ailleurs ces grands fonds d’investissement [l'Inseec est détenue par le fonds français Apax partners et le fond stratégique d'investissement] sont souvent américains parce que l’éducation représente un secteur très important là-bas. Par rapport au modèle anglo-saxon, Sup de Pub offre une éducation à un prix qui reste raisonnable: par exemple, nos programmes à Londres sont moins chers que la fac anglaise.

L’annuaire des anciens de Sup de pub

Parmi les anciens élèves illustres de Sup de pub, il y a Georges Mohammed-Chérif, CEO de Buzzman; Bruno Tallent, président de McCann Worldgroupe France; Raphaël de Andreis, PDG d'Havas Media Group; Stéphane Martin, directeur général de l’ARPP; Christophe Dané (ex-OMG) à la tête des Digitall Makers… Sans oublier Pierre Désangles, fondateur de l’agence Supper ou encore Julien Benmoussa, directeur de la création chez Proximity BBDO Paris. Aujourd’hui, c’est Olivier Bouas-Laurent, cofondateur de l’agence Mademoiselle Scarlett, qui préside l’association des anciens.

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