Management
Directions du marketing, de l'informatique voire des ressources humaines peuvent être aux avant-postes de la digitalisation des entreprises. Retour d'expériences à l'occasion du salon Roomn, qui vient de se tenir à Monaco.

«Avoir un CDO est aujourd'hui un grand signe d'immaturité». Invité d'une table-ronde lors du salon Roomn sur la mobilité et le digital, qui a réuni à Monaco du 7 au 9 mars quelque 700 professionels, Thomas Husson, vice-président et analyste au sein du cabinet Forrester estime que nous sommes dans une nouvelle phase: «Dans beaucoup d'entreprises, la transformation numérique a d'abord été portée par le chief digital officer (CDO). Ça correspondait à une phase où il fallait évangéliser au sein de l'entreprise.»

Au sein du groupe Alain Afflelou, par exemple, le président Frédéric Poux joue un rôle primordial dans ce processus de transformation. «La première personne qui insuffle le vent du digital au sein du groupe, c'est le président. Il a une vraie vision du numérique, il tweete et est très au fait des tendances. Il délègue ensuite au comité de direction le soin de digitaliser les process», explique Ludovic Tassy, DSI du groupe. Derrière, l'informatique, le marketing et la communication travaillent main dans la main sur toutes les questions digitales. «La digitalisation a permis aux différents métiers de beaucoup plus se parler qu'avant», assure-t-il.

Une impulsion de projets
Même collaboration entre la DSI et le marketing au sein du groupe Inter Mutuelles Assistance (IMA). «Etre deux permet de porter une impulsion de projets, une énergie», estime Catherine Lardy, directrice transformation à IMA. Il y a quelques mois, elle a refusé d'être nommée CDO du groupe car selon elle, «c'est un poste à obsolescence programmée» et qui risque aussi de déresponsabiliser des autres salariés sur toutes les questions qui touchent au numérique. «Nous avons également demandé à ce que soient identifiés des digital champions dans toute l'entreprise, qui pourraient venir en soutien», ajoute-t-elle.
Chez AG2R La Mondiale, la direction des ressources humaines a été associée très tôt au projet de transformation digitale. «Ce processus pose des questions de compétences, d'aptitudes, de changements d'organisation, c'est pourquoi les ressources humaines se sont retrouvées au premier plan», se souvient Alexandra Mailliard, responsable de l'accompagnement de la transition digitale RH. En fonction des besoins que les salariés avaient, des problématiques qu'ils avaient à résoudre, un plan d'accompagnement et de formation a été mis en place au sein de la mutuelle. «Grâce à cette approche, les gens sont en train de s'approprier la transformation digitale», observe la responsable.

Des freins nombreux
Autre élément facilitateur dans cette nécessaire transformation, la création de comités digitaux, qui regroupent par exemple le marketing, la DSI, la communication et la gestion des réseaux. «Ça permet de faire un focus régulier sur l'ensemble des projets et à chacun de bien comprendre les différents enjeux», insiste Ludovic Tassy, de Alain Afflelou.
Pour autant, malgré les avancées en matière de digitalisation des entreprises, les freins restent nombreux. «Nombre de collaborateurs se demandent ce qu'ils vont faire demain si tout devient numérique. C'est pourquoi la direction du groupe IMA s'est engagée à ce que la transformation digitale n'entraîne pas de suppression de postes», souligne Catherine Lardy.
Autre frein, selon Alexandra Mailliard, la recomposition du rôle du manager que le digital entraîne, d'où un travail de la direction des ressources humaines de AG2R La Mondiale et de la communication interne pour réaffirmer la place des salariés dans la chaîne de valeur. C'est ce que l'entreprise appelle «l'empreinte collaborateur». «Il faut aussi que les salariés osent se lancer», rappelle la responsable. Oser pour ne pas subir la vague digitale.

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