Marie-Odile Amaury, PDG du groupe Amaury, et Marianne Siproudhis, directrice générale d'Amaury Médias, évoquent leur management au féminin.

Vous êtes des femmes à la tête d'un grand groupe de presse et sa régie. Cela reste rare dans l'univers des médias. Comment l'expliquez-vous ?

Marie-Odile Amaury. Il est vrai que la fonction de PDG est assez peu occupée par des femmes. Mais, pour moi, ce n'était pas un objectif de carrière, ce sont les circonstances de la vie qui m'y ont amené. Puisque j'ai toujours travaillé avec mon mari dans l'entreprise, j'ai pris tout naturellement le relais lorsqu'il a disparu [Philippe Amaury est décédé en 2006]. Mais quand je regarde autour de moi, il y a assez peu de femmes présidentes de télévision, de groupe de presse, sauf ceux de presse féminine ! On a l'impression que les femmes sont «dédiées» aux femmes. En ce sens, l'arrivée de Sylvie Kauffman à la tête du Monde est un événement dans l'histoire du journal et dans celle de la presse quotidienne en général.

Marianne Siproudhis. D'un autre côté, les grandes régies sont aujourd'hui presque toutes dirigées par des femmes, sauf en affichage, qui est resté un milieu très masculin. Ce n'était pas le cas il y a dix ans.

 

Comment décririez-vous le style de management des femmes, et le votre en particulier ?

M.S. C'est un management plus participatif que directif. Je pense qu'on a un souci de l'autre qui nous est cher et qui structure notre management. Que les femmes sont davantage à l'écoute, même si l'on partage les mêmes soucis et les mêmes ambitions que nos homologues masculins.

M.-O.A. Bien sûr, l'ambition est le moteur de l'activité professionnelle. Maintenant, la différence est dans la manière de vivre l'ambition. J'ai tendance à penser que la femme est moins égotiste. J'ai davantage d'ambition pour mon entreprise que d'ambition individuelle ou une recherche de visibilité personnelle. Même si nous savons fort bien accepter la gratification de notre travail.

 

Doit-on parfois être plus dure lorsqu'on est une femme dirigeante ?

M.-O.A. Je crois que les femmes ne sont pas plus ou moins dures, elles sont différentes. On a dit tout à l'heure que nous aimions une certaine harmonie, le partage… Mais, effectivement, lorsqu'il y a des décisions difficiles et autoritaires à prendre, les femmes peuvent alors sembler plus brutales.

 

Si vous deviez faire votre propre classement Forbes, quelles sont les femmes influentes que vous citeriez ?

M.-O.A. Je pense spontanément à une personnalité qui est au centre de l'actualité en France depuis quelque temps, c'est notre ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Elle occupe un poste particulièrement difficile et très exposé en cette période de crise économique. Elle est efficace et féminine. Et elle représente la France à l'internationale de manière remarquable.

M.S. Moi, j'avais envie de citer la «business woman» Véronique Morali. Une femme chaleureuse et brillante. Elle a créé Force femme, une association qui aide les femmes âgées de plus de 45 ans à venir ou revenir dans le monde du travail. Elle met son intelligence au service des autres, et des femmes en particulier.

 

La presse quotidienne est davantage lue par des hommes que par des femmes. Comment l'expliquez-vous ?

M.S. Sur des segments comme les quotidiens sportifs ou économiques, c'est certain. Mais cette répartition du lectorat est davantage équilibrée dans la presse quotidienne d'information générale. D'ailleurs, un lecteur sur deux du Parisien est une lectrice.

 

La presse quotidienne doit elle réduire ses coûts pour survivre ?

M.-O.A. L'essentiel est de s'adapter. Par le passé, on a vu apparaître la radio, puis la télévision et maintenant Internet et le mobile. Les éditeurs se sont toujours adaptés à ces nouveaux environnements. Aujourd'hui, les titres de presse quotidienne, grâce à leurs multiples supports, n'ont jamais eu autant d'audience.

 

Le Parisien a titré le 6 mars «Sarkozy à la peine». Etes-vous informée au préalable de ce genre de unes politiques ou des sujets sensibles ?

M.-O.A. Je suis avant toute chose une lectrice du Parisien. Comme les lecteurs, je manifeste mon intérêt ou mon désappointement, mais toujours a posteriori. Je n'ai connaissance des titres qu'une fois que j'ouvre le journal le matin. Je suis restée fidèle à l'attitude de mon mari. La ligne éditoriale du journal est définie chaque année, ensuite, je fais confiance aux rédactions.

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