«Plus, plus, un petit plus, un peu plus.» Alexandra Rocca, quarante-huit ans, la nouvelle directrice de la communication de Lafarge, applique à ses équipes le slogan qu'elle a impulsé quand elle était à LCL. En leur demandant toujours plus de créativité, d'abord: elle adore les séances de travail en petits groupes, où elle n'hésite pas à mélanger des personnes de sensibilité et de métiers différents.
Celle qui a côtoyé Jean-Paul Goude, quand elle s'occupait de la communication des Galeries Lafayette, a une vraie fibre créative. «Elle sait créer un climat de confiance avec ses collaborateurs pour qu'ils apportent leurs idées, explique Olivier Aubert, cofondateur de l'agence Asap, qui a travaillé avec elle pendant une décennie. Une qualité peu répandue chez ses alter-ego.»
Dans ses missions quotidiennes aussi, elle place la barre assez haut. «Elle est très perfectionniste, très pointilleuse, parfois, elle frise l'obsessionnel, avec la hantise de passer à côté de la meilleure solution», constate Marie-Thérèse Guichard, ancienne journaliste au Point devenue consultante à Image 7, qui la connaît bien. Une inclination qui se vérifie dans son management au quotidien. «Je délègue beaucoup en ayant des points de contrôle réguliers, je ne suis jamais loin d'un dossier, admet Alexandra Rocca. Comme notre métier est aussi une affaire de détails, il faut suivre en permanence la mise en œuvre des décisions.»
A titre personnel, cette manager habituée à gérer de grosses équipes (une cinquantaine de personnes chez Lafarge), aime aussi les défis. Quand elle rejoint le Crédit lyonnais – devenu LCL –, c'est pour participer à la renaissance de la banque la plus détestée des Français. Au moment où elle est appelée à la communication du Crédit agricole, c'est en pleine crise des «subprimes». Et comme si ça ne suffisait pas, cette même année, son directeur général, Georges Pauget, présidait également la Fédération bancaire française.
«Une autorité assez douce»
Alexandra Rocca est plutôt directe aussi quand il s'agit de recadrer un collaborateur. «Elle n'est pas du genre à laisser trainer les choses, elle convoque illico la personne pour un tête-à-tête, mais tout en restant très calme», explique, en off, une de ses proches. Les remontrances en réunion, les éclats de voix, ce n'est vraiment pas son truc. «Contrairement à d'autres directeurs de la communication, je ne l'ai jamais vue rabaisser un collaborateur, confirme Marie-Thérèse Guichard. Elle fait preuve d'une autorité assez douce, pour autant, personne ne conteste sa position.»
La responsable de la communication de Lafarge s'efforce aussi de mettre de la bonne humeur dans son management. «Elle a beaucoup d'humour, un grand sens de l'autodérision et sait s'en servir pour décrisper des situations tendues», poursuit Marie-Thérèse Guichard. Alexandra Rocca s'appuie sur une garde rapprochée de quatre ou cinq collaborateurs, avec lesquels elle n'hésite pas à glisser un peu d'émotion dans son management. Signe que cette directrice ne laisse pas indifférente, ses équipiers n'hésitent pas à pousser une chansonnette quand elle s'en va. Cela a été le cas aux Galeries Lafayette et à LCL. Pour parodier la banque dans sa pub chantante, que demandez de plus?
Son parcours en bref
1986. Diplômée de HEC, de Sciences Po Paris et d'une licence de lettres.
1989. Directrice de la communication d'Air Liquide Santé, puis directrice adjointe de la communication d'Air Liquide.
2001. Directrice de la communication des Galeries Lafayette.
2005. Directrice de la communication de LCL, puis du Crédit agricole.
2010. Directrice de la communication du groupe Lafarge.
