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Alliant vitesse et force de conviction, la directrice du développement de Lagardère a participé à la plupart des acquisitions du groupe ces cinq dernières années.

Son nom de code? BCT. Béatrice de Clermont-Tonnerre est la spécialiste des opérations commando de Lagardère. L'acquisition de Doctissimo, c'est elle. Sportfive? Elle était aussi de l'aventure. Newsweb? Idem. Elle conserve dans son bureau une quinzaine de trophées, des pierres tombales («tomb stones») en plastique remis aux participants de ces négociations de haut vol. Pour mener à bien ces projets stratégiques, elle n'hésite pas à s'immerger non stop, week-end inclus, dans les bureaux lambrissées des cabinets d'avocats d'affaires. Et pilote pendant plusieurs mois des équipes de cinq à trente personnes composées de financiers, juristes, experts en marketing, opérationnels…

Elle a commencé en 1997 à faire du «mécano industriel» chez Matra Technologies et n'a quasiment plus arrêté depuis. Parmi ses faits d'armes, donc, Doctissimo pour renforcer l'empreinte numérique de Lagardère. «La négociation a duré toute l'année 2007 et il fallu mobiliser une vingtaine de personnes pendant cette période, sans savoir quand et comment cela allait se terminer, se souvient-elle. Dans ces phases-là, il faut analyser une masse de données colossale et être créatifs pour sortir des blocages.»

Collaborative 

«C'est une manageuse très tenace, très déterminée, qui a beaucoup d'ambitions pour les projets qu'elle porte, souligne Rodolphe Belmer, directeur général du groupe Canal+, qui a travaillé à ses côtés quand elle était à Canal Satellite. Elle sait aussi très bien analyser les rapports de forces, comprendre les gens et leur psychologie.» Un ressort indispensable pour entrainer des personnes avec lesquelles elle n'a aucun rapport hiérarchique et qui sont déjà très prises par leur job quotidien. «Elle est très collaborative, dans l'écoute, la conviction, elle impulse beaucoup d'énergie et arrive à regonfler tout le monde quand le moral est au plus bas», juge Julien Billot, directeur général adjoint du groupe Pages jaunes, qui l'a côtoyée du temps où il était chez Lagardère Active.

Les limites de cette manageuse tout terrain? «Elle a un côté “insecure over-achiever” [perfectionniste par manque de confiance] typiquement féminin, qu'elle compense par énormément de travail, comme pour se prouver à elle-même qu'elle peut y arriver», constate Rodolphe Belmer. Son autre singularité? «Elle se rêve opérationnelle et aimerait bien mettre en œuvre les projets qu'elle a portés, mais ce n'est pas son rôle», poursuit Julien Billot.
«Elle est assez réseau, assez politique. Elle aime bien faire du lobbying, se faire connaître», persifle l'un de ses anciens collègues. D'ailleurs, le Who's Who trône en bonne place sur l'étagère de son bureau, situé à deux pas de l'Arc de triomphe. Mais si BCT cherche à être reconnue, c'est pour ses compétences plutôt que pour son nom, acquis par alliance (elle est la belle-sœur de la jet-setteuse Hermine de Clermont-Tonnerre). Pour cela, elle est en bonne voie puisqu'elle vient d'être sacrée par ses pairs du Women's Award 2010 de La Tribune dans la catégorie technologies et médias.

 

Son parcours en bref :
1972. Naissance à Nîmes.
1993-1994. Sciences Po Paris, obtention de la carte de presse.
1995. Apprentissage à l'Essec et chez Matra Technologies.
2001. Directrice de l'interactivité, puis directrice adjointe des programmes de Canal Satellite.
2005. Directrice adjointe, puis directrice du développement de Lagardère.

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