Ressources humaines
Les rédactions des journaux papiers se révèlent trop monochromes. Mais cette cause ne mobilise pas beaucoup les patrons de ces médias.

Sur la photo de famille, il manquait du monde. Mardi 1er mars, la presse écrite était invitée à signer la Charte de la diversité au Carré Axa, à deux pas des Champs-Elysées mais, de fait, seuls quelques médias avaient fait le déplacement: l'Agence France-Presse, L'Humanité et les groupes Amaury, Hachette Filipacchi, Le Monde et Prisma Presse. Il y avait donc  pas mal d'absents, dont les groupes L'Express-Roularta et Figaro, et aucun représentant de la presse quotidienne régionale… Pourtant, tous les journaux ont un sacré retard en matière de diversité, les rédactions restant très «monochromes».

Les conclusions du Club Averroes dans son rapport annuel «Médias et diversité», rendu public il y a trois semaines, sont sans appel: «Pendant que le secteur de la télévision et, dans une moindre mesure, la radio effectuent de timides avancées, la presse écrite reste sourde et aveugle. (…) En 2009, il y avait bien des groupes de presse qui s'étaient engagés à recruter des jeunes journalistes venus de tous horizons, en respectant bien sûr les critères de compétence. Bilan: rien, ou si peu.» Un constat corroboré par le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, présent mardi dernier. Selon lui, les médias doivent porter leurs efforts sur «la formation des étudiants, le recrutement, la gestion des parcours jusqu'à la production et la diffusion des contenus». Autrement dit, les patrons de presse ont du pain sur la planche…

Plus de diversité dans les écoles de journalisme

Paradoxalement, les rares dirigeants de médias présents lors de cette signature s'autodécernaient un satisfecit. «Notre groupe a déjà diversifié ses recrutements, aussi bien au niveau des rédactions que de la régie publicitaire, nous sommes là pour acter cette politique», expliquait Marie-Odile Amaury, présidente du groupe Amaury (Le Parisien-Aujourd'hui en France, L'Equipe).  Un autre exercice consiste à botter en touche: «Les écoles de journalisme devraient nous proposer davantage de profils issus de la diversité», poursuivait Marie-Odile Amaury.
Il est vraisemblable que la solution pour la diversification des profils dans les rédactions passe par là, car les écoles de journalisme reconnues sont de plus en plus incontournables: 40% des 2 000 nouvelles demandes de cartes de presse en 2010 provenaient de professionnels issus de ces formations. D'où la nécessité, selon Frédéric Mitterrand, «d'encourager les bonnes pratiques de ces établissements, afin qu'ils aident davantage les jeunes issus de la diversité à préparer leurs concours d'entrée». Rendez-vous dans quelques mois pour un bilan des médias signataires de la Charte de la diversité.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.