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La vice-présidente chargée des stratégies de CLM BBDO, pratique le management par l'idée. Elle conçoit son rôle comme une sorte de ping-pong avec ses collaborateurs.

Son credo, c'est le management par l'idée. «Certains managers sont capables d'entraîner des foules entières. Moi, je ne sais piloter que de petites équipes, concentrées sur un sujet, admet Bertille Toledano, 40 ans, vice-présidente chargée des stratégies de CLM BBDO. J'ai besoin de voir régulièrement les gens, de travailler longtemps sur un thème avec eux. Voilà aussi pourquoi j'ai plus de mal avec le management par projet.»

Elle adore ainsi rassembler des groupes de réflexion de quatre ou cinq personnes. «Les planneurs sont souvent happés par leurs problématiques quotidiennes. Mon travail consiste à les aider à prendre de la hauteur, à les pousser à s'interroger, avec cette question: Au final ça va servir à quoi, ton truc?, résume-t-elle. J'ai surtout ce rôle de ping-pong, je leur envoie la balle mais je n'apporte pas toujours les réponses. Je suis là pour les guider, les influencer.»

Pour rester dans le cercle, il vaut donc mieux jouer à fond la carte de l'intelligence collective. Sacha Lacroix, directeur du développement de CLM BBDO, sous ses ordres depuis six mois, met en avant sa capacité de travail et une certaine pugnacité dans sa façon de creuser les sujets. «Nous, derrière, on est obligés de suivre, de plancher à fond sur nos projets», souligne-t-il.

Pour autant, si elle est exigeante dans le débat d'idées, Bertille Toledano n'est pas du genre à mettre ses collaborateurs continuellement sous pression. «Si je leur répercutais le stress des clients, je les transformerais en une armée de poulets sans tête, courant en tous sens dans la basse-cour, sourit-elle. Je ne veux pas de ça. Au contraire, j'ai besoin de calme pour avancer vraiment ensemble.»

Sérénité

Ce que confirme Luc Bourgery, aujourd'hui directeur général adjoint de TBWA Paris, qui a œuvré trois ans à ses côtés: «Elle n'aime pas les rapports de force et pique rarement des “coups de gueule”. Son management est plutôt calme et tranquille.» Une sérénité que la tout juste quadra a sûrement acquise avec l'expérience. «Dans nos métiers, il arrive que l'on manage très tôt, et je trouve que c'est une catastrophe. Qu'est ce que l'on peut faire comme bêtises!, analyse-t-elle. Ma mission principale – rendre les autres plus forts –, ne peut pas s'apprendre à 25 ans.»

Revers de la médaille, selon Brice Garçon, ex-directeur du planning stratégique de CLM BBDO, aujourd'hui directeur général de Young & Rubicam: «Bertille est trop dans une démarche collective et ne se met pas assez en avant personnellement.» Mais elle a aussi deux autres qualités assez rares chez les managers: «Elle n'hésite pas à s'entourer de gens très différents, qui n'ont pas du tout la même façon de fonctionner qu'elle. Enfin, elle confie facilement et très vite des responsabilités à ses collaborateurs sans avoir peur qu'ils lui prennent sa place.» Lui-même, il est vrai, a été promu six mois après son arrivée à la direction du planning stratégique.


Son parcours en bref
1994. Magistère de communication au Celsa, puis planneuse stratégique chez Saatchi & Saatchi.
1996. Directrice du planning de Callegari Berville.
1999. Directrice R&D, puis directrice générale adjointe chargée des stratégies de CLM BBDO.
2003. Directrice générale de Young & Rubicam.
2006. Vice-présidente, directrice des stratégies de CLM BBDO.

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