Entre les lombrics hébergés au sous-sol de l'agence, les 500 000 abeilles sur le toit-terrasse et les sept cents collaborateurs dans l'open-space… Muriel Fagnoni, la vice-présidente exécutive de BETC Euro RSCG est sur tous les fronts. Partagée entre les ressources humaines et le développement durable (un tiers de son temps), ajoutés au pilotage de budgets importants de l'agence, elle ne chôme pas. Il faut dire qu'elle n'est pas du genre à prendre un sujet à la légère. Illustration avec les lombrics qui, recrutés pour détruire les déchets organiques de l'agence, produisent eux-mêmes du compost. Pour le recycler et que la boucle soit bouclée, Muriel a décidé de louer un jardin potager à côté de l'agence.
Déformation professionnelle? En tout cas, elle glisse une touche créative dans tous les sujets qu'elle touche. Dernier en date: le système d'évaluation des salariés de BETC. «Au lieu d'attribuer des notes comme à des élèves, je pousse pour que l'on adopte un dispositif où chaque collaborateur part de zéro et se construit un capital de points, comme dans les jeux vidéo», explique-t-elle. Démarche rare dans l'univers de la publicité, elle a bâti une vraie politique de ressources humaines chez BETC, avec la mise en place d'un processus de recrutement, des comités d'évaluation, de rémunération, des séminaires pour les managers… Et pour ne pas s'endormir sur ses lauriers, l'agence participe au concours «Great place to Work» depuis 2007.
«Toujours un cran plus loin»
Au jour le jour, en tant que manager, Muriel Fagnoni adopte le même mode de fonctionnement: elle en demande toujours plus. «Elle ne se contente jamais de ce qu'un collaborateur apporte, elle va toujours pousser un cran plus loin, relève Marielle Ploussard, qui a travaillé deux ans à ses côtés, avant de devenir consultante en ressources humaines. Cela peut être déstabilisant, car la première impression que l'on a d'elle, c'est une forme de dureté. Et cela aboutit parfois à des conflits. Mais une fois que l'on a compris que cela n'a rien de personnel et que l'objectif est juste d'obtenir le meilleur, la collaboration se passe bien.» Ce que confirme Christelle Fagot, directrice associée chez BETC: «Elle cherche l'excellence et sait mettre la pression quand il y a besoin, quitte à plonger elle-même les mains dans le cambouis.»
Muriel Fagnoni a d'autres attributions, plus informelles celles-là: «Je dis les choses dures que personne n'ose dire, souligne-t-elle. Comme quand j'estime qu'un manager refuse d'endosser ses responsabilités de chef d'équipe. Je vais lui faire remarquer sans détour. D'ailleurs, je suis assez transparente dans les émotions, je n'ai pas beaucoup de filtres, il m'arrive de pleurer comme d'avoir de nombreux fous-rires dans l'open-space.»
Autre caractéristique de cette créative, elle n'est jamais ponctuelle. «Avec elle, les réunions commencent toujours en décalé, constate Loïc Fel, responsable du développement durable de BETC. D'ailleurs, le jour de mon entretien d'embauche, je suis arrivé une demi-heure en retard, mais elle ne m'en a pas tenu rigueur: elle-même était en retard.»
(encadré)
Son parcours en bref
1983. Diplôme d'HEC.
1984-1999. Débute comme assistante chef de publicité pour devenir au final directrice générale adjointe de FCB
1999. Directrice générale de BETC Euro RSCG, puis vice-présidente exécutive. Depuis 2004, en charge des ressources humaines.
