distribution
Anne-Marie Gaultier-Dreyfus, la directrice marketing des Galeries Lafayette et du BHV, défend la mode française… avec un management à l’américaine.

Quand la directrice marketing des Galeries Lafayette et du BHV commence à parler anglais, ses équipiers savent à quoi s'attendre: ils vont se faire passer un savon. «Si elle s'énerve, Anne-Marie se met à égrener un chapelet de jurons, du style “over my dead body”, et à taper avec la tranche de sa main sur sa table, relate en rigolant Catherine Corrado, responsable de la communication des points de ventes chez Bouygues Telecom, qui a travaillé à ses côté pendant cinq ans. Je l'ai surnommée affectueusement mon “petit soufflet” car cela retombe aussitôt.»

Les coups de gueule en anglais, c'est le naturel qui revient au galop pour cette manager dont la mère est américaine et qui a vécu huit années aux Etats-Unis. La langue de Shakespeare, oui, la langue de bois, non. Très imprégnée de la culture anglo-saxonne, elle admet son côté très direct, clair sur les objectifs, les règles et les process. «Certaines nouvelles recrues sont surprises car je dis assez vite “j'aime” ou “j'aime pas”», poursuit-elle.

Idem pour recadrer, elle n'y va pas par quatre chemins. «Quand un collaborateur décroche, elle le convoque en étant très franche, dit Albine Commissaire, directrice de la marque Galeries Lafayette. Cela peut être sanglant, mais jamais méchant. Elle attend une réaction de la personne dans les cinq minutes suivant la réunion.»

Pas question pour autant, pour Anne-Marie Gaultier-Dreyfus, d'embaucher des bons petits soldats. «J'attends aussi des 120 personnes qui travaillent à mes côtés, qu'elles aient de la personnalité, ne se laissent pas faire, aient le courage de leurs convictions.» Selon elle les candidats «mous» ont peu de chances de partager son open-space.

«J'ai tendance à aller trop vite, à faire accélérer le train sans m'assurer que tout le monde soit bien embarqué», reconnait également la directrice du marketing. Ce que confirme Cécile Chouraqui, directeur publicité et médias des Galeries Lafayette: «On doit être très rapide et elle n'est jamais totalement satisfaite.»

Rodée pour de grandes équipes

La fougue d'Anne-Marie Gaultier-Dreyfus l'a récemment aidé à battre un record du monde, celui du plus grand défilé jamais organisé. Le 30 septembre, elle a fait défiler plus de 4000 inconnus devant les magasins Galeries Lafayette de toute la France, dont près de 700 sur un podium long de 75 mètres installé sur le boulevard Haussmann, à Paris.

Cette manager est rodée pour piloter de grandes équipes. Déjà, chez Saatchi, elle codirigeait une agence de 120 personnes. Sa méthode pour que ça tourne? «Elle délègue énormément et nous accorde beaucoup d'autonomie», juge Cécile Chouraqui.

Enfin, son management à l'américaine se retrouve également dans sa façon de motiver: «Elle transmet beaucoup d'énergie à ses collaborateurs», conclut Catherine Corrado, de Bouygues Telecom. Qui lui prédit une belle carrière: «Comme elle est très ambitieuse et a un très bon réseau, je la vois prendre la direction générale d'un grand groupe.» Yes!


Son parcours en bref

1984. Master in advertising-marketing à la Northwestern University de Chicago.
1984-1988. Chef de publicité chez BDDO, puis Leo Burnett, à Chicago.
1997-2001. Directrice générale de Saatchi & Saatchi Paris.
2001-2003. Directrice marketing du Club Med.
2003-2008. Directrice communication et marque de Bouygues Telecom.

Depuis 2007. Présidente du Club des annonceurs.

Depuis novembre 2008. Directrice marketing des Galeries Lafayette et du BHV

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.