étude
L'étude 2012 de V Com V sur les entreprises et institutions publiques témoigne d'une exacerbation des conflits de gouvernance. Sous le regard impassible de l'Etat.

«Je vais lui montrer qui c'est Raoul…» A en croire Vincent de La Vaissière, qui vient de sortir son étude sur la «sphère publique» (trente-trois entreprise et institutions), les patrons sous le contrôle de l'Etat sont à l'image du film Les Tontons flingueurs, version «je dynamite, je disperse, je ventile». Explication: l'année 2011, sur laquelle ont été interrogés 170 journalistes de 42 rédactions entre le 1er septembre 2011 et le 9 février 2012, a été propice à de véritables règlements de compte au sommet: c'est Jean-Paul Bailly (La Poste) «dynamitant» Patrick Werner, qui fut pourtant l'artisan du succès de La Banque postale, c'est Jean-Cyril Spinetta (Air France-KLM) «dispersant» en octobre Pierre-Henri Gourgeon, reconduit en juillet par son conseil d'administration; c'est Alain de Pouzihac (Audiovisuel extérieur de la France) «ventilant» Christine Ockrent. Sans oublier Henri Proglio (EDF) obtenant la tête d'Anne Lauvergeon (Areva).
«C'est un boulot de plus en plus violent dans la gouvernance et les ressources humaines, avec des enjeux de pouvoir monumentaux, souligne Vincent de La Vaissière. La planche de salut passe souvent par l'international, à l'image de GDF Suez, la RATP ou Aéroports de Paris.» L'Etat-actionnaire est tout particulièrement pointé du doigt dans l'étude de V Com V pour son caractère «désuni, désemparé, schizophrène» et son «absence de vision industrielle». Exemples d'incohérences flagrantes: GDF Suez, détenu à 35% par l'Etat, saisissant le Conseil d'Etat contre son actionnaire public. Ou encore l'Elysée, incapable d'arbitrer le conflit entre Pouzilhac et Ockrent dans une AEF minée par une affaire d'espionnage.

Contexte délétère

«Y a-t-il un pilote dans l'avion?», interroge le fondateur de V com V, qui formule dix recommandations, comme nommer une vraie personnalité à la tête de l'Agence des participations de l'Etat, rendre des comptes de façon très officielle, ne pas laisser pourrir les conflits, imposer la parité… «Ce qui me frappe, ajoute-t-il, c'est que les patrons entrants, comme Luc Oursel à Areva ou Alexandre de Juniac à Air France, ne bénéficient d'aucun état de grâce: ils n'ont que des états de crise.»

Dans ce contexte délétère, les patrons de médias publics, dont la nomination est marquée du sceau de Nicolas Sarkozy, arrivent en queue de liste auprès des journalistes. Le podium des meilleures notes est attribué à Louis Gallois (EADS, 15,1/20), Gérard Mestrallet (GDF Suez, 14,7/20) et Jean-Paul Herteman (Safran, 14,5/20). Alain de Pouzilhac arrive avant-dernier, avec 8,5/20. A la 29e place le précède Rémy Pflimlin (France Télévisions, 10,1/20). Le meilleur est Jean-Luc Hees (Radio France), 17e, avec 12,1/20.

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