internet
Le mode de management d’Olivier Aizac, le directeur général du Bon Coin, correspond à ses petites annonces: simple, et sans fioritures.

Si le Bon coin était un film, il s'intitulerait LaDiscrète. Cette entreprise de 120 salariés a beau être installée dans la très chic rue du Louvre, en plein cœur de Paris, ses bureaux et son management sont à l'image de ses petites annonces: épurés, sans fioritures. Son directeur général, Olivier Aizac, jean bleu et chemise blanche, est à l'avenant. «Entre 2006 et 2009, pour nous rejoindre, les candidats devaient être vraiment très motivés, car nous étions une petite boîte, une marque pas très sexy...», se souvient le patron de 37 ans. Aujourd'hui, la start-up rachetée à 100% par le groupe média norvégien Schibsted en 2010 (après l'acquisition de la part de Spir Communication) est devenue un géant du Web, avec 64 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011, 120 salariés et 14 millions de visiteurs uniques chaque mois... Il est plus simple d'attirer des talents. D'autant que la PME figure pour la première fois dans le classement des entreprises où il fait bon travailler de l'institut Great Place To Work.
Pourtant, au Bon Coin, on garde la tête froide. A commencer par Olivier Aizac, qui a démarré l'aventure il y a six ans, en tête-à-tête avec un informaticien, tous deux recrutés par Schibsted (éditeur de 20 Minutes). Pour la société scandinave, l'idée était de reproduire dans toute l'Europe le succès de Blocket, son site de petites annonces en Suède. Aux manettes dans l'Hexagone, Olivier Aizac se souvient: «Notre priorité a toujours été que le service soit adopté par le grand public, or dans les petites annonces la seule chose qui marche c'est le bouche-à-oreille.»

Un travail de fond pour faciliter la mise en relation entre acheteurs et vendeurs, avec une organisation d'entreprise originale: un centre d'appels à Montceau-les-Mines (Bourgogne) qui compte aujourd'hui 45 télévendeurs, une douzaine de télétravailleurs à domicile (en CDI) pour le service client et le reste des fonctions au siège parisien. «Nous ne produisons que des petites annonces, d'ailleurs visuellement pas très glamour, et pourtant on travaille avec plaisir, analyse Tao Rodien-Kimura, chef de produit au Bon Coin depuis trois ans et demi. Cette envie doit venir de la simplicité et de la façon de manager d'Olivier; comme il connaît tous les métiers, on se sent très accompagné.»
Sergio Visinoni, ancien responsable du développement du site, confirme: «Ce manager n'est du tout un chef “vieille école”, il est capable de se mettre à la place des autres, il est très accessible.» Peut-être trop, maintenant que l'entreprise a dépassé la centaine de salariés... «Oui, il a encore du travail à faire du côté de l'autorité», juge Sergio Visinoni. Autre limite: «Il n'excelle pas dans la gestion administrative», poursuit, avec euphémisme, Claire Blanquart, responsable éditoriale du Bon Coin. D'ailleurs, le patron ne se fait pas prier pour l'admettre: «Il y a deux ans, nous avons dû recruter un responsable ressources humaines. Quand l'entreprise a passé le cap des 50 salariés, je me suis retrouvé sous l'eau, il a fallu négocier l'élection des délégués, l'accord 35 heures...» En revanche, il est une chose que le patron n'a pas changé depuis six ans: il met un point d'honneur à répondre tous les jours à des mails d'utilisateurs.

 

Son parcours en bref :
1998. Diplômé de l'Essec.
1998-1999. Coopération aux services économiques du consulat de France à Shanghai (Chine).
2000-2002. Chef de produit chez Havas numérique (groupe Vivendi Universal).
2003-2005. Directeur marketing chez bonjour.fr (Groupe Hersant Média).
2006. Directeur général chez leboncoin.fr (groupe Schibsted).

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.