Ressources humaines
Alors que vient de s’achever le Congrès HR, un nouveau réseau, le Cercle de l’excellence RH, entend révolutionner la perception des directeurs de ressources humaines.

Le directeur des ressources humaines (DRH) nouveau est-il enfin arrivé? Les fondateurs du Cercle de l'excellence RH y croient dur comme fer. Ce réseau vient d'être lancé par 70 DRH d'entreprises (Vivendi, Carrefour, Monoprix, Euro Disney…) le 28 mars dernier avec pour vocation de «se mobiliser pour le rayonnement de la fonction». En clair: redorer le blason du DRH, qui cristallise tous les reproches en période de crise car il est chargé des «basses œuvres», tels que les licenciements, compression des coûts de personnel, gel des salaires…

Même quand la croissance est là, la direction des ressources humaines peine à faire rêver car elle est souvent associée à des expertises très techniques (juridiques, paie, systèmes d'information RH) qui peuvent effrayer. Le changement de nom, de directeur du personnel à directeur des ressources humaines, dans les années 1980, n'a bien sûr pas suffi. La fonction reste la mal-aimée de l'entreprise. D'ailleurs, parmi les premières réalisations de ce Cercle de l'excellence RH, il y aura la «rédaction d'un manifeste, véritable plaidoyer en faveur du DRH face à sa mauvaise image injustifiée». Egalement au programme, la création d'un prix DRH d'influence.

Alors que le Congrès HR, rassemblement annuel des DRH se déroule (10-11 avril, au Pré Catelan, à Paris), la mobilisation pour sauver le «soldat» RH est en train de prendre de l'ampleur, selon Edgard Added, fondateur du Club de l'excellence RH et dirigeant du cabinet de conseil RH&M: «Nous étions 35 membres fondateurs il y a six mois, nous sommes 70 aujourd'hui et l'objectif est d'être 100 à la fin 2013. Nous voulons donner envie à une nouvelle génération de devenir DRH, en mettant en place des actions de sensibilisation auprès des dirigeants, leaders d'opinions, parlementaires, grandes écoles et médias.»

Nouveau rôle

Pour porter ces nouvelles valeurs, le club s'est choisi comme figures de proue la cofondatrice de l'agence BETC, Mercedes Erra, en tant que présidente de son comité consultatif, et le PDG de SFR et DRH de sa maison-mère Vivendi, Stéphane Roussel, en tant que président. Ce choix correspond bien au nouveau rôle que voudraient jouer ces acteurs de l'entreprises: une direction des ressources humaines qui serait une sorte d'antichambre de la direction générale des groupes. Une tendance confirmée depuis 2008 par la nomination de Nonce Paolini, ancien DRH de TF1, comme PDG.

«Dans les années 1990, c'était le directeur financier qui avait le plus de compétences nécessaires pour devenir PDG ou directeur général. Aujourd'hui, c'est le DRH, assure Stéphane Roussel. En effet, les talents priment sur les organisations.» A condition, selon lui, de ne pas se cantonner aux prérogatives classiques de la fonction.

«Dès ma nomination comme DRH chez Vivendi, j'ai rencontré les dix meilleurs talents du groupe [57 000 salariés] quatre fois pendant trois heures pour réfléchir à la façon de faire de Vivendi une vraie entreprise plutôt qu'une succession de “business units”, raconte Stéphane Roussel. Si Jean-René Fourtou [président du conseil de surveillance] m'a nommé PDG de SFR, ce n'est pas parce que j'étais bon DRH, mais parce j'avais su mobiliser les énergies.» Un enthousiasme qui manque cruellement aux entreprises, engluées dans la crise.

Autre cas de DRH qui repousse les limites de son champ d'intervention avec Cécile Cloarec, DRH, directrice de la communication et du développement durable de Monoprix: «Nous avons lancé une démarche client, gérée collectivement, mais où la DRH est à la manœuvre car cela nécessite une mobilisation du corps social et des énergies afin, par exemple, que les hôtesses de caisse aillent davantage au contact des clients.»

Des compétences en complément

Sortir de son pré carré, cela signifie aussi s'intéresser aux questions stratégiques. D'ailleurs, la maîtrise des enjeux «business» est citée largement en tête (97%) des compétences essentielles à un DRH influent, selon une enquête Deloitte qui vient d'être publiée. Dans les caractéristiques d'un DRH d'exception, plus question de parler de ressources humaines au sens strict, mais de capacité à contribuer aux enjeux stratégiques (87%), au sens et au goût du business (83%), à la complicité avec le PDG (80%), au leadership au sein du comité exécutif (77%).

Bien sûr, ces compétences «extra RH» ne peuvent venir qu'en complément d'une bonne maîtrise des enjeux de base: être impliqué dans la gouvernance de l'entreprise, appréhender et faire évoluer l'organisation ou encore être un acteur de la guerre des talents.

Dans les agences de publicité, les patrons sont souvent réticents à créer une direction de ce type, pas toujours considérée comme vitale. Mercedes Erra a été l'une des premières à doter son agence d'une DRH. «Chez nous, explique-t-elle, ce levier a une importance immense. Sinon, il serait très difficile de recruter, faire évoluer et faire partir – si nécessaire et de façon correcte –, des collaborateurs. Tous les bons DRH doivent avoir une vraie connaissance métier afin de disposer d'une vision nette de là où l'on veut aller et des compétences nécessaires.»

 

Encadré

France Télévisions primé

Le président de France Télévisions, Rémy Pflimlin, et le DRH du groupe audiovisuel public, Patrice Papet, viennent de recevoir le Trophée des binômes PDG-DRH de l'année 2013, à l'occasion de la 10e édition de cette cérémonie, qui s'est tenue le 28 mars au Palais Brongniart, à Paris. Une façon de récompenser le travail en synergie d'une direction générale et d'un DRH sur des dossiers aussi complexes et sensibles que la remise à plat des accords collectifs de France Télévisions, qui a nécessité des centaines de jours de négociation.

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