Seuls 8% des recruteurs utilisent les réseaux sociaux professionnels pour embaucher! Réalisée auprès de 600 candidats et de 400 recruteurs, l'étude publiée par l'Association des agences conseils en communication pour l'emploi (ACCE) et le réseau social Viadeo remet les pendules à l'heure: non, les réseaux sociaux professionnels ne sont pas devenus le canal d'embauche numéro un au détriment des sites emplois.
«Il s'agit de la première étude sur le sujet qui ait la valeur d'un réel sondage, puisqu'elle a été menée par Harris interactive auprès de panels représentatifs de la population», décrypte Olivier Fécherolle, directeur général stratégie et développement de Viadeo. Jusqu'ici, les études étaient bien souvent menées par les réseaux sociaux auprès de leur communauté et donc un peu faussées.
Comment s'explique cette faible utilisation dans le recrutement? Les réseaux sociaux professionnels séduisent, sans conteste, les recruteurs dans la communication et le marketing, dans les grands groupes et en région parisienne. Mais rapportés à la France entière et en incluant les patrons de PME ou de TPE qui recrutent par eux-mêmes, l'outil est beaucoup moins adopté.
Au total, 26% des recruteurs sont inscrits sur un réseau social professionnel et plus de deux sur dix s'en servent. D'abord, pour renseigner sur de potentiels candidats, puis pour mettre à jour leur profil ou page entreprise, et enfin entrer en contact avec d'autres membres. Il y a donc une belle marge de progression.
Retard important
«Cela correspond au retard très important pris par les entreprises dans le monde du digital, il y a encore trop de réticences, de peur de s'exposer, souligne Didier Pitelet président de l'ACCE et de l'agence Moons' factory. Les dirigeants doivent encourager leurs salariés à créer des profils sur les réseaux sociaux professionnels.»
La création des pages entreprises par les réseaux professionnels, d'abord par Linkedin, puis par Viadeo, il y a quelques mois, a pour but de transformer ces espaces en plateformes d'embauche. D'ailleurs, DRH ou patrons de PME sont conscients du potentiel de ces canaux: six sur dix considèrent les réseaux incontournables, «quand il s'agit de recruter» ou «quand on recherche un emploi».
Les job-boards traditionnels sont-ils menacés par les médias sociaux professionnels? «Non, ils n'ont pas à s'inquiéter car les candidats ont bien compris la complémentarité des deux outils, selon Didier Pitelet. D'un côté les job-boards pour le recrutement, les réseaux sociaux pour la mise en relation, s'informer sur les valeurs, la culture d'un groupe via les pages entreprises ou les profils de ses salariés.» L'autre apport des réseaux est d'obliger les sociétés à faire un effort en termes de transparence sur leurs pratiques RH et managériales.
«Les employeurs vont devoir être capables de traduire sur ces réseaux sociaux professionnels leur vivre ensemble pour attirer de nouveaux candidats, une révolution qui va au-delà de la publication du simple contenu RH», poursuit Didier Pitelet.
Et les actifs, qu'en pensent-ils? Déjà, ils sont très nombreux à être en recherche active ou en veille: 61%. Dont 31% sont en quête d'un nouvel emploi. Autrement dit, ils sont très à l'écoute du marché et de nouvelles opportunités. Et pourtant ils ne sont qu'un quart à être inscrits sur des réseaux sociaux professionnel. A l'inverse deux tiers des cadres sont membres de ces réseaux.
L'évangélisation reste à faire
Ces plateformes ont déjà beaucoup de membres: Viadeo en compte 8 millions en France. Mais elles ont à recruter dans des univers professionnels et de métiers moins connectés. «Nous avons encore un gros travail d'évangélisation à mener, admet Olivier Fécherolle. Nos applications mobiles nous aident à aller conquérir de nouveaux membres, qui n'ont pas forcément de poste de travail informatique. Et nous le constatons dans les horaires de connexions: le matin, le midi et en soirée.»
Viadeo mise aussi sur une simplification de ses outils: dernière innovation en date, la possibilité de répondre aux offres d'emploi depuis son mobile, en envoyant son profil plutôt que son CV....
