numérique
Rafi Haladjian, papa du lapin Nabaztag, se relance dans l’aventure des objets connectés, avec Mother. Il délègue à quelques personnes de confiance. Et confie l’opérationnel à un directeur général.

C'est la dernière trouvaille du papa du Nabaztag, ce lapin lumineux connecté en Wi-Fi, premier objet communicant. Rafi Haladjian, 52 ans, a dévoilé en décembre «Mother», un objet connecté primé au CES, le salon high-tech qui se tient à Las Vegas du 7 au 10 janvier. Le concept: un terminal domestique connecté en Wi-Fi qui analyse le flot d'informations envoyé par les «cookies», des mini-galets en plastique dotés d'un accéléromètre et d'un thermomètre. Collé aux objets (ou aux gens), le cookie joue le rôle de capteur. Une fois apposé sur la brosse à dents de son enfant, on sait quand il oublie de s'en servir. Sur la cafetière, le nombre d'expressos que l'on boit... Rafi Haladjian planchait sur son étrange joujou en secret depuis quatre ans, au sein de sa start-up Sen.se. «Mother» sera commercialisé en mars 2014. Avec un slogan orwellien: «Mother sait tout».

Rafi Haladjian a toujours voulu être pionnier. A 17 ans, en août 1978, cet Arménien arrive en France pour passer son bac, après avoir fui le Liban, en pleine guerre civile, où il avait fondé la Fédération anarchiste. Il commence des études de sémiologie, puis de télématique, où il s'inscrit par hasard en 1983, alors que le Minitel apparaît en France. La révélation: «C'était un domaine où tout restait à inventer», se souvient-il. Recruté en 1986 par Publications nouvelles pour développer son service Minitel, il rachète cette société en 1992, et gagne beaucoup d'argent en développant son service de messagerie rose, puis revend ses activités autour du Minitel et de l'Audiotel au groupe Neocom en 1999. Pionnier, il l'est aussi dans l'accès à Internet avec France Net, qu'il lance en 1994 (rebaptisée Fluxus) et revend à British Telecom en 2001 pour «une centaine de millions d'euros».

La solution: déléguer

C'est alors qu'il devient un gourou des objets connectés avec son lapin Nabaztag, commercialisé à partir de 2003 par sa start-up Violet, placée en liquidation judiciaire en 2009. Quatre as plus tard, le revoici donc avec Sen.se. Comment gère-t-il ses relations avec ses salariés? Pour ce fils d'un grossiste en textile, le salariat n'est pas la norme: «Dans ma famille, personne n'a jamais été salarié, on créait son affaire, souligne Rafi Haladjian. A la tête de Publications Nouvelles, je me suis retrouvé 'chef' sans savoir comment faire. Je n'ai jamais voulu l'être.» La solution: déléguer. Dans chaque entreprise qu'il crée, il nomme un directeur général en charge de l'opérationnel.

Rafi Haladjian délègue «lorsque [il a] les bonnes personnes aux bonnes places», souligne-t-il, lui qui dit abhorrer «les faiseurs, qui exécutent les ordres sans passion». Pour Sen.se, qui compte une dizaine de salariés, il avoue un certain turn over. «Rafi Haladjian a une intolérance à la médiocrité. Il a des difficultés à accorder sa confiance et à penser que les gens font un travail satisfaisant», souligne Frank Behier, cofondateur de Sen.se. Au quotidien, l'intéressé préfère éviter les réunions formelles: «On est en open space, donc je gère à la criée.» Ce lève-tôt fonctionne aussi beaucoup par e-mails. «Il est dans un esprit start-up, un peu décalé, sans structure très formelle. Il sait tenir les équipes et clients informés de manière anticipée par e-mails, sur l'entreprise, les partenariats, sa vision», confirme Nadah Faycal, qui fut la directrice générale de France Net.

 

Encadré
Son parcours en bref

8 juin 1961. Naissance à Beyrouth (Liban).
Août 1978. Arrive en France pour passer son baccalauréat.
1994. PDG de FranceNet, premier fournisseur d'accès à Internet et hébergeur français.
2003. fonde Violet et lance le lapin connecté Nabaztag.
Août 2009. lancement de Sen.se, qui commercialisera en mars 2014 son premier produit, «Mother».

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