Ressources humaines
Interview. Fusion avec Omnicom, image employeur, politique sociale, évolution des métiers, le DRH de Publicis n'a éludé aucune question.

Publicis vient de recevoir le Randstad Award d'«employeur le plus attractif» dans le secteur des services en France, qu'est-ce que cela représente pour votre groupe?

Benoît Roger-Vasselin: C'est une belle surprise pour nous, d'autant plus que nous ne savions pas que nous figurions dans cette enquête, réalisée au niveau international, sous la forme d'un sondage (NDLR: lire le focus ci-dessous). Nous avons toujours eu une tradition de discrétion en termes d'image employeur, avec pour logique de nous effacer derrière nos clients. Dans le même temps nous avons besoin de continuer à attirer les meilleurs talents, précisément pour être toujours à même d'apporter le meilleur service à nos clients: en 2013, en France, malgré une conjoncture difficile, nous avons recruté plus de 1000 personnes, dont 745 jeunes de moins de 30 ans. En 2014, nous devrions être sur les mêmes tendances. Au niveau mondial, nous recevons plusieurs dizaines de milliers de CV par an, en France, plusieurs milliers de candidatures chaque année.

 

A quoi vous attribuez-vous cette reconnaissance de votre marque employeur?

B. R-V: Publicis trouve ses racines dans une culture française et familiale, très fortement marquée par les personnalités exceptionnelles de Marcel Bleustein-Blanchet et de Maurice Lévy, et a grandi jusqu'à devenir aujourd'hui le 3e groupe mondial de communication. Une belle histoire attractive! Et puis certaines agences investissent énormément de temps pour façonner leur «marque employeur» afin de recruter les meilleurs talents, et cela porte ses fruits. Par exemple, en organisant des «workshops» mensuels avec des collaborateurs aux profils particuliers pour comprendre leurs attentes, leurs modes de travail, les réseaux sociaux sur lesquels ils sont présents, en vue notamment d'organiser des campagnes ciblées sur des sites Web suggérés par les collaborateurs eux-mêmes.

 

Où en est le processus de fusion avec Omnicom?

B. R-V: Nous avons déjà obtenu l'autorisation des autorités de contrôle des concentrations de toutes les juridictions dans lesquelles la fusion devait être validée; sauf le feu vert des autorités de la concurrence chinoises, et cela ne devrait pas plus tarder, nous l'espérons. La préparation de la fusion avance bien: plusieurs dizaines de groupes de travail ont été mis en place, pour être prêts le moment venu. Les ressources humaines y apportent leur expertise sur des sujets sociaux, de gestion des talents...

 

Quelles seront les conséquences de cette fusion sur l'emploi en France?

B. R-V: Nous avons, lors de l'annonce et des réunions d'information qui ont suivi, indiqué que la fusion n'aura pas de conséquence négative sur l'emploi en France.

 

Y aura-t-il des passerelles entre Omnicom et Publicis pour les salariés?

B. R-V : Nous avons déjà pu entendre des demandes de collaborateurs, qui nous disent: «Je souhaiterais évoluer chez Omnicom après la fusion.» Traditionnellement, nous encourageons les parcours de carrière entres les réseaux publicitaires de Publicis Groupe. La mobilité dans le cadre du futur Publicis Omnicom Group figure à notre programme de travail. Comme il s'agit d'une fusion entre égaux, toute évolution devra se faire dans le respect de chaque entité. Mais dans tous les cas, dans l'immédiat, il y a une règle claire: tant que la fusion n'est pas réalisée, nous demeurons des concurrents.

 

La fusion induira-t-elle une homogénéisation des pratiques de management?

B. R-V: Nous n'allons pas changer les façons de manager ou tenter de les homogénéiser, ou même de les standardiser. Nous respecterons, comme nous l'avons toujours fait, le fonctionnement des agences: il y a des méthodes de management différentes mais qui fonctionnent très bien chez Leo Burnett ou Saatchi, tout comme chez TBWA ou DDB ... La devise de Publicis, comme vous le savez, est «Viva la différence».

 

Quelle politique de rémunération en 2014 chez Publicis?

B. R-V: Nous sortons d'une année 2013 qui a été exceptionnelle dans le monde pour le groupe (NDLR: 816 millions d'euros de bénéfice net part du groupe, en progression de 11,5 %, 6,853 milliards d'euros de chiffre d'affaires, en hausse de 5,2 %). La France n'est clairement pas l'élément le plus moteur de cette croissance. Pour autant, nous appliquerons la même politique salariale en France que dans le reste du monde: pas de gel des salaires, ni d'augmentations générales et systématiques, mais des augmentations individuelles ciblées.

 

Avec le digital, la transformation des métiers s'accélère dans la publicité, comment la direction des ressources humaines de Publicis parvient-elle à faire face?

B. R-V: Aujourd'hui, il y a une nette accélération de cette mutation: aux ressources humaines, nous passions en revue les fonctions une fois par an, désormais nous le faisons tous les trimestres et par voie informatique, nous avons dématérialisé le formulaire d'évaluation. Les équipes RH sont sensibilisées à cette évolution permanente. Nous accueillons de nouveaux profils qui ont grandi avec Internet: les «natifs du digital». Ils sont jeunes, dynamiques et exigeants. Aussi, nous devons leur fournir un environnement motivant et leur permettre d'évoluer grâce à des formations régulières et des programmes de reconnaissance.


FOCUS : M6, meilleur employeur dans les médias
Le groupe M6 a également été consacré le 20 mars dans le cadre des Randstad Awards «Employeur le plus attractif dans le secteur des Médias». Le panel est composé de salariés actifs ou de personnes potentiellement actives âgés de 18 à 65 ans, et les sociétés elles-mêmes ne peuvent postuler, ni demander à figurer dans cette étude. 12 000 internautes se sont prononcés sur 17 critères d'attractivité comme le salaire, la sécurité de l'emploi, les perspectives de carrières, la responsabilité sociale... Et ce, pour plus de 200 entreprises.

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