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Le fondateur et CEO de Faber Novel, président de Cap digital et multientrepreneur, applique un mode de management de «mutant».

Chez Faber Novel, les salariés fixent eux-mêmes leurs objectifs trimestriels et les partagent avec toute l'entreprise. Ils participent aussi au recrutement de leurs pairs… L'agence de Stéphane Distinguin pousse très loin la notion de collaboratif: «Cela correspond à notre volonté d'intégrer les meilleures pratiques de management, issues des start-up et GAFA [Google-Apple-Facebook-Amazon], explique le fondateur et CEO de Faber Novel. Nous avons adopté le logiciel utilisé par Google, baptisé “Objectives and key results”, pour les objectifs. Le fait de les publier, cela devient un engagement vis-à-vis de soi et des autres.»

Dans un bel immeuble, sis au fond d'une cour, à deux pas de la place de la République (Paris Xe), est installée une partie de la centaine de collaborateurs de l'agence (le reste étant à San Francisco). «Nous sommes une agence d'innovation, notre métier n'est pas de faire des sites Web, mais de saisir le numérique pour ce qu'il va être stratégique. Nous nous appuyons sur une équipe de designers, créatifs, ingénieurs, etc., pour aller le plus vite possible de l'idée au prototypage», martèle Stéphane Distinguin.

L'entreprise, qui réalise 10 millions d'euros de chiffre d'affaires, a son antienne maison: «Une vison sans réalisation est une hallucination.» La phrase est signée Thomas Edison. Pour Stéphane Distinguin, ce sont les talents qui sont le carburant de l'innovation. Il vient de créer une start-up pour le big data, baptisée Quantstreams, avec Georges-Edouard Diaz, ex-directeur digital de L'Oréal.

Le partage d'une vision

L'agence, où l'on s'appelle par ses initiales dans les mails pour aller plus vite, se démarque également dans ses méthodes d'embauches. Il y a d'abord le «Career Challenge»: «C'est la possibilité pour n'importe qui de postuler, sans condition de diplôme, en résolvant un cas sur le site, avant d'être reçu en entretien, détaille Leila Turner, directrice de projet. Nous accueillons bientôt notre première recrue passée par cette méthode de sélection.» Autre originalité: chaque candidat est reçu par ses pairs dans l'entreprise, qui l'évaluent via un outil interne. Et s'il n'a pas convaincu ses futurs collègues, aucune chance d'être embauché. «On a recruté des analystes, ingénieurs et designers, et il y devrait y avoir encore des embauches d'ici à la fin 2014», précise Stéphane Distinguin.

«Stéphane, c'est une sorte de mutant, il fait preuve d'une plasticité mentale étonnante, il est capable de s'adapter quel que soit son interlocuteur, dit Thomas Romieu, le directeur digital groupe de LVMH. Il manage ses équipes comme ses clients, en les faisant grandir, sans hésiter à s'opposer à eux. Une démarche que j'apprécie, car comme disait le philosophe Alain: “Penser, c'est dire non.”.»

Le patron-fondateur prend le temps de partager sa vision. «Il rencontre une personne différente de l'entreprise chaque semaine, y compris chaque nouvelle recrue, stagiaire inclus, pour expliquer le projet et son histoire», note Leila Turner. Enfin, quand il a le temps… Car Stéphane Distinguin, qui vient d'être réélu président de Cap Digital, est hyperactif, un courant d'air. Et donc souvent insaisissable, un peu comme le digital. Electrique.

 

Son parcours en bref

1973. Naissance à Noisy-le-Grand (93).
1997. Diplômé de l'ESCP, puis auditeur chez Deloitte & Touch, à Londres.
1999. Fonde la start-up City Rush (livraison à domicile en moins d'une demie heure), puis crée un fond d'amorçage «Up & Up», en partenariat avec la Caisse des dépôts.
2003. Lance Faber Novel.
2004. Crée Digitick (dématérialisation de tickets de spectacle), revendu à Vivendi en 2010. Devient président de l'association Silicon Sentier.
2008. Ouverture de Faver Novel San Francisco. Crée l'espace pluriel et collaboratif La Cantine.
2013. Président de Cap Digital. Il est réélu en 2014.

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