Digital manager
Nicolas d’Audiffret, dirigeant et cofondateur du site A little market, inculque à ses salariés culture du risque et liberté d’entreprendre. Le tout en affichant une sérénité permanente.

Petit séisme dans le domaine du «home-made in France». Etsy, le géant américain du secteur, s'est offert le 24 juin dernier le site A Little Market, fondé en 2008 par Nicolas Cohen, Loïc Duveray et Nicolas d'Audiffret. Un beau cadeau pour ce dernier, qui fêtait ses 35 ans ce jour-là. Après six ans d'existence, la plate-forme leader du fait-main regroupe aujourd'hui 97 000 petits créateurs français et une communauté de 800 000 membres. Le site totalise 4,5 millions de visites mensuelles et 45 millions de pages vues.

A la tête d'une équipe qui compte 25 personnes et ne cesse de s'agrandir - en témoignent les six déménagements en six ans d'ALM -,  Nicolas d'Audiffret garde en tête un leitmotiv quand il recrute: l'adhésion aux valeurs de l'entreprise, notamment la culture du risque et de l'objectif, la simplicité, la créativité et l'esprit d'équipe. «S'il faut bien évidemment des compétences techniques pour certains postes, notre critère essentiel est la personnalité du candidat, sa capacité de réflexion et à résoudre des problèmes et son potentiel d'évolution. Car sur le Web, les problèmes de toutes sortes sont constants.»

Pour le dirigeant, qui a fait ses classes chez Bain & Company pendant sept ans en tant que manager, le Web implique encore plus d'attention lors d'un recrutement, «car les effets de leviers qu'une seule personne peut avoir sur le Web sont exponentiels. Un bon élément fait une énorme différence, comme un mauvais.» Comme toute entreprise digitale, les prochains challenges d'ALM sont le mobile et la big data. «Les profils que nous allons recruter sont des data analysts qui nous permettront d'analyser les expériences d'achat.»

De la valeur de l'échec

Une fois recrutés, les salariés sont clairement incités à prendre des risques. «On ne va pas les sanctionner s'ils se plantent, bien au contraire. Lors des entretiens semestriels, le salarié doit ainsi présenter ce qu'il estime avoir été son plus gros échec au cours des six derniers mois, et ceux qui n'en ont pas ne marquent pas de points.»

Lui-même n'a pas hésité à revoir l'organisation de l'entreprise à un moment donné. L'arrivée constante de nouveaux salariés a abouti à un blocage: «On n'arrivait pas à livrer à temps nos projets et personne ne savait qui faisait quoi.» Une organisation en équipe mixte technique- non technique, a donc été imaginée, notamment par les salariés qui ont été impliqués dans le projet. «Chaque pôle est composé de personnes de différents services afin de faciliter les échanges et de permettre la compréhension mutuelle des taches réalisés par les uns et les autres.» Car l'autonomie de ses équipes est essentielle pour Nicolas d'Audiffret: «Nous établissons des objectifs et nous laissons les salariés les mettre en œuvre comme ils l'entendent. Je n'aime pas trop le côté militaire” du manager qui contrôle tout.» 

Marie d'Argentre, qui a travaillé sous la direction de Nicolas d'Audiffret chez Bain & Company, confirme: «Il laisse énormément d'autonomie et sait faire confiance à son équipe. Il affiche une sérénité et un calme en toute circonstance. Ce qui est également marquant chez lui, c'est sa capacité d'écoute.» La jeune femme pointe même un «côté réservé». Mais Nicolas d'Audiffret ne se refait pas: «Si l'on n'est pas soi-même, on ne peut pas être un bon manager.»

 

Nicolas d'Audiffret sur Twitter: @ndaudiffret

 

Son parcours en bref : 

1979. Naissance, à Nantes.
2003. Diplômé de l'ESCP.
2003-2009. Manager chez Bain & Company (Paris et San Francisco).
Décembre 2008. Lancement d'A Little Market.
Février 2011. Lancement d'A Little Mercerie.
Juin 2014. Rachat d'ALM par l'américain Etsy.
 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.