Digital manager
Portrait. Le cofondateur de Blablacar, a levé début juillet 73 millions d’euros pour son développement à l’international. Pour motiver ses troupes, ce scientifique de formation recourt aux slogans maison, et délègue volontiers.

Des mantras, tels «The member is the boss», ou «Fail. Learn. Succeed.», professés sur les murs ou des sacs en toile. A l'arrière, un salon avec un baby-foot et une arcade de jeux vidéo. Dès l'entrée de ses locaux, qu'elle partage avec Criteo, Bla Bla Car affiche tous les codes d'une start-up.

 

Lorsqu'il lève 100 millions de dollars (73 millions d'euros) en juillet, Frédéric Mazzella, 38 ans, le fondateur de l'entreprise, a droit à une surmédiatisation, enchaînant «50 à 80 interviews» en quinze jours. Avec 8 millions de membres, et des bureaux implantés dans douze pays, sa start-up lancée en 2006 a popularisé le covoiturage, cet auto-stop du XXIe siècle. On a beau être dans la «sharing economy» (économie du partage), on n'en reste pas moins dans le business.

 

Mais l'homme n'est pas du genre à pavoiser. Jean-Baptiste Chamboredon, président exécutif du fonds d'investissement ISAI, qui a misé sur lui au départ, décrit un entrepreneur «qui a eu des incertitudes au début» mais qui s'est révélé redoutablement «tenace»«Il a mangé des pâtes de 2006 à 2009, et il n'a décollé seulement qu'en 2010», rappelle-t-il.

 

Ses nouveaux défis? «Nous avons cinq pays en vue pour nous développer, dont la Turquie, le Brésil, et l'Inde», précise l'intéressé. «On y trouve une forte pénétration des réseaux sociaux, de la téléphonie mobile, de l'essence chère, et une population urbaine importante».

L'anecdote est connue: à la veille de Noël 2003, les trains bondés pour la Vendée lui ont donné l'idée de développer un site, Covoiturage.fr, mettant en relation des automobilistes en partance pour une même destination au même moment.

 

Qu'aurait fait Superman?

 

Rien ne prédestinait ce fils de profs, qui a grandi en Vendée, à ce parcours entrepreneurial. Même s'il fut un crack précoce: arrivé à Paris, il mène de front terminale S et conservatoire de musique, puis enchaîne prépa scientifique, Normale-Sup en sciences physiques, puis informatique à l'université de Stanford.

 

Il enchaîne les premiers jobs dans des start-up, puis lance Covoiturage.fr. «Avec pour corollaire, grâce à des profils vérifiés de chauffeurs, de construire des relations de confiance entre des gens qui ne se sont jamais rencontrés», résume-t-il. Preuve du passage à l'âge adulte, Covoiturage.fr, rebaptisée Bla Bla Car en 2011 (manière d'associer covoiturage et bavardage), facture alors la mise en relation entre usagers, pour 11% du prix du covoiturage.

Pour motiver ses troupes, Frédéric Mazzella délègue même s'il reconnaît suivre le travail de 50 collaborateurs sur 150. «Si un projet correspond, je le confie à un “nouveau” dès le début, même si je l'accompagne après». Chaque recrue est suivie par un salarié «parrain».

 

Et chaque mercredi, lors des «Bla Bla Talks hebdomadaires, un département présente ce qu'il a fait et ses projets pour les prochaines semaines», précise-t-il. «Il est visionnaire, pédago, adepte des comparaisons. En réunion, il nous demande parfois “qu'aurait fait Superman?”», salue Laure Wagner, directrice de la communication, qui a rejoint les cofondateurs en 2009.

Autre outil, modeler la culture d'entreprise. «Lors d'un week-end ski de l'entreprise, en 2013, nous avons mené un brainstorming sur nos valeurs», précise-t-il. D'où l'idée des slogans apposés sur les murs - comme chez Facebook. En entretien, «je les soumets aux recrues. Je regarde s'ils ont  envie d'apprendre avec nous et de construire la suite».

 

«Sa façon de manager est de se dire qu'il faut que son organisation soit au

topropulsée, chacun doit se dire je suis non pas un wagon mais une locomotive», estime Jean-Baptiste Chamboredon.

 

 

Son parcours en bref

Septembre 1997. Intègre l'Ecole normale supérieure d'Ulm.
Septembre 1999. Stanford University.
1999. Consultant chez Blue Pumpkin, puis NTT.
Novembre 2006. Fonde Covoiturage.fr.
Juillet 2013. Lève 73 millions d'euros.

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