Pas besoin de s'installer dans un garage de la Silicon Valley pour créer une start-up à succès: un petit appartement breton peut convenir tout autant! C'est à Rennes, la capitale d'Ille-et-Vilaine, que Gwenaëlle Quenaon-Hervé a cofondé Ouest Job, début 2000. Quatorze ans plus tard, c'est devenu Regions Job, une PME de 170 salariés réalisant 27 millions d'euros de chiffre d'affaires (2013) et 30% de marge.
A l'origine de l'aventure, ils étaient trois: Jérôme Armbruster (aujourd'hui directeur général du site), Guillaume Semblat (devenu directeur délégué de Télégramme développement) et Gwenaëlle Quenaon-Hervé donc. La start-up a reçu très vite du renfort: neuf mois après le lancement de Ouest Job, le groupe Le Télégramme prenait une participation majoritaire (60%). Dans la foulée, le site se rebaptisait Regions Job et devenait la tête de pont du groupe de presse régionale pour l'emploi sur internet.
Agilité
Du haut de ses quatorze ans, Regions Job cherche encore à conquérir de nouveaux territoires, car il est confronté comme tous les sites emploi à la fois à la concurrence des réseaux sociaux, Linked In en particulier, et des sites d'annonces gratuits, comme Le Bon coin. A la manœuvre, Gwenaëlle Quenaon-Hervé, sa directrice générale adjointe, raconte: «En 2012, j'ai créé After Twelve, une filiale pour les nouveaux développements, à laquelle peuvent collaborer une quinzaine de personnes, au gré des projets. Cela nous a permis de lancer, début 2014, Cadreo, notre premier site pour les cadres et dirigeants.» En deux ans, Gwenaëlle Quenaon-Hervé a investi 1,5 million d'euros dans son «laboratoire d'innovations». Dans chacun des groupes projets, il y a un pilote qui représente un service de l'entreprise (développement, marketing, webdesign, etc.), et il s'agit de préférence d'un non-manager.
«Gwenaëlle n'hésite pas à s'immerger totalement au sein de ses équipes, en particulier en début de projet, souligne Jérôme Armbruster. Elle prête beaucoup d'attention à la place de chacun dans ces groupes projets. Cela peut être aussi un frein: à vouloir associer toutes les compétences de la société, on avance moins vite.» Le maître mot de la dirigeante pour que Regions Job continue à prospérer: l'agilité.
Repositionnement permanent
«Notre attente vis-à-vis d'un collaborateur évolue énormément d'une année à l'autre, et il faut savoir les repositionner intelligemment. D'autant qu'en parallèle, il faut gérer la croissance de l'entreprise: nous sommes passés de 3 à 170 personnes.» Avec une étape difficile: «En pleine crise financière, en 2008, le nombre d'offres d'emploi sur le site est passé de 33 000, en septembre, à 19 000, en octobre, cela a été le premier choc depuis la création de la société. Il a fallu se séparer de quelques collaborateurs», regrette Gwenaëlle Quenaon-Hervé.
Dossier : Emploi dans la com' & le marketing, enfin la reprise ?
La société a recréé 70 postes depuis. Un rythme soutenu prisé par la manager. «Elle est capable de tout bousculer pour réinventer une activité, elle va vite. Parfois, nous sommes complètement largués, sourit Ellen Bonenfant, directrice communication et partenariats chez Regions Job. Il faut savoir aller la voir et lui dire «help». Mais surtout pas «stop»!
Son parcours en bref
1974. Naissance à Brest (Finistère).
1997. Maitrise de droit des affaires et de droit fiscal (Rennes 2).
1998. Master en administration des entreprises (IAE de Rennes).
2000. Fonde Ouest Job avec Guillaume Semblat et Jérôme Armbruster. En septembre, le groupe Le Télégramme prend 60% du du site, qui se renomme Regions Job.
2003. Le Monde et Le Nouvel Obs prennent une participation minoritaire.
2007. Création de Paris Job, filiale commune avec le groupe Amaury.
2013. Lancement d'After Twelve, structure dédiée aux nouveaux développements.
2014. Création de Cadreo, site spécialisé pour les cadres supérieurs. Rachat, à parts égales avec le Figaro Classifieds, du site de multidiffusion d'annonces Talent Plug.
