Digital
La multiplication des projets digitaux chez les annonceurs et dans les agences génère une relance des recrutements. Une bonne nouvelle.

L'été a été bref dans certains cabinets de recrutements. «Même la semaine du 15 août, les agences nous ont demandé de leur envoyer des experts en renfort», note Perrine Grua, directrice générale d'Aquent France. Pierre Cannet, fondateur du cabinet Blue Search, n'a pas non plus bénéficié d'une véritable trêve estivale: «Au mois d'août, j'ai répondu à un appel d'offres et j'ai été davantage consulté que d'habitude sur des missions de recrutement», se félicite-t-il. Une myriade de gros projets digitaux s'annonce en effet pour la fin d'année dans les agences et chez les annonceurs, nécessitant d'étoffer les équipes.

Lire l'article: Le digital recrute

Jusqu'a présent, tous les signaux concordent: il y a bien une reprise des embauches dans le marketing et la communication. Le nombre d'offres d'emploi est reparti à la hausse dans les douze derniers mois (d'août 2013 à juillet 2014), selon l'Association pour l'emploi des cadres (Apec): de 17% dans la communication et de 5% dans le marketing. Et, en août, la tendance est même à l'accélération de cette reprise puisque l'Apec constate une croissance de 8% pour les petites annonces de la famille commercial-marketing et de 30% pour les offres en communication-création. Bien sûr, cela ne se traduit pas par des plans de recrutement à trois chiffres, mais plutôt par des besoins constants pour les profils digitaux et technologiques. «Il y a beaucoup d'entreprises qui recrutent un peu», nuance Pierre Cannet.

Car dans le même temps, la conjoncture globale ne donne pas de signes d'amélioration, la courbe du chômage continue à s'élever pour s'établir à 9,7% au 2e trimestre 2014. Et les embauches continuent à se faire très majoritairement en CDD (à 84% au 1er trimestre selon l'Insee, soit un niveau record).

On s'arrache le data analyst

Alors comment expliquer ces gisements d'emplois dans le marketing et la communication? La réponse tient en un mot: digital. Il entraîne une mutation des métiers telle que des services entiers sont créés ex nihilo, tandis que d'autres fusionnent ou disparaissent. Car la déferlante digitale est suivie d'autres vagues de transformation, également de grande ampleur: le multicanal pour les agences, la data pour celles-ci ainsi que pour les médias et les annonceurs, l'e-commerce pour ces derniers…

Lire : Evolution professionnelle: 7 questions à se poser

«Il y a une montée en puissance des ingénieurs dans nos métiers, note Damien Crequer, associé du cabinet Taste RH. Qu'il s'agisse du traitement, de la collecte ou de l'utilisation des données.» Effectivement, la star incontestée des offres d'emplois en cette rentrée, c'est le data analyst: agences, annonceurs, médias, tout le monde s'arrache ce profil.

«Les entreprises internalisent ce métier comme celui de trafic manager, car elles en ont besoin pour piloter leur activité», éclaire Hervé Solus, cofondateur et président du site Job à proximité. Une denrée très rare, ce qui explique que BNP Paribas, Criteo ou PSA Peugeot-Citroën se sont récemment associés à la création d'une chaire en big data, «Machine Learning for big data, à Télécom Paris Tech. Les besoins en compétences big data sont tels que les groupes se battent presque pour disposer de leur propre chaire.

 

Lire : 5 compétences qui boostent un CV

 

Toujours assez recherché par les recruteurs, le community manager, y compris en régions. «Certaines PME toulousaines, qui n'ont pas de service marketing et communication, embauchent directement un community manager», illustre Djamila Le Goff, directrice de secteur chez Expectra, qui dispose d'agences en région. «Il y a de nombreux besoins en e-commerce, data, UX [user experience, expérience client] et trafic», résume Perrine Grua, d'Aquent.

Manquent toujours à l'appel des responsables acquisition (SEO/SEM, display), des chefs de produit mobile, des responsables marketing digital… Et Marc de Torquat, directeur du cabinet Shefferd, complète: «Les médias cherchent à renforcer leurs équipes sur la partie RTB [real time bidding, enchères en temps réel], en intégrant des trader médias seniors.»

E-commerce et start-up en plein boom

L'autre mouvement important et qui génère des recrutements, chez les annonceurs cette fois-ci, c'est le basculement dans le commerce en ligne. «Les entreprises de grande consommation, l'agroalimentaire, le luxe, la cosmétique et la banque-assurance, recrutent des professionnels de l'e-commerce, confirme Pierre Cannet, de Blue Search. Une banque en ligne a ainsi recruté tout une équipe: des profils marketing online, CRM, fidélisation et UX.»

Dans le même temps, les pure-players de l'e-commerce (Zalendo, Sarenza, Spartoo, etc.) sont à nouveau dans une bonne dynamique et embauchent. Les start-up (médias, communication, digital), qui bénéficient de vents porteurs actuellement, ne sont pas en reste: «Il y a beaucoup de levées de fonds en ce moment dans ces structures», assure Damien Crequer, de Taste RH. Et ces start-up échafaudent toutes des plans d'affaires internationaux, tout comme les entreprises à succès, comme le groupe 1000 mercis, dirigé depuis la Silicon Valley californienne par Yseulys Costes. Cela se retrouve dans les missions confiées aux cabinets de recrutement: «Les entreprises vont rechercher de plus en plus de profils à la fois digitaux et internationaux», conclut Marc de Torquat, du cabinet Shefferd.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.