Sa dernière opération «Payez ce vous voulez!» a généré 2,7 millions de visites sur son site dont 750 000 nouveaux visiteurs. En raison d'une rupture de stock très rapide, elle a fait quelques mécontents... Mais pour Brandalley, le pari n'en est pas moins réussi. Car tout comme Cyril Andrino, son nouveau dirigeant depuis juillet, la marque a besoin de notoriété. Difficile en effet d'exister entre Vente-privée.com, fondée par Jacques-Antoine Granjon, et Showroom privé de Thierry Petit.
C'est à La Plaine-Saint-Denis (93), terre d'élection des déstockeurs, que Cyril Andrino a créé Private Outlet en 2008. En rachetant Brandalley (200 personnes) en juillet 2014, une entreprise deux fois plus grande que Private Outlet, grosse d'une centaine de salariés, le jeune dirigeant de 35 ans a créé la surprise. Mais Brandalley a connu une succession de dirigeants depuis le départ de son fondateur Sven Lung, il y a deux ans: il y a eu Antoine Leloup, puis récemment Marc Heller.
Avec ce nouveau départ et l'intégration au groupe Andrino, le nouvel ensemble devrait représenter 150 millions d'euros de volume d'affaires en 2014. Si Cyril Andrino est diplômé de l'Essec, il ne veut pas que ça se sache. Il n'a pas de CV, pas plus de profil Linked In digne de ce nom. Et un look plutôt décontracté. Le fait d'armes qu'il revendique: avoir réussi à monter avec le groupe de rap/soul les Fugees la marque de vêtements Refugees.
Catégorie start-up
Ce jeune manager passe beaucoup de temps à recruter sa garde rapprochée: «Ensuite, je leur délègue énormément de choses, donc j'ai besoin d'avoir une confiance totale.» Selon Stéphane Fay, fondateur du cabinet de conseil Atlays (placement de directeurs à temps partagé), qui côtoie Cyril Andrino depuis cinq ans, sa principale force est là: «Il sait s'entourer de personnes de confiance, des top managers qui lui sont fidèles depuis le début.»
Depuis qu'il a repris Brandalley, il a identifié des managers-relais qui jouent les courroies de transmission: «Il est difficile d'être très présent auprès de 200 personnes, justifie-t-il. Dans un rachat comme celui-là, le succès dépend pour 50% de l'intégration et de l'adaptation de la culture d'entreprise. Il y a un gros enjeu par rapport à cela.»
Ce manager digital recherche des profils à son image: «Il sait décider rapidement, il a beaucoup d'énergie, celle d'un serial entrepreneur, qui a commencé, en ouvrant une franchise Subway alors qu'il était encore sur le campus», note Stéphane Fay. Quand il recrute, Cyril recherche des personnes ayant un «esprit start-up». «J'ai eu par le passé des collaborateurs issus de grands groupes, très compétents, mais avec lesquels cela n'a pas fonctionné», précise-t-il. Les limites du patron du groupe Andrino? «Je ne suis pas très bon sur tout ce qui est obligations légales, droit du travail, c'est trop compliqué», dit-il.
Parmi les fiertés de ce manager, il y a les cours de boxe qu'il a installés pour ses salariés dans ses bureaux tous les lundis soirs, avec l'ancien champion Jean-Paul Mendy. «Diriger un pure-player du e-commerce, c'est remettre les gants tous les jours», assure ce passionné de boxe. D'ailleurs pour Cyril Andrino, le rachat de Brandalley, n'est qu'une étape, son groupe, qui compte six fonds d'investissements dans son capital, pourrait réaliser une autre grosse acquisition dans les prochains mois, pour combattre avec les poids lourds du déstockage.
Son parcours en bref :
1979. Naissance à Paris.
2001. Diplômé de l'Essec.
2001. Après une année d'échange à l'université de San-Diego, devient auditeur chez KPMG.
2001. Ouvre la première franchise Subway en France à Saint-Maur (94).
2002. Rencontre les Fugees, et devient CEO de la ligne de vêtements Refugees, à New York.
2004. Créé avec son frère le groupe Andrino, spécialisé dans le déstockage traditionnel.
2008. Lance le site de vente privée Private Outlet et lève 7,3 million d'euros.
Juillet 2014. Rachète Brandalley.
