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Digital toute pour l’Essec! Le point sur la transformation en cours de l’école de commerce avec Jean-Michel Blanquer, directeur général du groupe.

Vous venez d'inaugurer, le 5 décembre, un Knowledge lab sur votre campus de Cergy-Pontoise (95), de quoi s'agit-il?

Jean-Michel Blanquer. le «K-Lab» (Knowledge Lab) est à la fois un laboratoire pour la recherche et la pédagogie, et un espace de production de contenus matériels et immatériels. C'est un lieu de production et de partage de la connaissance ouvert à toute la communauté: étudiants, professeurs, entreprises, staff. Il sera animé en permanence par des ateliers d'experts, d'événements liés à la pédagogie ou à la recherche, et par les différents centres d'excellence Essec (digital, luxe, management & societies, entrepreneuriat...). L'école a investi 800 000 euros dans ce «Knowledge Lab». Cet espace, conçu en partenariat avec Samsung et Dassault systèmes, sera très tourné vers la technologie avec de très grands écrans interactifs, des casques de réalités virtuelles Samsung Galaxy Gear, une imprimante 3D, des Google Glass, etc. De nouveaux outils seront intégrés au gré des innovations. Ils pourront être expérimentés dans les dispositifs de transformation pédagogique et de recherche. L'objectif est d'ouvrir, à moyen terme, des espaces similaires sur notre campus de la Défense et celui de Singapour.

 

Cela s'inscrit dans le cadre d'un grand programme de digitalisation de l'Essec?

J.-M. B.  Oui, le plan «Essec 3 I», pour innovation, implication et internationalisation. Il a été annoncé en février 2014 et se tourne vers 2020. C'est un nouveau cap stratégique pour l'école. Cela correspond aussi à notre nouvelle signature, dévoilée également en début d'année: «L'esprit pionnier». Ce projet est le fruit d'une large mobilisation. Pendant trois mois, à l'automne 2013, l'ensemble de la communauté Essec (professeurs, étudiants, membres du staff et alumnis) ont réfléchi à des questions clés pour l'avenir de l'Essec. Ils ont fixé des objectifs et tracé des voies pour les atteindre.

 

Concrètement, comment va se matérialiser cette révolution digitale pour les étudiants?

J.-M. B. Pour nous, le digital est à la fois un objet et un sujet. D'abord un objet de recherche pour nos enseignants et un sujet de cours pour nos étudiants, afin de former de futurs digital managers. L'ambition de l'Essec et de l'école Centrale Paris, avec laquelle nous avons noué une alliance, est de former ces talents: nous venons d'ailleurs de créer conjointement un centre d'excellence pour le business digital, et, dans ce cadre, avons institué un MSC in business analytics and data science. Par ailleurs, à partir de la rentrée 2015, chaque étudiant de l'Essec disposera d'une carte cognitive personnelle, une cartographie de sa situation, de ses forces et faiblesses, qui le suivra tout au long de son parcours. Dans le Knowledge Lab, étudiants ou professeurs pourront créer des vidéos, études de cas, jeux, en 4D. Nous lancerons aussi en septembre prochain une application consacrée aux alumnis, qui leur permettra de communiquer entre eux et aussi de géolocaliser d'autres alumnis à proximité, par exemple quand ils débarquent dans un nouveau pays.

 

Est-ce aussi difficile de digitaliser une école qu'une entreprise?

J.-M. B. A l'Essec, l'avantage c'est que l'on peut s'appuyer sur des professeurs compétents sur le sujet de la transformation digitale. Il y a par exemple une question cruciale de méthodologie pour faire les choses dans le bon ordre: nous avons créé en avril 2014, la chaire Edgar-Morin de la complexité, qui nous éclaire sur la prise de décision en environnement complexe. Et puis ce Knowledge lab est un très bon outil de transformation numérique. Nous communiquons beaucoup autour de ce plan 3 I: à la fois par le biais de réunions, via notre journal interne, des écrans dans les établissements... Nous utilisons aussi les réseaux sociaux pour la communication interne, et externe. Et puis nous allons publier deux fois par an un hors-série de notre magazine Reflets destiné aux alumnis, dans lequel nous les tenons au courant de ces transformations.

 

N'y a-t-il pas de résistance au changement de la part des professeurs? Et quand pourrez-vous juger de la réussite de cette mue?

J.-M. B. Le corps professoral est en développement permanent et nous accueillons bien sûr de nouveaux professeurs avec des profils plus digitaux. Et le digital ouvre à tous de nouveaux horizons: le big data, par exemple, étend le champ du marketing. 

Pour nous, l'année 2014-2015 sera charnière et décisive, puisque nous déployons notre stratégie digitale, lançons le K-Lab, développons la chaire Accenture strategic business analytics. Et, en janvier 2015, l'école inaugure son nouveau campus de Singapour (6000 m², 1500 étudiants chaque année).


Avis d'expert: «Le prof est devenu un médiateur»


Nicolas Glady, titulaire de la chaire Accenture strategic business analytics de l'Essec


«Avec le digital, le rôle de l'enseignant se transforme: comme toutes les connaissances sont accessibles sur le web, il devient une sorte de médiateur actif entre des fournisseurs de contenus (les experts mondiaux) et les consommateurs de contenus (les apprenants). Il apporte des clés de lecture aux étudiants, une hiérarchie de l'information, leur suggère des sources. Cela se double d'une nouvelle fonction d'animateur de communauté et de plateforme d'étudiants. Il doit aussi savoir animer des études de cas en groupe au sein d'espaces numériques comme notre "Knowledge Lab". Il doit enfin, grâce à son expérience de chercheur, guider les étudiants en leur apportant un peu de recul, en formant leur regard critique: “Même si tel expert dit cela, plusieurs exemples montrent qu'il s'est trompé.”»

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