numérique
Guilhem Fouetillou, 34 ans, cofondateur de Linkfluence, chercheur-entrepreneur, privilégie les profils atypiques lors de ses recrutements.

Au début, en pleine campagne sur le Traité constitutionnel européen de 2005, en esquissant la représentation graphique de données massives liées à cet événement sur Internet, ils voient que le Non l'emportera. A raison. Puis les quatre jeunes ingénieurs de l'Université de technologie de Compiègne lancent un Observatoire de la Présidentielle, en vue des élections de 2007, pour plancher sur la blogosphère politique.

«On avait 22 ans, on voulait créer un laboratoire de recherches comme le Medialab du MIT, pour étudier le Web dans différents champs. On en a fait une entreprise», raconte Guilhem Fouetillou. En 2006 donc, il cofonde Linkfluence. Avec cette idée: dresser une cartographie du Web, pour montrer comment l'info s'y organise. Parfait pour le jeune ingénieur-chercheur - il a bouclé une thèse sur «la dimension sociale du lien hypertexte» - féru de philosophie et de sociologie, et pianiste aguerri.

L'agence tâtonne. Puis, émerge une révolution: «Les données spontanées du web social, les traces sociales produites par les internautes», poursuit Guilhem Fouetillou. Autant de fraîches «datas» à traiter. La start-up s'installe comme institut d'étude. En 2011, Guilhem Fouetillou met un pied de plus dans le monde universitaire: il est nommé professeur associé à Sciences-Po. Un rare privilège.

Communication décentralisée

«Il est hybride, un chercheur-entrepreneur, un intellectuel et un acteur de la transformation du numérique», salue Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique, qui l'a connu dans le sillon de la Ségosphère, qu'il avait montée en 2006.

Une culture polyvalente qu'il cultive chez Linkfluence. «Nous comptons un tiers d'ingénieurs, et beaucoup d'ex-entrepreneurs. Cela s'est fait naturellement», précise-t-il. D'ailleurs, «J'ai recruté beaucoup de profils atypiques: ils ont en commun une autonomie, des capacités d'organisation, des parcours divers».

En 2012, Linkfluence passe au statut d'éditeur de logiciel. Son outil de «social media intelligence» permet au client de savoir ce qui se dit de lui en ligne, même sur un tweet. Linkfluence signe avec ses premiers gros clients: des ministères, la mairie de New York... Puis, en septembre 2014, l'agence décroche l'analyse «social media» pour Danone.

Guilhem Fouetillou est devenu «manager qui ne manage pas», sourit-il. «Pour moi, il y a deux types de chefs: ceux qui ont des capacités de management, ou des capacités de leadership. Mon boulot est de faire envie, aux recrues comme aux clients», poursuit-il. Peu adepte du schéma vertical classique, il laisse de la latitude aux chefs de départements. Culture start-up oblige, «on fonctionne plutôt en mode projet plutôt que par hiérarchies établies, avec beaucoup d'interactions entre départements».

Peu de réunions... L'homme privilégie les e-mails, en évitant le piège des courriels envoyés à tous. «On fait davantage confiance en ciblant ses e-mails. En recevoir moins est un facteur de sérénité dans l'entreprise», estime Guilhem Fouetillou. «Il a vite milité pour les e-mails individuels, ce qui permet une communication décentralisée. On utilise aussi beaucoup des messageries instantanées comme G Talk», précise Camille Maussang, cofondateur de Linkfluence.

La start-up grossit: filiales en Allemagne, à Londres, puis acquisition de Trendy Buzz début 2014. L'agence emploie aujourd'hui 75 salariés et prévoit une quarantaine de recrutements en 2015, pour l'essentiel des ingénieurs big data et des social media analysts.

 

 

Encadré

Son parcours en bref

 

- 1979. Naissance à Bordeaux.
- 2006. diplômé d'un DEA Sciences et Technologies à l'Université de technologie de Compiègne.

- Octobre 2006. Cofonde Linkfluence.
- Avril 2011. Professeur associé à Sciences-Po.

- Mars 2014. Acquiert Trendy Buzz.

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