E-commerce
Le président de LDLC, Laurent de la Clergerie, lance sa propre école à la rentrée prochaine. Un projet de plus pour ce manager hyperactif qui aime surprendre.

«J’ai vu plusieurs fois la mort de mon entreprise en face», dit d'emblée Laurent de la Clergerie, le fondateur du site de vente de matériel informatique LDLC.com, qui compte près de 500 salariés à Dardilly, dans la banlieue lyonnaise. «A l’été 2005, alors que nous venions de changer de logiciel de prise de commandes, notre site a été bloqué pendant quinze jours, nous avons accumulé 30 000 commandes en retard.» Laurent de la Clergerie se dit alors qu’il va mettre la clé sous la porte ou céder sa société pour 1 euro à Rue du commerce: «Tout le monde nous considère comme morts, il n’y a plus un sou en caisse», se souvient-il. En réalité, une fois le problème technique résolu, la société remonte doucement la pente, même si elle finit l’année avec une perte et un chiffre d’affaires en berne.

Un écosystème autour de l'entreprise

Un simple accident de parcours car LDLC.com a retrouvé la santé, bien parti pour réaliser ses objectifs 2014-2015 de 295 millions d’euros de chiffre d’affaires et 12 millions de résultat opérationnel. Et son président veille au grain: «Dans son bureau, il a quatre écrans différents sur lesquels défilent tous ses indicateurs d’activité, constate, admiratif, Etienne Jacques, directeur OEM (partenariats équipementiers informatiques) de Microsoft. Il a d’ailleurs développé son propre outil de business intelligence.» Une vraie tour de contrôle pour un manager surinvesti: «Je passe 100 heures par semaine à m’occuper de l’entreprise, dit Laurent de la Clergerie. Je peux foutre la paix à un service complet, mais celui que je surveille va m’avoir sur le dos un bon moment.» Enfin, quand il trouve le temps, car le manager multiplie les projets: il vient ainsi de lancer l’Ecole LDLC. Dès octobre 2015, trente étudiants feront leur rentrée à Dardilly pour devenir en trois ans des chefs de projet. Le but de cette initiative? Il s’agit, selon Laurent de la Clergerie, de bâtir un écosystème autour de son entreprise: «Même si les frais de scolarité couvrent moins d’un cinquième du coût réel, j’y trouverai mon intérêt car une fois ces étudiants en poste, ils se tourneront vers LDLC pour leur équipement informatique», pense-t-il.

Le quadra plutôt discret pilote sa société épaulé par son frère Olivier (directeur général) et par sa sœur Caroline (directrice administrative). Un manager rusé (surnommé «The Fox» par ses proches), qui aime bien surgir là où l’on ne l’attend pas. Alors que beaucoup de ses concurrents «pure-players» se sont cassés les dents en ouvrant des magasins réels, il en a récemment lancé quatre ainsi qu'un réseau de boutiques en franchise: «Il y en a déjà cinq, toutes rentables, et il y en aura une douzaine de plus en 2015», explique Laurent de la Clergerie.

Un manager inventif et qui aime bien être mis au défi par ses équipes: «Laurent adore quand on arrive avec des nouveaux projets, il est ouvert d’esprit et a une approche très directe», juge Philippe Sauze, directeur général délégué de LDLC.

Autre facette originale de ce digital manager, sa société ne communique que par voie d'affichage et en presse papier: «Comme il y a moins d’annonceurs, c’est moins cher et nous sommes donc plus visibles, note Laurent de la Clergerie. Aujourd’hui, je dépense 600 000 à 700 000 euros par an de publicité dans ces supports. Je n’ai jamais fait de publicité sur internet, je n’y crois pas.» 

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