FOCUS
Les organismes publics s'essaient depuis quelque temps déjà à l'open data. Les entreprises, elles, restent encore hésitantes. Les concernant, mieux vaut d'ailleurs parler d'open innovation.

L’open data resterait-il un mythe de consultants new age? Ou de geek anarchistes? Quand du côté de l’Etat, la mission Etalab, service qui dépend du Premier ministre, travaille tous les jours à l’ouverture des données publiques pour la transparence démocratique, du côté des entreprises, les initiatives en sont encore à leurs balbutiements. Depuis deux ans, ce sont souvent les mêmes exemples (souvent d'ailleurs des sociétés publiques) qui reviennent… La SNCF, la RATP, La Poste et Suez Environnement font partie des cas les plus cités pour leur ouverture de données exemplaire, amenant à de nouveaux services. Mais difficile d’en trouver d’autres.

«L’Etat a des électeurs qui réclament de la transparence, explique Henri Verdier, le directeur d’Etalab. C’est un droit constitutionnel. Et la France à une longue – et parfois chaotique – histoire du partage progressif des données. C'est pour cela qu'on a créé un Institut de statistique publique en 1951! Mais ce n’est pas encore automatique dans les administrations.» Etalab travaille donc à rendre la chose plus évidente chez les fonctionnaires et à développer la culture de la transparence au sein des administrations. Et aussi des entreprises, comme c’est le cas en ce moment avec la géolocalisation des taxis, pour contrer Uber. Les choses se font lentement, car dans le monde des affaires (confidentialité oblige), le sujet est plus sensible.

Savoir utiliser toutes les données

«Les entreprises veulent garder la main sur l’innovation», ajoute Henri Verdier. Et ce n’est pas dans la culture entrepreneuriale de partager ses données. Mais ce qu’on appelle «open data» ne se résume pas, dans le secteur privé, à ouvrir ses serveurs à tout-va. «On peut libérer un certain type de données pour que les meilleurs innovateurs viennent à vous, explique Henri Verdier. Il faut penser l’open data comme une stratégie globale.»Derrière ce mot, il y a le concept d’open innovation.

«L’open data, c’est aussi bien savoir utiliser les données des autres, argue Martin Duval, fondateur et président de Bluenove, cabinet-conseil spécialisé dans l'innovation ouverte et collaborative. C’est réfléchir à capitaliser sur un gisement de données que l’on possède et entrevoir les modèles économiques que cela peut générer.» Une entreprise peut ne pas ouvrir ses données au grand public, mais en interne, des opportunités sont à saisir. «On oublie souvent la problématique interne quand on parle open data, ajoute Martin Duval. C’est avant tout une culture d’entreprise. Il faut avoir compris que pour une bonne idée, on peut faire appel à l’intelligence collective. » Où qu’elle soit, à commencer autour de soi.

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