Après deux années difficiles, 2010 a vu une recrudescence des demandes dans l'organisation d'événements. Mais les annonceurs continuent de bannir l'ostentatoire et de serrer les cordons de la bourse. Tout en réclamant plus de créativité à leurs prestataires.

TRAITEURS ET ORGANISATEURS DE RÉCEPTIONS

Des présentations dynamiques

La créativité est un présupposé de l'activité traiteur. Pour Éric-Helen Louis, président de Traiteurs de France, «un traiteur se sclérose s'il ne fait pas preuve de créativité». Il a donc mis en place une cellule chargée de créer, d'inventer et d'innover. Exemples: la récupération de contenants banals comme les boîtes de conserve réutilisées pour présenter un plat ou l'utilisation de couleurs festives pour faire un pied de nez à la sinistrose des deux années précédentes qui avaient consacré le noir et blanc. Côté préparations culinaires, Éric-Helen Louis a imaginé des makis et sushis provençaux à base d'aubergines confites, asperges, carottes et poivrons, la sauce soja étant remplacée par un sirop de tomates épicées. Ces «makis du Grand Sud» sont réalisés devant les clients.

Chez Fauchon Réceptions, on innove également dans la mise en place, avec des tables géométriques de quinze à vingt personnes rappelant les tables d'hôtes, en remplacement des habituelles tables rondes. Autre innovation: des colonnes de différentes hauteurs aux formes inédites et modulables pour présenter les buffets. «Nous avons également créé des stèles roulantes pour que le maître d'hôtel ou le cuisinier puisse aller à la rencontre des clients. C'est une approche plus dynamique», assure Christophe Renard, président de Fauchon Réceptions.

Les bonnes pratiques en matière de développement durable ont obligé les traiteurs à imaginer des solutions également plus respectueuses de l'environnement, comme le remplacement des couverts en plastique par des ustensiles en feuilles de bambou ou en amidon de maïs. En revanche, l'utilisation de produits bio, 30 à 40% plus chers, reste encore marginale. «Les clients ne sont pas prêts à payer cette différence», estime le président de Traiteurs de France. Rémy Dombret, créateur d'Etique et Toques, sur ce créneau du bio et de l'équitable, vise les entreprises du CAC 40, contraintes par la loi NRE de 2001 d'intégrer les exigences du développement durable. «Si la crise a freiné la progression de cette tendance, cela reste une vague de fond», explique-t-il. Il pousse le souci du détail jusqu'à habiller ses maîtres d'hôtel de coton bio ou à utiliser des roses issues du commerce équitable pour ses décorations florales. Une spécialisation qui lui a permis d'être le traiteur officiel du Grenelle de l'environnement et de décrocher la communication événementielle du château de Longchamps, siège du WWF France.

 

SON, LUMIÈRE, VIDÉO

De la HD à la 3D

En matière de son, de lumière et de vidéo, les prestataires ne sont pas en mal de créativité, grâce à un afflux continu de nouvelles techniques leur permettant toujours plus d'innovation dans la mise en scène des événements. À condition toutefois de pouvoir s'équiper de matériels souvent onéreux. Pour Vincent Rautureau, associé du Groupe Novelty, «il faut savoir investir au bon moment sur un produit qui tranche avec nos catalogues habituels afin de créer une demande».

Les dalles multitouches avec écrans LCD sont un exemple des nouvelles technologies utilisées dans les salons. Ces «Iphones géants» de 46 pouces permettent des mises en scène interactives et ludiques. D'autant que la HD (haute définition) autorise un rendu d'image exceptionnel. «Nous avons fait l'achat du produit de la société finlandaise Multitouch, qui possède une vraie précision dans le toucher», précise Vincent Rautureau.

La 3D, technologie qui a récemment fait son apparition au cinéma, arrive doucement dans les univers du B to B et de l'événement. Des gammes professionnelles reposant sur une technologie avec lunettes et des écrans plasma commencent à s'imposer. Elles permettent de magnifier un produit ou une personne. Alexis Bouchez, directeur associé de Match Event, est encore circonspect sur la 3D: «Les gammes pro sont encore peu disponibles. Les nouveaux écrans HD de Sony, par exemple, ne sont pas 3D.»

En revanche, la HD, elle, est bien là et permet des effets impressionnants, comme ces «murs» de dix mètres de base. «À une distance d'un mètre, vous rentrez dans l'image!», s'enthousiasme Alexis Bouchez. Mais, pour disposer de ces innovations, il faut accepter de payer 30% plus cher en location.

Dans l'univers du son, les systèmes «line array» permettent d'obtenir une qualité de son irréprochable, même lors de grands rassemblements. «Ces systèmes autorisent une précision jamais atteinte», précise Vincent Rautureau.

Enfin, les LED révolutionnent l'éclairage grâce à leur capacité de programmation. «Avec les anciens systèmes, tout était figé. Les LED permettent de rendre les éclairages dynamiques en changeant les couleurs en fonction de l'événement», conclut le directeur associé de Match Event.

 

LIEUX DE RÉCEPTION

S'adapter aux demandes

Les lieux de réception doivent également faire preuve de créativité pour attirer les entreprises. Soit dans leur aménagement, soit en ouvrant de nouveaux espaces adaptés aux demandes de leurs clients. Rêvez d'ailleurs, qui gère sept lieux consacrés à l'événement B to B à Paris et dans la région parisienne, a ainsi ouvert Les Cent Ciels, un hammam d'une surface totale de 900 m² sur deux niveaux situé à Boulogne-Billancourt, qui peut accueillir de 20 à 200 participants. Ou encore Chez L, un ancien appartement mis aux normes de sécurité, dans la même commune. «Ce lieu intime permet de proposer discrétion et exclusivité à nos clients. D'ailleurs, il est réservé jusqu'en juillet 2011», se félicite Isabelle Lelong, directrice commerciale.

Dans un autre registre, Disneyland Paris a repensé son offre B to B. Sa division Business Solutions a ainsi changé d'identité visuelle. Le nouveau logo, une tête de Mickey stylisée avec une cravate, illustre la complémentarité entre l'aspect ludique du parc et la dimension professionnelle de sa filiale événementielle. «Nous avons créé la Disney Event Arena, une structure souple de 6 000 m², extensible à 11 000 m². Elle peut accueillir des événements grand public, comme récemment le championnat du monde des jeux vidéo, ou professionnels. Un grand nom du consulting va prochainement y tenir sa réunion mondiale», détaille Éloi Courcoux, directeur de Business Solutions. L'aspect créatif est incarné par le bureau d'études dont les directeurs de création travaillent en liaison avec les agences et les entreprises. «Par exemple, ils ont créé des événements de “team building” thématiques, comme les Écolympiades, un parcours initiatique consacré au recyclage qui plaît beaucoup aux entreprises», précise Éloi Courcoux. Une refonte du site Web, plus interactif, viendra prochainement compléter ce remaniement de la filiale événementielle de Disneyland Paris.

 

MOBILIER, STRUCTURES, DÉCORATION

Modularité et esthétique

L'univers des structures, de la décoration et du mobilier destinés à l'événementiel B to B est particulièrement propice à l'innovation et à la créativité. Celle-ci peut se matérialiser dans de nouvelles formes de stands ou de tentes, des matériaux innovants dans le mobilier ou l'intégration des nouvelles tendances parmi les objets de décoration. Ce que résume Frédéric Claramunt, directeur du développement de Jaulin Groupe: «Dans notre métier, tout doit être créatif.»

La filiale Stand plus de Jaulin a ainsi inventé un système de stand de 6 mètres de haut, modulaire, qui a été adopté par Ubifrance, l'agence française pour le développement international des entreprises. Les structures d'accueil des participants aux événements évoluent également, avec l'apparition de nouvelles formes (ogives, dômes) grâce à l'emploi de structures en aluminium. Mais la créativité à un prix: «Elles sont un peu plus onéreuses, de l'ordre de 10 à 15%, en raison d'un temps de montage plus long», précise Frédéric Claramunt.

Chez GL Events, leader de l'événementiel français (lire page 38), la nouveauté s'appelle Absolute, une structure insonorisée, étanche et au design étudié. Le FIDS («Fully Integrated Decoration System») est un système qui inclut directement dans l'ossature les éléments permettant l'installation rapide de l'éclairage et de la décoration. Pour assurer une bonne étanchéité, souvent le point faible de telles structures, l'évacuation des eaux se fait par les éléments de charpente. Ce nouveau produit répond aux enjeux majeurs de l'événementiel: gain de temps de montage, modularité d'aménagement et qualité du rendu esthétique. «L'événementiel est un univers éphémère, mais intense. La création est un élément incontournable de notre métier», conclut Olivier Roux, vice-président.

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