Avec la première expérimentation multicritère au niveau national, la France est à l'avant-garde de l'affichage environnemental. Le défi est d'aboutir à un affichage simple, fiable et homogène à propos d'impacts complexes. Le sujet crée de l'émulation et de fortes attentes...

Producteurs, distributeurs et associations de consommateurs peaufinent leur rapport à destination du ministère de l'Ecologie pour début septembre. Un an après le début de l'expérimentation nationale de l'affichage environnemental, c'est l'heure du bilan. L'opération, issue du Grenelle de l'environnement, a deux objectifs annoncés: déterminer comment mettre à disposition des consommateurs les caractéristiques environnementales des produits et tester en grandeur réelle la transmission des informations tout au long de la chaîne de production et de distribution. 

 

L'ampleur de la participation volontaire des entreprises a d'ores et déjà montré l'intérêt des industriels et des distributeurs pour la question (168 entreprises retenues sur 230 candidates). De fait, selon l'étude 2011 du cabinet conseil en marketing durable Ethicity sur la consommation responsable, 62% des Français considèrent que les produits «développement durable» ne sont pas assez facilement et rapidement repérables.

 

De multiples types d'affichage ont été lancés. Sans préjuger des résultats qu'Ernst & Young analysera pour le ministère, les premiers tests indiquent que les consommateurs ont «une préférence pour les notes de A à D, comme l'étiquette énergétique», dévoile Eric Mugnier, d'Ethicity. Les libellés génériques du type «climat, faune-flore et ressources naturelles» sont plus appréciés que ceux plus techniques type «CO2, eau et air». Une étude effectuée par des étudiants d'Agro Paris Tech, fin 2011, sur les produits alimentaires (*), indique que les entreprises affichent en moyenne trois indicateurs par produit: principalement le changement climatique, la consommation d'eau et l'impact sur la biodiversité. Sur ce dernier, la méthodologie étant moins mature, les indicateurs sont multiples.

 

"On pack" et "on line"

 

Quelles que soient les information choisies, «le mode d'évaluation est un élément clé à inclure dans l'affichage environnemental, notamment pour les “consomm'acteurs”, qui veulent comprendre ce qu'il y a derrière l'indicateur», précise Eric Mugnier. Tout imprimer sur l'emballage relève cependant de la gageure. C'est pourquoi le support Internet a été privilégié par 25 entreprises sur 29 interrogées. La moitié seulement a utilisé l'emballage, dont l'impact est jugé plus fort mais le coût de mise en œuvre, plus élevé. Mais les clients de Casino, interrogés par l'enseigne, ont dit, à 87%, vouloir l'information sur le pack. Une option défendue par le distributeur: «Nous voulons que cela constitue un critère de compétitivité au moment de l'acte d'achat», martèle Marc Voinnesson, directeur projets systèmes d'information et durables du groupe.

 

Pour sa part, Elisabeth Pastore Reiss, dirigeante d'Ethicity, qui a accompagné un collectif d'entreprises, considère que «les consommateurs doivent trouver l'information où ils veulent, quand ils veulent»: pack, lieu de vente, Internet, prospectus et pourquoi pas application mobile...

 

Mis à part les coûts de communication, il faut mettre en place le système d'information sur toute la chaîne d'approvisionnement, faire analyser les données recueillies par des consultants et former le personnel. Les investissements sont cependant en partie mutualisés, notamment par la plateforme Ademe-Afnor, qui sert de référence pour la méthodologie et les valeurs d'impacts. Les entreprises se sont regroupées aussi au sein de secteurs, de régions ou autour de distributeurs. Casino est en train de développer un outil Web afin d'industrialiser les calculs d'impacts et de faire baisser ainsi les coûts, en se passant à terme des consultants. Un tel outil permettrait également d'harmoniser les méthodologies, afin de faciliter la comparaison des produits entre eux. «La méthodologie en cours et les bonnes pratiques d'Ademe-Afnor laissent encore beaucoup de liberté d'interprétation», indique Marc Voinnesson, de Casino.

 

Le bilan de l'expérimentation sera remis en décembre au Parlement. La généralisation, si elle est adoptée, pourrait s'appliquer dès 2013, selon les plus optimistes. D'autres n'attendent rien avant trois ou quatre ans... A quand l'affichage de l'impact social des produits?

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