Dossier recrutement
Le web et le mobile, l'ad-exchange, le marketing et les datas, les nouveaux médias... Dans un contexte plutôt morose, ces secteurs continuent à embaucher.

1 - Agences digitales: des embauches plus modestes

Fini les embauches par centaines, les stratégies de développements tous azimuts et la croissance folle… Les agences digitales arrivent à maturité et tendent à stabiliser leurs effectifs. Sans doute l'heure de la consolidation pour ce secteur, et donc des fusions et acquisitions. Comme dans le même temps, le taux de turn-over est en baisse, il y a mécaniquement moins de recrutements. Néanmoins, plusieurs dizaines de postes sont encore à pourvoir, en particulier du fait de l'émergence de nouvelles expertises: «user experience» (UX) ou consultant spécialisé en «gamification», par exemple.

Emakina. Entre 50 et 60 personnes rejoindront l'agence Emakina d'ici à la fin 2012. Comptant quelque 450 collaborateurs, elle a réalisé 42 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011 et plus de 24 millions au 1er semestre 2012 (+25%), et poursuit sa croissance. «Nous n'étions que 350 personnes en juin 2011», précise Manuel Diaz, son président, pour montrer le chemin parcouru. Parmi les nouveaux venus d'ici Noël, il y aura des «digital planner», des analystes «data» (capables de valoriser le trafic et de «monétiser» l'audience), des développeurs IOS et Android (pour accompagner l'explosion des mobiles et des tablettes), des «experience designer» (issus du design ou de la technologie, ils plancheront sur les nouveaux usages). «Nous cherchons également des “consultants gamification” issus de l'univers du jeux vidéo ou férus de Foursquare, capables de transposer des processus de “gamification” dans la communication des entreprises», conclut Manuel Diaz.

Nurun. L'agence qui compte 200 salariés en France (quelque 1 200 dans le monde) recrutera une quinzaine de personnes d'ici à la fin de l'année. «Nous recherchons un webdesigner, un motiondesigner, mais également des profils atypiques: deux ethnographes et un, voire deux “designer thinking”», égrène Stéphane Bartolomucci, le directeur des ressources humaines (DRH). Ces derniers sont spécialisés dans l'étude de l'usage et des comportements.» L'embauche de développeurs PHP et de directeurs de projets est aussi programmée.

Brainsonic. Après avoir acquis Tangane, une petite agence d'une vingtaine de salariés avant l'été et intégré vingt nouveaux collaborateurs entre le 15 août et le 15 septembre, Brainsonic devrait encore recruter une dizaine de personnes d'ici à 2013. L'agence de 130 salariés, dont 40 personnes en recherche et développement (R&D), a réalisé 9 millions d'euros en 2011 et vise 12 millions cette année. «La technique est moteur de la création, juge Jean-Louis Bénard, son président. Nous recrutons deux “user experience”, un senior et un junior, deux directeurs de projets à l'international, un consultant en e-réputation – 3 à 4 ans d'expérience – et trois développeurs.»

BETC Digital. «Dans les douze prochains mois, nous serons beaucoup plus prudents sur les embauches que ces dernières années», affirme Emmanuel Miclo, PDG de BETC Digital. L'agence de 120 personnes se contentera de pallier les départs, soit une quinzaine de recrutements. Ces nouveaux venus viendront sans doute compléter le pôle «digital intelligence»: «Cela regroupe les UX, le planning, les datas et analytics, et le social», passe en revue Sophie de Gromard, sa DRH.

Milky. Cette petite agence est représentative des structures ultra-spécialisées qui gravitent dans l'univers de la communication digitale. Le créneau de Milky? Les réseaux sociaux. «Nous sommes une vingtaine aujourd'hui et nous allons recruter cinq personnes d'ici à la fin de l'année», note Pierre Matuchet, son directeur général. Le profil des nouveaux venus: consultant social media, chef de projets social media et développeurs. «Chez Milky, un consultant social media avec trois ans d'expérience gagnera entre 40 000 et 50 000 euros», précise Pierre Matuchet.

 

2 - Régie: les «ad-exchange» entrent dans la place

Leur cote ne cesse de monter. A mesure que les plates-formes d'«ad-exchange» se lancent en France, on mesure l'importance du rôle qu'elles vont jouer dans le marché publicitaire, où elles devraient représenter à la fin de l'année 10% des investissements publicitaires sur Internet (display). En 2015, une étude IDC table même sur un montant de 180 millions d'euros, soit un quart de l'e-publicité réalisé grâce à cette bourse d'échange automatisée qui permet d'acheter/vendre des espaces sur les sites. Pour l'instant, outre Microsoft, Hi-Media et bientôt Facebook, deux grands acteurs se font face: d'un côté, Audience Square, avec 25,1 millions de visiteurs uniques (VU) chaque mois. De l'autre, La Place Media, qui affiche 28 millions de VU mensuellement. Des structures qui devraient rester légères en termes d'effectifs, car elles font surtout appel à des prestataires techniques qui leur fournissent la plate-forme d'ad-exchange et les logiciels de traitement des données.

Pour autant, l'écosystème global de l'ad-exchange devrait fortement croître. «L'ad-exchange devrait générer 200 à 300 emplois dans les deux-trois ans à venir», estime ainsi Alexis Marcombe, président d'Audience Square. L'avenir dira aussi dans quelle mesure ce mode de commercialisation automatisé détruira des emplois dans les régies et les agences médias par le jeu des vases communicants. Les experts de l'ad-exchange prédisent une évolution du rôle des commerciaux dans les régies vers des missions à plus forte valeur ajoutée: sur-mesure, opérations spéciales, conseil et médiaplanning.

La Place Media. «Aujourd'hui, nous sommes six personnes à temps plein, détaille Fabien Magalon, le directeur général de la structure cofondée par Amaury Médias, Le Figaro Médias, Lagardère Publicité, TF1 Publicité et qui s'est élargi à 20 Minutes, Auféminin.com ou encore France Télévisions… «Pour constituer les équipes, ajoute-t-il, j'ai jusqu'ici privilégié des profils issus du secteur de la publicité digitale, avec une bonne compréhension de la vente d'espaces sur le Web, à l'aise avec les chiffres.» Une première étape sans doute pour lancer la structure. «Par la suite, si notre croissance est limitée par nos compétences, on se dotera peut-être de profils encore plus pointus, liés à la finance, au trading…», indique le directeur général de La Place Media.

Audience Square. Le concurrent frontal peut s'enorgueillir de disposer également de partenaires prestigieux: Les Echos, Express Roularta, Libération,Le Monde, Next Radio TV, Le Nouvel Observateur, Le Point, M6, Prisma Presse ou RTL Net. Même si, là encore, la structure, naissante, reste très modeste. «Nous sommes trois salariés, l'objectif est d'être six fin mars, note Alexis Marcombe, son président. Nous allons intégrer un “data miner”, une assistante administrative et peut-être un directeur de clientèle ou un “trafic manager”.» Des commerciaux pourraient également rejoindre l'aventure fin 2013.

Hi-Media. Le groupe éditeur de solutions digitales (paiement, publicité en ligne) dispose d'un département d'ad-exchange. «En tout, il y a une douzaine de personnes pour cette offre, explique Mickael Ferreira, directeur de l'ad-exchange pour l'Europe. En réalité, comme 100% de l'inventaire est géré chez nous en ad-exchange, tout le monde travaille dessus.» Dans les équipes, il y a ainsi six «media buyer», qui achètent en temps réel («real-time bidding» ou RTB). Mickael Ferreira va encore étoffer ses équipes: «Je vais recruter trois “delivery manager”, qui ont pour mission d'analyser les achats, les campagnes vendues, les pratiques de la concurrence. Comme il y a peu de profils expérimentés dans l'ad-exchange, je privilégie des jeunes issus d'écoles de statistiques ou d'ingénieurs.»

App Nexus. Pour son ad-exchange, baptisé Ad Market et qui existe depuis 2010, Orange s'appuiera sur la technologie d'App Nexus. Ce gain de nouveau client est important pour l'américain App Nexus, qui revendique le titre de leader mondial des technologies de publicité en temps réel, et qui a Microsoft comme actionnaire, client et partenaire. App Nexus, fondée en 2007, a bénéficié du développement rapide, à partir de 2009, de l'ad-exchange aux Etats-Unis. La société vient d'ouvrir ses bureaux à Paris juste avant l'été, qui seront sa tête de pont pour l'Europe du Sud. «Nous sommes déjà cinq et nous serons dix à la fin de l'année, constate David Baranes, directeur France d'App Nexus. Je recherche un “account manager”, un consultant en stratégie ayant une sensibilité techno et commerciale, issu de cabinets de conseil en stratégie, des développeurs, des commerciaux…» L'homme veut évangéliser le marché français: «Il faudra aider les clients à comprendre la mécanique de l'ad-exchange. Avec une promesse forte: pousser la bonne publicité aux bonnes personnes, au bon moment, au juste prix.»

 

3 - Nouveaux médias: la TNT et le Web recrutent

Du côté des médias, l'appel d'air vient d'abord du lancement de six nouvelles chaînes sur la TNT (HD1, 6-Ter, Chérie HD, RMC Découverte, L'Equipe HD et T-Vous La diversité), le 12 décembre prochain. Même si, dans un contexte de restrictions budgétaires, certains groupes misent sur la mobilité interne. Ainsi, la dizaine de personnes qui travailleront à temps plein sur 6-Ter sont issues du groupe M6. Mais L'Equipe HD, par exemple, recrute un peu. En parallèle, certains «pure-players» (radios ou sites) continuent également de se développer et d'embaucher, c'est le cas de Melty ou Radionomy.

A suivre également le destin de la chaîne payante qatari Be in sport, lancée en grandes pompes en juin dernier, qui compte aujourd'hui une centaine de salariés, dont une soixantaine de journalistes. Elle semble avoir atteint sa vitesse de croisière en termes d'effectifs et se concentre pour l'instant sur le recrutement… d'abonnés. De son côté, l'adaptation française du magazine Vanity Fair par son éditeur Condé Nast (Glamour, GQ, Vogue…), prévue avant l'été 2013, devrait s'accompagner de l'embauche de vingt-cinq journalistes, qui auront Michel Denisot pour directeur de la rédaction. Enfin, du côté de l'agence de presse Sipa news, nouvelle concurrente de l'AFP, le recrutement se poursuit par l'embauche de 15 journalistes.

D8 et D17. Suite à l'accord trouvé entre le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et Canal+ concernant l'acquisition des chaînes D8 (ex-Direct 8) et D17 (ex-Direct Star), le groupe va peut-être procéder à des recrutements. A l'instar de ce qui se passe actuellement pour la régie: dans un premier temps, Canal+ a repris une quarantaine de personnes de la régie Bolloré Intermédia. Mais le groupe devrait compléter les équipes en fin d'année, car la régie va commercialiser les espaces d'un nouveau client, de taille, en 2013: UGC. Il faudra sans doute attendre l'emménagement, prévu début octobre, des équipes de toutes ses chaînes gratuites dans un immeuble de 10 500 m2 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

L'Equipe HD. La chaine du groupe Amaury, L'Equipe HD, fera partie des six nouvelles élues de la TNT. «Il s'agit principalement d'une substitution d'une chaîne à l'autre, L'Equipe HD à la place de L'Equipe TV, en nous appuyant sur les compétences existantes», explique Xavier Spender, PDG de L'Equipe 24/24. Une quinzaine d'embauches sont tout de même prévues d'ici à la fin de l'année, y compris quelques transferts depuis le groupe Amaury (où un plan de départs volontaires de 46 postes est annoncé à L'Equipe): «Après avoir “staffé” le management, nous recherchons encore une quinzaine de personnes, des présentateurs, des journalistes, des journalistes-reporters d'images et des profils techniques, comme la réalisation et la régie finale, et un chef de projet interactivité, chargé de faire faire vivre les programmes sur les écrans compagnons», détaille Xavier Spender. In fine, L'équipe 24/24 comptera 120 salariés.

Sipa. Début octobre, Sipa, filiale de l'agence de presse allemande DAPD, lancera Sipa News, son fil d'information, auprès d'une dizaine de médias. Ce nouveau concurrent de l'AFP, dont le directeur de la rédaction est Jean-Luc Testault (ex-rédacteur en chef à l'AFP), continue d'étoffer sa rédaction: «Nous recrutons une quinzaine de journalistes minimum, pour atteindre 50 à 60 personnes en fin d'année, détaille Erik Monjalous, directeur adjoint de Sipa. Nous mélangeons les profils expérimentés, spécialisés dans une thématique – politique, économique, société, etc. – et les juniors plus polyvalents.» L'agence embauche aussi deux ou trois commerciaux.
Trace. A la tête de trois chaînes musicales – Trace Urban, Trace Tropical et Trace Africa – et depuis un an de Trace Sports, le groupe Trace, qui a levé 5 millions d'euros en juin 2012,
poursuit son développement. «Nous comptons aujourd'hui 70 salariés, dit Antoine Michel, son directeur général adjoint. Et nous allons étoffer nos équipes marketing en intégrant entre cinq et dix chefs de projets nouveaux médias, spécialisés en SEO, CRM, mobile et partenariats.» Pour compléter ses équipes commerciales, la société pourrait également recruter des chargés d'opérations spéciales (mobiles, Web, TV…). Des postes à pourvoir en métropole, aux Antilles, en Grande-Bretagne ou en Afrique sub-saharienne. En effet, l'entreprise réalise 60% de son chiffre d'affaires hors de l'Hexagone. Après avoir atteint 13 millions d'euros en 2011 (pour 500 000 euros de résultat net), Trace vise un chiffre d'affaires de 17 à 18 millions en 2012.

Melty. Le groupe de sites médias destiné aux jeunes Melty Network (melty.fr, meltyfashion, meltystyle…), qui a levé 3,2 millions d'euros cet été, continue à se développer. L'entreprise, qui a comme investisseurs Bouygues Telecom et Pierre Chappaz (ex-Kelkoo et Ebuzzing), compte aujourd'hui 40 salariés et a réalisé 1,2 million d'euros de chiffre d'affaires en 2011. «Nous recruterons d'ici à la fin de l'année deux rédacteurs en chef adjoints, puis deux autres en 2013, explique Alexandre Malsch, le PDG. Egalement trois directeurs de clientèles, avec deux ans d'expérience, auquels nous proposons 35 000 à 40 000 euros de fixe plus 10 000 euros de variable, ainsi qu'un directeur artistique, pour créer les publicités de nos clients.»

Parmi les entreporise du secteur qui recrutent, on peut également citer les radios en ligne Goom ou le belge Radionomy, qui cherche par exemple un directeur de clientèle et un «trafic manager» en France. 

 

4 - Agences de marketing digital et datas: recherche d'ingénieurs en nombre

Parvenir à collecter, décortiquer et interpréter la masse de données désormais disponibles sur les consommateurs, lecteurs et internautes devient un enjeu stratégique. Cela favorise la croissance rapide d'agences d'un nouveau genre, avec des profils très techniques: ingénieurs, statisticiens, «data miner»… Autre créneau porteur, le reciblage publicitaire. Cette technologie, qui consiste à suivre à la trace un internaute sur Internet pour lui adresser des publicités, est en pleine explosion actuellement. L'acteur emblématique de cet univers est Criteo, qui vient d'ouvrir un centre de R&D à Paris. A surveiller aussi Weborama, qui compte 150 salariés (dont 80 à Paris et parmi eux 40 ingénieurs), même s'il embauche peu dans l'immédiat.

Criteo. Après avoir inauguré fin juin son centre de R&D européen, baptisé le Criteo Lab, la société spécialisée dans le reciblage publicitaire sur Internet poursuit son expansion. Elle prévoyait 250 embauches cette année, pour l'essentiel des ingénieurs et des commerciaux. Criteo, aujourd'hui implanté dans une quinzaine de pays, compte actuellement 600 salariés, dont plus de 200 ingénieurs.

Performics. Filiale du groupe Publicis, au sein de l'entité Vivaki Performance, Performics dispose aujourd'hui d'un effectif de 200 salariés. «Notre métier est d'optimiser les investissements publicitaires de nos clients, quels que soient les canaux investis, afin d'accroître leur rentabilité», expose Pierre-Emmanuel Cross, son directeur général. L'entreprise va embaucher entre 10 et 20 personnes, aussi bien pour ses pôles conseil (directeurs et responsables de clientèle) que pour ses pôles d'expertise (SEO, affiliation, CRM, statisticiens, social media, développeurs…). «Des profils ayant de 3 à 5 ans d'expérience», indique Pierre-Emmanuel Cross.

1 000 Mercis. L'agence de marketing interactif 1 000 Mercis a réalisé 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011 pour plus de 200 salariés. «Il y aura une quinzaine d'embauches d'ici à la fin de l'année, principalement en recherche et développement, en innovation», note Yseulys Costes, PDG de l'agence. Les profils recherchés: des chefs de projets ayant une expérience technique ou marketing, des statisticiens, des responsables ou directeur marketing (Web, mobile), des ingénieurs et développeurs (bases de données, Web, mobile).

Fifty-five. La société fondée début 2010 par l'ex-directeur général de Google France, Mats Carduner, est spécialisée dans l'analyse des données et la performance. Fifty-five compte aujourd'hui une quarantaine de collaborateurs et poursuit sa croissance: «Nous intégrerons 8 personnes d'ici à la fin de l'année, des analystes conversion et médias digitaux, et des analystes ad-exchange», détaille Mats Carduner.

Ad 4 Screen. Cette jeune entreprise s'est lancée il y a deux ans sur le créneau du marketing mobile lié à la performance. Ad 4 Screen Group compte aujourd'hui une centaine de salariés. Et continue d'étoffer ses équipes, elle recrutera une dizaine de personnes d'ici à la fin d'année, des responsables de clientèle (avec 3 à 5 ans d'expérience dans le digital), des consultants en marketing, des chefs de projets marketing mobile et des développeurs. «Nous avons levé 6 millions de dollars fin 2011 et nous visons 30 millions d'euros de chiffre d'affaires fin 2015», souligne Jérôme Stioui, son PDG.

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