Le groupe de presse régionale Ebra met en place un bureau parisien chargé de fournir des informations générales identiques aux douze quotidiens régionaux.

La mutualisation, beaucoup en ont rêvé, Ebra l'a fait. Le groupe de presse quotidienne régionale couvrant l'est de la France et détenu par le Crédit mutuel est du moins en train de le faire, conformément aux intentions affichées en interne à l'entrée de l'été. Fin juin, le quotidien La Croix révélait en effet le projet bien avancé de créer non pas une régie commune aux douze quotidiens tombés dans l'escarcelle du groupe bancaire dirigé par Michel Lucas mais un bureau parisien unique chargé de leur fournir les informations générales nationales et internationales. Et peut-être bientôt aux trois titres du Groupe Hersant Média (GHM) en région PACA (La Provence, Nice Matin et Corse Matin), une rumeur persistante annonçant leur possible rachat par Ebra.

 

Le bureau parisien livrerait ainsi des articles clés en main aux quotidiens et aux sites Internet qui leur sont rattachés. Ce qui pourrait signifier la disparition à terme des services d'«infos géné» dans les titres concernés. Elle est même déjà programmée au Progrès, pour le 30 novembre 2012. «Ce projet de bureau unique a été élaboré par un rédacteur en chef du journal, il paraissait difficile de ne pas être les premiers concernés», estime Vincent Lanier, délégué SNJ du groupe de presse. Deux solutions étaient officiellement offertes aux journalistes rattachés à ce service: postuler à la future rédaction parisienne ou intégrer d'autres services du quotidien lyonnais.

 

Trois mois plus tard, le processus est passé à une nouvelle étape. «Les quinze journalistes retenus dans les titres du groupe arrivent à partir de début octobre à Paris pour une formation, nous apprend le responsable du futur bureau, Pascal Jalabert. Ensuite, on travaillera en phase test sur novembre avec l'objectif est d'être prêt en fin de mois», poursuit cet ancien journaliste du Progrès.

 

Une liquidation du pluralisme ?

 

A l'entendre, la qualité sera au rendez-vous, car cette mutualisation serait d'abord un projet éditorial visant à renforcer cette actualité. «Jusqu'ici, chaque titre travaillait dans son coin à partir de dépêches AFP avec 7 à 8 personnes, relate Pascal Jalabert. Les infos étaient au mieux enrichies quand un reporter trouvait le temps de le faire, entre deux reportages locaux ou régionaux. Dorénavant, 8 reporters parisiens ajouteront réellement de la valeur aux informations!»

 

Du côté syndical, et notamment du SNJ qui dénonçait dès le 1er juillet une liquidation du pluralisme, cette mutualisation est avant tout un projet industriel, permettant de réduire les effectifs. «D'ailleurs, des propositions devaient être faites courant septembre à ceux qui n'ont pas postulé ou n'ont pas été retenus, rappelle le délégué syndical. Or, pour l'instant, ils peuvent juste regarder les quelques postes ouverts à candidatures, notamment dans des locales.» Contacté par Stratégies, un porte-parole du Crédit mutuel se refusait à tout commentaire, renvoyant sur tous les titres d'Ebra. Comme quoi la mutualisation n'a pas encore touché la communication...

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