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Le directeur de création et sa jolie directrice commerciale... Les budgets lessive/beauté pour ces dames, les comptes automobile pour ces messieurs... Quoi qu'on en dise, les clichés ont la vie dure: 62% d'hommes contre 38% de femmes occupent des fonctions de création au sein des agences conseils en communication (source: AAAC 2011). Si plusieurs agences ont engagé une politique de parité, la route est longue. Chez DDB, par exemple, on ne compte encore que 28 femmes à des fonctions créatives pour 46 hommes. Idem pour les fonctions commerciales: 56 femmes pour 28 hommes. Quant aux plus hautes responsabilités, tout ou presque reste à faire. Valérie Accary chez CLM BBDO, Natalie Rastoin chez Ogilvy, Agathe Bousquet chez Havas Paris sont finalement les exceptions qui confirment la règle. «En vingt ans, les choses n'ont pas beaucoup évolué. Notre métier est souvent en avance sur la société mais il est, sur ce point, son exact reflet», regrette Anne Vincent, vice-présidente chez TBWA Paris.
L'exemple le plus accompli est celui de BETC Paris. En 2012, le comité exécutif comptait 47% de femmes, soit neuf membres sur dix-neuf. La création, elle, compte 49% de femmes depuis 2007. «Dans les fonctions commerciales traditionnellement plus féminines et encore plus chez nous, nous essayons aussi de rééquilibrer les choses», confie Muriel Fagnoni, vice-présidente exécutive. De 78% en 2007, la part des femmes est passée à 67% en 2011. «La moyenne d'âge globale de l'agence tourne autour de 37 ans, période durant laquelle beaucoup de femmes ont des enfants en bas âge. Dans un métier comme le nôtre, fortement soumis à la pression des délais, cette concomitance met les femmes à rude épreuve. Nous réfléchissons sur ces problématiques dans l'aménagement du temps de travail», poursuit-elle.

De l'avis de toutes, les choses évoluent toutefois positivement. «Par leur travail, leur passion et leur énergie, des personnalités comme Mercedes Erra, Anne de Maupeou ou Sylvie Ohayon nous ont montré que c'était possible de faire carrière dans la publicité et de mener une vie de femme en parallèle», explique Gwendaline Chauvin, directrice générale associée en charge des stratégies de l'agence Born to run.

Etonnamment, la nouvelle génération d'agences (Rosapark, Les Gros Mots...) reste très masculine dans son management. Une initiative, toutefois, détonne: l'agence Mad & Woman fondée par Christelle Delarue. Lassée des structures traditionnelles pas suffisamment à l'écoute des valeurs féminines, cette dernière a choisi la voie de l'entrepreunariat pour se faire entendre. «Je n'ai pas lancé Mad & Woman dans l'idée de lutter contre les stéréotypes de mon métier. Nous nous considérons l'égal de nos concurrents hommes puisque nous faisons le même métier qu'eux. C'est l'approche de notre cible marketing qui est différente», explique Christelle Delarue, associée à la directrice de création Eve Roussou.

Si certaines femmes prennent les rênes dans la pub, elles sont encore plus attendues au tournant. Et elles le savent. «Aujourd'hui, si tu n'es pas une amazone avec de l'énergie à revendre et perchée sur vingt centimètres de talons, ce n'est même pas la peine d'essayer de diriger une agence de publicité», résume avec humour Gwendaline Chauvin.

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