40 ans de l'AACC
Président de Calyptus, Philippe Calleux a présidé aux destinées de l'AACP, l'association qui a précédé l'AACC, de 1975 à 1977. Il revient sur les temps forts de son mandat.

Quels ont été les faits marquants de votre mandat ?


Elu à 39 ans deuxième président de l'AACC après André Bouhébent aujourd'hui disparu, je suis donc le plus ancien président vivant. L'AACC (à l'époque AACP, le remplacement du P par le C n'est intervenu que plus tard) était la première organisation professionnelle unitaire, succédant à une pluralité de syndicats en conflit permanent entre eux.
Mon mandat est intervenu dans un contexte hautement conflictuel: il était alors de très bon ton d'être opposé à la publicité et plus généralement à la consommation. Les détracteurs avaient une part de voix considérable, entraînés par les associations de consommateurs et notamment par le très disert président de l'INC Henri Estingoy qui, par exemple, me reprochait de concourir à un système inhumain où une secrétaire se privait de déjeuner pour s'acheter un tube de rouge à lèvres. La grande prêtresse de l'anticonsumérisme était Anne Gaillard, coqueluche des médias.

Quel est le dossier qu'il vous a le plus tenu à cœur de voir aboutir ? Et celui que vous regrettez de ne pas avoir pu mener à bien ?


La vie avec les annonceurs n'était pas de tout repos. Le directeur de l'UDA n'était pas loin de penser que nous étions des intermédiaires inutiles et de fortes pressions s'exerçaient sur la rémunération. Ma tentative de mettre au point une règle du jeu pour les mises en concurrence d'agences s'était heurtée à de vives résistances et a abouti à un accord minimaliste. En revanche l'UDA n'a pas réussi à supprimer la commission d'agence de 15% versée par les médias.
Ce qui m'a tenu le plus à cœur est le combat pour la réhabilitation de la publicité auprès des pouvoirs publics, des décideurs économiques et des médias. Le directeur général de l'époque avait réussi à organiser un nombre considérable de rencontres avec des personnalités marquantes. J'ai gardé le souvenir d'un déjeuner avec Pierre Bérégovoy, qui était à l'époque un grand cadre de Gaz de France mais dont on m'avait dit qu'il avait un grand avenir au sein du Parti Socialiste. Ces rencontres, au rythme d'une par semaine environ, ont contribué à faire (un peu) bouger les lignes. Pour renforcer la crédibilité des agences j'avais fait voter une disposition aux termes de laquelle toute agence membre de l'AACC devait simultanément être membre du BVP (aujourd'hui ARPP).

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de votre mandat ? Le plus mauvais ?

 

Un des souvenirs les plus gratifiants est l'accord obtenu de tous pour un système de retraite prévoyance de la profession. Havas et Publicis avaient accepté une petite majoration de leurs cotisations en échange de quoi les petites et moyennes agences avaient obtenu des taux très nettement améliorés.
Mon plus mauvais souvenir est le vote à ma demande de l'interdiction pour les agences de créer des centrales d'achat d'espace. L'idée étant de faire des centrales existantes un épiphénomène et de pouvoir décrire l'achat d'espace au sein des agences comme étant la norme. En réalité la profession a pris du retard et si, à l'inverse, nous avions très tôt permis la création de centrales médias concurrentes, nous n'aurions probablement pas eu droit à la loi Sapin.

 

Quelle doivent être les priorités de l'AACC demain selon vous ?

 

Au nombre des priorités de l'AACC, je retiendrais peut-être la mise à disposition des agences de ressources de formation à la communication digitale, le soutien des actions de l'ARPP, l'amélioration permanente du code de bonnes conduites entre annonceurs et agences.

 

DOSSIER: Les 40 ans de l'AACC, de la publicité à la communication
TIMELINE INTERACTIVE: 40 ans de l'AACC à travers la presse

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