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Face à l’arrivée massive de leurs parents sur Facebook, les jeunes se tournent vers de nouvelles plateformes et réservent à Facebook la version officielle de leur quotidien.

Et si Facebook était en train de passer de mode? Fin avril, le cabinet Social Bakers l'assurait: le leader des réseaux sociaux est en recul aux Etats-Unis et en Europe. Pour preuve, le site fondé par Mark Zuckerberg aurait perdu 9 millions de visiteurs outre-Atlantique en six mois quand le temps de consultation aurait reculé de sept minutes en trois mois. La faute à une désaffection des jeunes qui, face à l'afflux de leurs parents, préféreraient déserter le réseau social?

En France, les chiffres de Médiamétrie-Net Ratings le confirment: entre septembre 2012 et mai 2013, Facebook a perdu 600 000 visiteurs uniques (VU), soit une baisse de son audience de presque 2%. Le réseau social reste cependant très haut avec 30,7 millions de VU par mois, soit le deuxième site le plus consulté dans l'Hexagone derrière Google. Toujours sur cette période, le site a perdu 133 000 VU sur les seuls 15-24 ans, soit une baisse de 2,4%, à 5,3 millions de VU. Un recul qui n'explique donc pas à lui seul la perte de vitesse de Facebook.

En durée de consultation, le réseau social reste le site où les internautes passent le plus de temps, avec une moyenne de 5h07 en mai. Mais c'est 20 minutes de moins qu'en septembre 2012. Particulièrement consulté sur mobile, le site est y également en recul depuis un an. En mai, 13,6 millions de mobinautes français ont consulté Facebook, un million de VU de moins qu'en septembre 2012. A eux seuls, les 15-24 ans représentaient 3,7 millions de VU, en recul de 48 000 VU depuis la rentrée 2012.

Des chiffres que Manuel Diaz, président de l'agence Emakina, relativise. «A l'échelle planétaire, nous ne notons pas de décroissance, dit-il. Les jeunes ne quittent pas Facebook parce que leurs parents ont rejoint le réseau social. Ils restent sur le site mais leur usage diminue.» De fait, selon l'Observatoire des réseaux sociaux publié par l'Ifop, 77% des 18-24 ans avaient un compte Facebook en 2012, contre 76% en 2011. C'est de loin la tranche d'âge la plus représentée devant les 25-34 ans (62% d'inscrits) et les 35-49 ans (52%).

 

«La vérité est ailleurs»

«Cette génération a aujourd'hui conscience de l'importance de sa réputation en ligne, souligne Manuel Diaz. Les 15-24 ans savent que les recruteurs sont sur Facebook et ils ne veulent pas laisser de traces qui pourraient leur nuire plus tard. Ainsi cohabitent une pratique véritable sur des réseaux parallèles comme Snapchat ou Facebook Poke et une pratique plus raisonnée sur des réseaux officiels comme Facebook.»

Le principe de Snapchat ou de Facebook Poke? L'internaute envoie à son interlocuteur une photo qui s'autodétruit immédiatement après avoir été vue. Particulièrement prisées des jeunes, ces applications leur permettent aussi de draguer en toute discrétion. «Sur leur compte Facebook, ils assurent leurs RP. Ils s'en servent par exemple pour dire à leurs parents qu'ils ont eu leur diplôme. Mais la vérité est ailleurs», souligne encore Manuel Diaz. Et sur ces réseaux parallèles, leurs parents n'ont pas le droit de cité...

Autre réseau social en pleine croissance sur les digital natives, Twitter. Entre septembre 2012 et mai 2013, l'audience du site de microblogging a progressé de plus de 12% sur les 15-24 ans, à un million de VU. Toutes cibles confondues, Twitter totalisait en mai une audience de 5,1 millions de VU en France, en hausse de 8,2% en huit mois. «Les jeunes se servent de Twitter pour discuter d'un événement qui se déroule en direct, par exemple un programme télévisé, avec des gens qu'ils ne connaissent pas forcément, analyse le président d'Emakina. Mais c'est un choix par défaut, les applications de second écran proposées par les chaînes n'étant pas à la hauteur de leurs attentes.»

A noter également un retour en force des blogs chez les 15-24 ans: entre septembre 2012 et mai 2013, Blogger progresse sur cette cible de 12,5%, à 2,1 millions de VU, Overblog de 5,6%, à 1,8 million, Wordpress de 35,4%, à 1,1 million, quand Skyrock continue de perdre du terrain (-10%, à 1,5 million). Une nouvelle preuve qu'aucune position n'est acquise dans le monde digital d'ajourd'hui.

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