télévision
Canal+ Séries, OCS City... Les chaînes de séries se multiplient, pour complaire à un public de plus en plus demandeur, voire «accro». La concurrence fait rage, ce qui exacerbe néanmoins la créativité.

Son prénom rappelle un fameux hôtel de la Croisette, et son patronyme ne dira rien aux néophytes: «Carlton Cuse est dans la place», s'enthousiasmait un twitto-fan, le 10 octobre dernier, lors de la «Rentrée des séries» de Canalsat. Et pour cause: l'Américain n'est autre que le producteur exécutif de Lost, et le créateur de Bates Motel, diffusé en France sur Syfy à partir du 25 octobre.

Un invité de marque pour une première: une grande soirée Canalsat au St-Fiacre, à Paris, le 9 octobre. «Cela marque une rentrée exceptionnelle, avec seize nouvelles séries inédites sur nos chaînes», souligne Alice Holzman, directrice générale adjointe en charge de la distribution France. L'enjeu n'est pas des moindres: «60% des nouveaux recrutés citent les séries comme motivation d'abonnement, une proportion qui monte en flèche depuis deux ans», remarque-t-elle. Un phénomène d'addiction considérable: «L'engouement est massif, surtout chez les jeunes qui consomment les séries de manière frénétique», constate Amandine Cassi, directrice du pôle études internationales d'Eurodata TV (Médiamétrie).

Les chaînes 100% séries essaiment: Canal+ Séries, lancée fin septembre et proposée aux abonnés des chaînes premium de Canal+ (qui en comptait au total 5,5 millions fin 2012), ou encore OCS City, lancée le 10 octobre, forte notamment de l'«output deal» (accord cadre) d'OCS avec HBO, reconduit fin 2012 pour cinq ans.

Elles viennent rejoindre la doyenne, Série Club, lancée en mars 1993, qui diffusait, dès 1998, une série HBO, la saga carcérale Oz. «Nous continuons à cultiver notre promesse originelle de découvreur de talents», expliquent Laurent de Lorme, directeur général délégué chez Série Club-TF6, et Guillaume Thouret, directeur général de Série-Club TF6. «La nouvelle concurrence nous oblige à cultiver notre sélectivité, et à communiquer sur nos séries inédites, comme Nashville, Bates Motel ou Suits, à l'instar des chaînes américaines», soulignent Laurent de Lorme et Guillaume Thouret, qui revendiquent un public âgé de 25 à 50 ans sur Série Club et de 20 à 35 ans sur TF6.

 

Satisfaire les «binge-watchers»

Il s'agit d'alimenter l'addiction des «sérievores», adeptes du «binge-watching», marathon qui consiste à regarder toute une saison d'affilée. «La série est devenue notre troisième pilier éditorial», précise Manuel Alduy, directeur du cinéma et des acquisitions de Canal+. Mais la production suit-elle le dévorant appétit des chaînes et du public? «Il y a dix ans, nous n'aurions pas pu remplir la grille de Canal+ Séries avec les séries que nous recherchons», reconnaît Manuel Alduy. «La compétition aux Etats-Unis entre HBO, Showtime, AMC et Starz crée une émulation créative, qui engendre des séries sophistiquées, complexes, surprenantes», remarque Guillaume Jouhet, directeur général d'OCS (passé de 400 000 à 1,6 million d'abonnés en un an et demi, depuis sa distribution hors Orange).

Chez Canal+ Séries, où l'on propose la britannique Utopia ou l'horrifique Hannibal, on privilégie quatre critères: «Des personnages complexes, une qualité cinématographique, une narration forte et de l'innovation», résume Manuel Alduy, qui se targue d'un positionnement «auprès des fans, certes, mais aussi des amateurs occasionnels plus grand public, que l'on va recruter avec des blockbusters comme Hannibal». OCS City, elle, s'adresse aux purs et durs, avec, hormis le rouleau compresseur Game of Thrones, les plus pointus Veep ou Hello Ladies (avec Steve Merchant, cocréateur de The Office) ou encore le formidable et tragicomique Louie (à l'origine sur FX).

Mais pour assurer le bien-être des «binge-watchers», il s'agit de leur fournir leur dose, sans trop d'attente: OCS City propose ainsi de visionner les séries américaines 24 heures après leur diffusion aux Etats-Unis. «Désormais, attendre six mois pour diffuser une série étrangère est extrêmement risqué», estime Amandine Cassi. «Nous espérons convaincre les adeptes du téléchargement illégal de venir chez nous», lâche Guillaume Jouhet, qui, ironie, programmera en janvier 2014, Black Sails de Ridley Scott, une histoire... de pirates.

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