Le meilleur de l'année

Description

Cinquante ans, et toujours aussi glamour... Né en 1954,Marie Claires'est rapidement imposé aux yeux du jury (lire l'encadré) comme le magazine de l'année. La récompense d'un demi-siècle de discours militant, tout en restant infiniment élégant.« Nous sommes parvenus très rapidement à l'unanimité pour saluer le travail effectué sur ce titre, qui a énormément contribué à l'émancipation des femmes tout en gardant sa capacité à s'indigner »,résume Erik Orsenna, académicien et président du jury.« Dans un secteur comme celui de la presse féminine, qui a parfois tendance à sombrer dans la facilité, nous avons voulu distinguerMarie Clairequi donne des femmes, ainsi que des rapports hommes-femmes, une vision élevée »,ajoute Denis Olivennes, président-directeur général de la Fnac.

Qualité et exigence de l'écriture

Tina Kieffer, arrivée à la tête de la rédaction du titre il y a un peu plus de cinq ans, peut considérer que sa mission est accomplie.« Lorsque je suis arrivée, en 1998, j'ai mené une sorte d'audit du titre,raconte-t-elle.Le Groupe Marie Claire a anticipé le vieillissement du mensuel alors qu'il se portait très bien ! Nous avons créé de nouvelles rubriques, marquées par des pages de garde, afin de donner différents tempos au journal, de l'information au divertissement en passant par la mode. »La politique visuelle du titre a également été renforcée.« Le journal donnait une sensation de " gris ",estime Tina Kieffer.Nous avons donc multiplié les reportages photo, par exemple. »
Dans le secteur de la presse féminine, souvent adepte d'un ton très cheftaine scout émaillé de poncifs, du genre« Jipé a encore laissé traîner ses chaussettes », Marie Claire se distingue, selon les professionnels, par la qualité et l'exigence de son écriture.« Je viens de l'école une phrase/une info,indique Tina Kieffer.J'aime que les articles soient denses. »Denses, sans perdre ce qui a fait l'identité du titre : l'engagement, qu'il soit féministe ou humanitaire.« Nous avons gardé les témoignages, qui sont l'une des marques de fabrique deMarie Claire,tout en conservant une ouverture sur le monde à travers des problématiques pas seulement féminines : il y a trois ans, nous avons mené campagne contre la peine de mort aux États-Unis. Plus récemment, nous avons lancé des parrainages d'enfants isolés au Sri Lanka suite au tsunami. »Mais que serait la profondeur sans légèreté ?Pour Tina Kieffer, il s'agissait également de muscler l'un des fondamentaux de Marie Claire : la mode.« Nous avons créé des pages mode en début de journal. C'est pour nous une manière d'être attractifs auprès des plus jeunes tout en privilégiant une lecture rapide, un picorage d'infos avant les grands reportages. »Marie Claireaffiche pour 2004 une hausse de 3,89 % à l'OJD par rapport à l'année précédente, avec une diffusion France payée de 424 633 exemplaires. Temps fort de ces derniers mois : le numéro anniversaire d'octobre 2004, qui faisait traverser les âges de la mode à Vanessa Paradis sous l'objectif de Karl Lagerfeld.« Elle incarneMarie Claireen raison de son aura de star qui a mené sa barque toute seule et de son statut d'icône de mode. De plus, elle plaît aux lectrices de toutes les générations. La galerie des cinquante femmes que nous avions réalisée alors me semblait également bien représenter l'esprit du journal. J'ai adoré faire ce numéro »,se réjouit Tina Kieffer.Prime à l'innovationSi l'enthousiasme a été unanime pour le magazine féminin, qui se trouvait en finale contreCourrier international,les jurés tiennent à signaler leurs préférences.« Nous avons été frappés par la qualité de la presse pour enfants et adolescents, qui avait d'ailleurs été récompensée l'an passé (le prix avait été attribué àPhosphore),souligne Jean-Yves Chaperon, rédacteur en chef à RTL.C'est là où, en termes de maquette, de choix rédactionnel ou d'illustrations, on trouve les choses les plus innovantes. »Beaucoup moins d'enthousiasme en ce qui concerne la presse masculine, qui a pourtant réalisé de fortes progressions cette année.« Nous avons carrément été atterrés par certains titres »,déplore Jean-Yves Chaperon.« Peut-être ne suis-je pas dans la cible, et j'en suis bien content ! »,résume de son côté Erik Orsenna, qui avoue un grand coup de coeur pourLe Chasse-Marée,pour lequel il a émis« le plaidoyer le plus vibrant possible ».Enfin, Denis Olivennes remarque que« la presse culturelle ne paraît pas un exercice facile. À l'exception deTéléramaet desInrockuptibles,il ne semble pas exister de magazine culturel qui touche sa cible, à l'instar duNew Yorkeraux États-Unis. »Encore un effort...