Consommation

La crise financière et économique de 2008 a incité les Français à repenser leur façon de consommer, ouvrant la porte à de nouveaux modèles économiques. La consommation collaborative, qui privilégie des alternatives à l'achat, est l'une de ces pratiques, qui connaît un essor ces derniers temps grâce aux possibilités offertes par le digital. Générosité, protection de l'environnement, recherche de sens, la consommation collaborative est souvent pavée de bonnes intentions. Le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) a voulu connaître les véritables motivations de ces consommateurs. Pour ce faire, il a compilé diverses études sous l'intitulé «La société collaborative: mythe et réalité».

Pas seulement des motifs financiers

Dans une période où seulement 4% de la population considère que son niveau de vie s'est amélioré au cours des dix dernières années, la recherche d'économie ou le gain d'argent sont la motivation première des pratiques collaboratives: 67% des personnes interrogées recherchent un achat malin en consommant autrement. La vente ou l'achat de produits d'occasion est la pratique la plus plébiscité, et en hausse. Selon le Crédoc, en 2012, ils étaient 38% à avoir acheté un produit d'occasion sur internet, contre 17% en 2009. Une pratique vraisemblablement entrée dans les mœurs puisque les Français pensent déjà à l'éventuelle revente d'un produit au moment de son achat (30% en 2011, contre 12% en 2009). Autre pratique qui se répand, le covoiturage: l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) révèle ainsi qu'en 2013, 21% de la population était concerné, contre 18% en 2011. Ces deux pratiques manifestent d'un désir d'économie au quotidien, probablement motivé par un contexte dans lequel près de deux tiers des consommateurs déclarent s'imposer des restrictions régulières.

Il serait néanmoins erroné de considérer que la consommation collaborative est seulement motivée par des motifs financiers. L'interaction sociale, à savoir la rencontre de personnes, est la raison citée en deuxième position par 47% des personnes interrogées. Vient ensuite la protection de l'environnement (30%). Mais la pratique désintéressée la plus représentative de la société collaborative est certainement la création de contenu: 66% de la population participent aux contributions web en tant que lecteur, acteur, ou les deux, à travers les réseaux sociaux, forums, blogs, etc.

Un engouement mêlé de défiance

Malgré l'engouement qu'elle suscite, la consommation collaborative provoque encore une certaine défiance chez les consommateurs. Et bien que ce soit sur internet qu'elle s'épanouit, c'est également là qu'il y a blocage: comme l'expliquent 61% des personnes interrogées, dans la consommation collaborative «on ne sait pas toujours à qui on a affaire». C'est là le principal frein, devant le temps et l'organisation requis par ces pratiques. Ainsi, dans le cas des contributions des internautes, les personnes interrogées sont partagées entre «assez confiance» (37%) et «peu confiance» (33%), seuls 3% ayant «très confiance». 

Alors que l'institut New Economic Thinking de l'université d'Oxford vient d'annoncer que la pauvreté n'avait jamais atteint un niveau aussi bas (15% de la population, contre 52% en 1981), il reste à espérer que ces pratiques perduront au-delà de motifs purement financiers pour se concentrer sur d'autres rressorts, comme la préservation de l'environnement ou la recherche de lien social.

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