40% considèrent que le candidat socialiste a été mieux traité par les médias que son rival.

Impartiaux, les médias, pendant la dernière campagne? Un sondage réalisé le 17 mai par TNS Sofres pour l'agence d'édition multicanal Marcie Média montre des Français partagés sur la question: si 38% des sondés considèrent que les médias n'ont favorisé ni François Hollande ni Nicolas Sarkozy, ils sont quand même 40% à estimer que le candidat socialiste a été mieux traité que son rival (et seulement 10% à penser l'inverse). «Les Français ont considéré que si l'un des candidats avait été favorisé, c'était Hollande», explique Emmanuel Rivière, directeur du département stratégies d'opinion de TNS Sofres.

Ces résultats viennent confirmer une tendance dessinée par le baromètre annuel TNS - La Croix sur la confiance envers les médias: les sondés estimant que les médias en général ne sont favorables ni à la gauche ni à la droite étaient moins nombreux en janvier 2012 (53%) qu'en janvier 2011 (56%), tout comme ceux qui les considèrent comme mieux disposés face à la droite (20% au lieu de 25 en 2011). Parallèlement, ils étaient 12% à juger les médias favorables à la gauche en janvier 2012 contre seulement 9% un an auparavant.

Dans le détail, on trouve ceux qui évoquent un traitement médiatique favorable à François Hollande surtout parmi les hommes (à 45% contre 39% chez les femmes), les retraités et inactifs (à 48%), les plus de 50 ans (à 47%) et en particulier les plus de 65 ans (à 58%), qui ont davantage voté Nicolas Sarkozy. Alors qu'une majorité de sympathisants de gauche (60%) considère que les médias n'ont favorisé aucun des deux principaux candidats, ceux de droite sont 72% à souligner un «favoritisme» envers François Hollande. Un chiffre qui monte à 81% parmi les électeurs de Nicolas Sarkozy (46% pour ceux de François Bayrou et Marine Le Pen).

 

 

«Stratégie de victimisation»

«Il semblerait que le message selon lequel les médias auraient été défavorables à Sarkozy, instillé avec insistance, soit bien passé», analyse Emmanuel Rivière. Le président sortant a en effet régulièrement dénoncé durant la campagne le mauvais traitement qu'il aurait subi de la part des médias. «Cette stratégie de victimisation a trouvé un écho, surtout auprès de l'électorat UMP», confirme le sondeur. Il semble ainsi que Nicolas Sarkozy ait été plus convaincant dans sa critique des médias que Marine Le Pen ou François Bayrou, qui dénoncent une impartialité depuis le dernier scrutin présidentiel.

Pour les journalistes, il s'avère délicat de répondre aux demandes contradictoires exprimées à travers les sondages: «Les électeurs ont tendance à considérer que les petits candidats ne sont pas assez représentés, mais ont aussi envie d'en savoir davantage sur ceux qui sont susceptibles de gagner», souligne Emmanuel Rivière. Et face à des attaques comme celles portées par Nicolas Sarkozy, impossible de réagir sans risquer de donner raison à l'accusateur: «Il est difficile d'apparaître neutre, de traiter la campagne de manière intéressante en échappant à ce genre d'accusations de la part d'un camp ou d'un autre.»

Afin de s'en préserver, les médias s'appuient notamment sur le respect des règles édictées par le CSA, tout en tentant de s'en tenir aux faits et à leur analyse. «Les sondages sont un des moyens utilisés par les médias pour "objectiver" leur traitement, mais cela ne les exonère pas d'un soupçon de favoritisme, explique Emmanuel Rivière. D'autant que ce sont eux qui commandent et commentent ces sondages: vu du public, médias et sondages font partie d'une seule et même famille.» La victoire annoncée de François Hollande, un an à l'avance, a ainsi pu être vécue par une partie de l'électorat comme une prédiction auto-réalisatrice du «système médiatique».

 

Avis d'expert

 

Emmanuel Rivière, directeur du département stratégies d'opinion de TNS Sofres

 

«Dire que les médias ont favorisé un candidat ne veut pas dire qu'ils ont été partiaux: les sondés évoquent autant le contenu que le traitement de l'information. Le simple récit des événements de la campagne, à l'image de l'incident de Bayonne [le chef de l'Etat-candidat hué par la foule], a pu être considéré comme étant défavorable à Sarkozy, tout comme la révélation d'affaires (sur Karachi ou la Lybie) et le relais des sondages qui donnaient tous Hollande gagnant. Le candidat PS, à l'inverse, a laissé peu d'occasions aux médias de relater des difficultés.»

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