Fin 2014, Instagram supprimait des milliers de faux comptes pour s’ouvrir à la publicité sans tromper les annonceurs. Une occasion de revenir sur une pratique courante mais qui divisent les professionnels.

Yannick Deslandes, fondateur du site acheter-des-fans.com

 

Pour. L’heure est à l’engagement, mais seuls les professionnels s’y intéressent. Le grand public en est encore à regarder le nombre d’abonnés ou de vues. En France, acheter des fans n’est pas assumé. Cette pratique n’a pas une bonne image, car elle renvoie à de la tricherie. Et il est vrai que, sans être illégale, elle peut être à la limite. Certains acteurs achètent des fans fictifs ou basés au Bangladesh. Cela nous est arrivé au lancement de notre activité, mais aujourd’hui, nous ne proposons que des vrais comptes, des profils de gens basés en France qui vont cliquer sur des pages ou des profils contre des petits cadeaux sur internet. On peut aussi donner un « J’aime » contre deux « likes » effectués, ou tout simplement les acheter (99 euros les 1 000 abonnés sur Twitter ou Facebook). Nos clients sont principalement des agences de communication ou des community managers dans le secteur musical où les producteurs souhaitent pousser des artistes débutants pour pouvoir négocier des contrats avec les distributeurs. Ou encore des PME qui se lancent sur internet et veulent apparaître crédibles. J’ai également eu énormément d’élus locaux durant les municipales, des avocats, des centres commerciaux et même des ONG. Certaines agences, à l’origine d’un jeu-concours par exemple, achètent des fans par sécurité, pour rassurer leurs clients. D’autres choisissent de le faire pour passer un cap psychologique, obtenir un chiffre rond pour remercier leur communauté. Tout ceci ne les empêche pas de travailler naturellement le gain de fans : qu’elles publient des bons contenus et l’audience suivra.

 

Sandrine Plasseraud, directrice géné rale de We Are Social

 

Contre. La course aux fans était réelle jusqu'en 2011, puis elle a ralenti. Aujourd’hui, elle n’a plus de raison d’être. Si des marques achètent encore des fans sur les réseaux sociaux, c’est qu’elles n’ont pas atteint un niveau de maturité suffisant dans le digital. Désormais, l’important c’est de recruter des fans qualifiés. Les mesures prises par Facebook vont d’ailleurs dans ce sens. Le réseau a mis au point un algorithme qui rend invisible les messages postés aux faux fans. Ce n’est donc pas d’une grande utilité. Par ailleurs, Facebook ne rend plus obligatoire l’action de « liker » une page pour participer à un jeu-concours. En revanche, il offre des possibilités de toucher des personnes très qualifiées et très segmentées via les publicités diffusées sur ses pages que l’utilisateur est invité à « liker ». Un individu qui le fait indique son intérêt pour la marque. La qualification du fan est d’autant plus importante que Facebook va encore restreindre le nombre d'utilisateurs exposés aux messages postés par les marques. Elle est absolument nécessaire pour obtenir un taux d’engagement acceptable. Cela passe par un contenu à forte valeur ajoutée. C’est lui qui incitera le fan à interagir, partager et pourquoi pas devenir un véritable ambassadeur de la marque. Une communauté engagée générera du ROI, comme des visites sur le site d’une marque.

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