Management
Postuler à une offre d’emploi en quelques clics depuis un smartphone ou une tablette est désormais possible. Reste à démocratiser la pratique.

Les candidats sont de plus en plus nombreux à pianoter sur leur smartphone pour chercher un emploi: 42% du trafic de Cadremploi.fr et 45% de celui d’Indeed.fr proviennent déjà de terminaux mobiles. En revanche, seule une poignée de structures permettent pour le moment de postuler directement par ce biais.

Mais les lignes bougent à toute vitesse. Dès 2011, les sites d’emploi et les cabinets de recrutement ont développé des applications dédiées à la consultation d’offres. Quelques entreprises leur ont emboîté le pas, à l’instar d’Orange, précurseur avec l’appli Orange Jobs. Puis sont arrivés les premiers sites proposant une expérience 100% mobile, avec géolocalisation et création d’un CV au format mobile. Certains ont disparu (Ruedelemploi.fr), d’autres se sont imposés dans le paysage comme Jobaroundme.fr, au départ orienté sur des emplois peu qualifiés de proximité, aujourd’hui également fournisseur de solutions technologiques pour les entreprises.

Ces dernières commencent en effet à adapter leurs sites carrière. Déclinés en responsive design ou spécialement conçus pour les smartphones, ils permettent de postuler depuis un terminal mobile via les boutons de candidature des réseaux sociaux professionnels («Apply with Linkedin», par exemple), avec un CV au format ad hoc (sur le modèle Job around me) ou préalablement déposé dans le cloud (Dropbox, Google Drive).

Le développement d’applications spécifiques semble pour sa part marquer le pas. Une évolution logique dans la mesure où un candidat ne va forcément pas télécharger toutes les applis des entreprises auxquelles il s’intéresse, préférant consulter un site web adapté. Autre solution pour les recruteurs: recourir à la fonctionnalité «Indeed Apply» du métamoteur américain, qui s’intègre à leurs systèmes internes de gestion de candidatures (ATS).

Tinder, source d'inspiration RH

2014 a aussi vu naître des initiatives de recrutement mobile inspirées de l’application de rencontres Tinder. Aux côtés de start-up américaines (Jobr, Ahead…), la française Kudoz vise les jeunes cadres: après avoir répondu à un questionnaire, des offres ciblées apparaissent sur l’écran mobile du candidat; d’un glissement de doigts, celui-ci choisit les annonces qui lui plaisent et, si l’entreprise est également séduite, un «match» s’opère; un tweet de motivation peut alors être associé. Après quelques mois d’existence et 50 000 cadres inscrits, Kudoz réfléchit à une proposition premium, où l’annonce serait enrichie de portraits de personnes clés de l’entreprise, d’une revue de presse…

«Demain, le recrutement sera 100% mobile», prédit Jean-Christophe Anna, directeur général de RMS Touch, un cabinet spécialiste du recrutement mobile et social, organisateur des conférences RMS Conf. Lors de la dernière édition, Kudoz a remporté le prix du public du challenge start-up. «Nous ne sommes qu’aux prémices et le potentiel est énorme», poursuit-il.

Même si l’innovation peine parfois à trouver son public. Telle l'application Big Central lancée fin 2013 par Orange et Skyrock, qui présente des offres d’emploi au format vidéo auxquelles les candidats doivent répondre par le même biais. Un an et demi plus tard, à l’exception de la SNCF et Carrefour, les entreprises apparaissent encore réticentes. Jean-Christophe Anna imagine déjà des applications accompagnant le candidat du premier signe d’intérêt jusqu’à son entrée dans l’entreprise, un peu comme le fait American Airlines avec ses passagers. Et, une fois le candidat intégré, l’appli carrière pourrait même devenir une appli collaborateur. «L’armée de terre y réfléchit.» Affaire à suivre, donc.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.